Près de 28.500 communes privées de distributeurs de billets
1.500 distributeurs de billets ont fermé l'an dernier. En six ans, la baisse est d'environ 20%. Une érosion qui, selon le comité national des moyens de paiement, s'explique par l'effort de rationnalisation des réseaux bancaires et n'affecte pas l'accessibilité. D'autant que des "points services" (chez les commerçants) se développent parallèlement, pour un service moindre. Quoi qu'il en soit, près de 28.500 communes sont dépourvues de distributeurs et 20.000 d'entre elles n'ont aucun moyen de retrait.

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"Garantir des paiements sûrs et résilients, inclusifs et plus durables." C’est ce que promet le comité national des moyens de paiement (CNMP), émanation de la Banque de France, dans sa stratégie 2025-2030. Las, la disparition des distributeurs de billets (DAB) se poursuit. 1.500 ont fermé l’an dernier sous l’effet de la rationalisation des réseaux bancaires, indique le comité dans son rapport annuel publié le 24 juillet. Le pays comptait 42.578 DAB en activité à fin 2024, contre 44.123 un an plus tôt, soit une baisse de 3,5%. Depuis 2018, la baisse est de 19,2%. Une érosion qui "se concentre principalement sur les zones urbaines les plus densément peuplées et les mieux équipées", précise le comité qui rassemble de manière partiaire des représentants de l’offre et de la demande. "Dans ces zones où il existe plusieurs DAB proches les uns des autres, la désinstallation d’un automate n’affecte pas le niveau d’accessibilité aux espèces pour la population. En revanche, cet ajustement permet à la filière de maîtriser le coût de gestion des espèces et, ce faisant, contribue à leur pérennité", vient nuancer le rapport. De plus, dans un contexte de baisse des paiements en espèces (favorisé par le sans-contact), quatre grands réseaux bancaires (BNP Paribas, Société générale et Crédit mutuel alliance qui possède aussi le réseau CCI) ont lancé l’an dernier un programme de mise en commun de leurs distributeurs baptisé "Cash services".
Pas d’inquiétude donc pour le CNMP : le rapport confirme même "le maintien d’une très bonne accessibilité aux espèces sur l’ensemble du territoire". 98,8% de la population est située "moins de quinze minutes de trajet par la route d’un site équipé d’au moins un distributeur automatique de billets". Et le trajet moyen pour venir retirer de l’argent est de 9,2 minutes.
Solutions alternatives
Le nombre de communes équipées d’au moins un DAB a même un peu augmenté, passant de 6.507 à 6.531. Ce qui signifie en creux qu’environ 28.500 communes n’en ont pas. Cela ne veut pas dire qu’elles n’ont pas de solution, puisque les "points privatifs" (retraits chez les commerçants) se développent depuis quelques années.
Ces solutions alternatives ont progressé de 3,9% l’an dernier, contre 1,7% en 2023, atteignant 28.479 points à fin 2024. En somme, comme pour La Poste, avec les bureaux de plein exercice remplacés par des points relais, les DAB sont progressivement remplacés par des points privatifs. Or le service est bien différent puisqu’il n’est disponible qu’aux clients d’une même banque partenaire. Et soumis aux heures d’ouvertures. Le CNMP indique cependant que dès 2026, un nouveau service interbancaire permettra d’élargir les points services à de nouveaux habitants : il suffira d’être client d’une banque appartenant à ce service.
Près de 20.000 communes privées de tout moyen de retraits
Par ailleurs, "chaque année, des dizaines de petites communes rurales sont équipées pour la première fois d’un DAB avec le soutien et l’étroite coopération des municipalités des communes concernées", souligne également le rapport. C’est vrai pour la strate des communes de 1.000 à 10.000 habitants mais pas en dessous ni au-delà.
87 communes qui n’étaient pas équipées de DAB en 2023, l’ont été en 2024. Il s’agit pour la plupart de petites communes, à l’instar de Luri, en Haute-Corse, de Remollon dans les Hautes-Alpes, ou d’Harbonnières, dans la Somme. En revanche, 63 communes qui étaient équipées en 2023 sont aujourd’hui dépourvues.
Malgré l’essor des points privatifs, le nombre de communes dépourvues de tout moyen de retraits augmente légèrement. Elles sont aujourd’hui 19.685 dans cette situation. Elles représentent 5,5 millions d’habitants, plus de 10% de la population. Si le rapport se félicite que "91% des Français considèrent qu’il est ‘facile’ ou ‘très facile’ de retirer des espèces", il n’en va pas de même pour les autres.