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Quand l'évaluation des bibliothèques publiques explore des mondes parallèles

L'Observatoire des politiques culturelles a réalisé une étude sur l'évaluation des actions des bibliothèques municipales, invitant à mesurer leurs impacts bien au-delà du seul champ de la lecture publique.

Le ministère de la Culture publie les résultats d'une étude commandée à l'Observatoire des politiques culturelles. Intitulée "Comment apprécier les effets de l'action des bibliothèques publiques ?", ce travail, initié par la direction générale des médias et des industries culturelles, se penche sur "les questions d'évaluation [qui] agitent le domaine de la lecture publique depuis de nombreuses années". Les impacts étudiés peuvent être culturels, sociaux, économiques, éducatifs, citoyens... L'étude s'inscrit dans un travail plus vaste qui vise trois objectifs : répertorier les impacts et faire le point sur leur appréciation, étudier le rapport des non-usagers aux bibliothèques et éclairer la notion de valeur économique des bibliothèques. L'étude publiée aujourd'hui répond au premier de ces trois axes.

Monde marchand, monde civique, monde de l'inspiration...

La question posée est d'autant plus complexe qu'elle intervient dans un contexte de profonde mutation : modification des pratiques culturelles et des pratiques professionnelles, dématérialisation et essor du numérique, démarches innovantes, participatives et développement d'équipements "troisième lieu", nouveaux services et élargissement des horaires...

Après un développement sur la méthodologie de repérage et d'évaluation des impacts, l'étude explique comment penser l'évaluation dans une "démarche d'advocacy" (ou "plaidoyer"). Il s'agit en l'occurrence, dans un premier temps, "de mieux cerner les grands principes de justification qui animent les mondes susceptibles de coopérer avec et d'évaluer les bibliothèques. Ce qui sera évalué devra alors pouvoir être traduit dans ces mondes, en référence à des formes de mises à l'épreuve et d'attitudes qui y sont attendues et valorisées". Les mondes en question incluent le monde marchand, le monde civique, le monde de l'inspiration, le monde de l'opinion et des médias...

Douze "fiches techniques des impacts"

Des "fiches techniques des impacts" occupent l'essentiel de l'ouvrage, les auteurs ayant choisi de ne pas se lancer dans une évaluation globalisante et transversale.

L'étude aborde ainsi douze types d'impacts identifiés. Certains sont centrés sur la construction de l'individu. C'est le cas des cinq premiers impacts étudiés : les facultés cognitives, les littératies (ensemble des aptitudes à comprendre et à exploiter une information dans la vie courante), la construction de soi, la civilité et "l'encapacitation". Chaque fiche, à l'approche parfois très sociologique et psychologique, répond aux règles de l'évaluation : elle décrit les enjeux, les actions et sous-actions et montre en quoi les bibliothèques peuvent avoir un impact sur la thématique étudiée.

Les autres thématiques objets de "fiches d'impact" sont davantage orientées vers la dimension collective et la socialisation. Elles portent ainsi successivement sur les pratiques culturelles et numériques, la densification des réseaux et partenariats, la démocratisation culturelle et l'égalité des chances, la réussite éducative, l'employabilité et - plus surprenant - l'amélioration de la tranquillité publique. Enfin, une dernière fiche traite de l'impact de l'action des bibliothèques sur l'attractivité des territoires.

Au final, cette étude originale "replace [...] les bibliothèques au croisement de multiples systèmes de valeur, en donnant des clefs aux responsables publics pour mieux appréhender les effets de leurs décisions".

 

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