Siamorphose : régénération urbaine d’une ville de la Reconstruction
Siamorphose, projet lauréat du programme France 2030, rénove le centre-ville reconstruit de Brest pour l'adapter aux enjeux du XXIᵉ siècle.
© dronistair
En bref
Frise chronologique
Chiffres clés
Créations de nouveaux logements 19
Rénovations de logements 73
Désimperméabilisation et aménagement paysager des cœurs d'îlot 1650 m²
A retenir
Des logements rénovés thermiquement et raccordés au réseau de chaleur
Émissions de carbone réduites de 80 %
Intégration de matériaux biosourcés, recyclés ou réemployés
Montage du projet
- Subvention France 2030 : 7,255 M€
Zoom
Un centre-ville reconstruit confronté aux défis de la modernité
Reconstruit après la Seconde Guerre mondiale sous la direction de l’architecte Jean-Baptiste Mathon, le centre-ville de Brest constitue un patrimoine remarquable de la Reconstruction. Organisé en 96 îlots homogènes et structuré autour de la rue de Siam, il concentre aujourd’hui la plus forte densité résidentielle de la métropole.
Malgré ses atouts, ce quartier central présente des fragilités : logements vieillissants, absence d’ascenseurs, faibles performances énergétiques, cœurs d’îlots imperméabilisés et sous-exploités.
Pour préserver son attractivité et répondre aux défis climatiques, économiques et sociaux, Brest métropole engage le projet Siamorphose, qui fait partie des 39 lauréats du programme « Démonstrateurs de la ville durable » de France 2030, coordonné par la Banque des Territoires.
Transformer les îlots en unités de vie dans le centre-ville reconstruit de Brest
Siamorphose s’appuie sur le plan-guide Brest 2040, Ville paysage en transition, et expérimente la requalification de deux îlots emblématiques, Pasteur et Jean Moulin. Objectif : faire de l’îlot urbain une véritable unité de vie intégrant habitat, espaces verts, services et usages partagés.
Le programme prévoit :
- la rénovation énergétique et l’accessibilité de 73 logements ;
- la création de 19 nouveaux logements en surélévation ou extension ;
- la désimperméabilisation et végétalisation de 1 650 m² de cœurs d’îlots ;
- la mutualisation des ressources (eau, énergie, biodéchets) ;
- la requalification des espaces publics et des rez-de-chaussée.
Sur le plan technique, le projet mise sur la sobriété et la valorisation du bâti existant : isolation thermique par l’extérieur avec matériaux biosourcés, raccordement aux réseaux de chaleur, récupération des eaux pluviales, gestion partagée des biodéchets.
Siamorphose : un projet d’aménagement partenarial
Contrairement à un projet d’aménagement classique, Siamorphose repose sur la mobilisation directe des copropriétaires privés, majoritaires dans le quartier. Un guichet unique a été créé pour accompagner les syndicats de copropriétés, coordonner les travaux et simplifier la gestion juridique et financière.
Cette approche partenariale et collaborative permet à la collectivité de jouer un rôle d’animateur et de facilitateur, en co-construisant la transformation avec les habitants, les syndics et les acteurs locaux.
L’une des principales innovations du projet réside dans ses montages adaptés à la complexité des copropriétés. Des solutions juridiques spécifiques (union de syndicats, associations foncières, dispositifs de mandats) et des produits bancaires sur mesure (prêts collectifs, relais, individuels) sont étudiés pour lever les freins à l’investissement.
Les bénéfices concrets de la requalification
Les interventions programmées visent des résultats immédiats et tangibles :
- réduction de 35 à 40 % des consommations énergétiques ;
- baisse de 50 à 60 % des émissions de CO₂ ;
- économies de 500 à 650 € par an et par logement ;
- amélioration du confort thermique, avec une baisse de 2 °C des températures ressenties lors des épisodes de chaleur.
Au-delà des gains énergétiques et financiers, le projet vise à améliorer l’accessibilité des logements, à adapter le quartier au vieillissement de la population et à développer de nouveaux usages collectifs dans les cœurs d’îlots, comme la mobilité urbaine.
Un projet de régénération urbaine pilote à vocation nationale
Grâce à ce projet, Brest métropole fait du centre reconstruit un laboratoire de la transition urbaine. L’expérimentation conduite sur deux îlots a vocation à être répliquée à d'autres îlots du quartier et dans d’autres villes de la Reconstruction en France et en Europe.
Porté par une large coalition d’acteurs – État, Anah, Cerema, Université de Bretagne Occidentale, associations, syndics, partenaires bancaires – le projet contribue aux grands objectifs nationaux et européens : rénovation énergétique, neutralité carbone, sobriété foncière et zéro artificialisation nette.
Avec Siamorphose, Brest Métropole transforme son centre reconstruit en un modèle de ville durable et inclusive. Tout comme la ville a su se relever après la Seconde Guerre mondiale, elle fait aujourd’hui preuve d’une résilience remarquable face aux défis contemporains, en conciliant patrimoine, transition écologique et qualité de vie.
Cette démarche fait de Brest un laboratoire national de la transition urbaine via une requalification exemplaire et réplicable pour d’autres villes issues de la Reconstruction.
Ce projet s’inscrit dans une politique ambitieuse de mise en valeur du patrimoine de la Reconstruction et d’amélioration du cadre de vie des habitantes et habitants de toute la métropole. Pour y parvenir, le savoir-faire brestois en matière de rénovation urbaine, sa capacité d’innovation et son esprit de co-construction seront mobilisés.