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Développement durable - Sommet mondial de la ville durable : 2.000 acteurs locaux partagent leurs solutions

Des élus et décideurs locaux de 70 nationalités sont réunis à Nantes, jusqu'au 27 septembre, dans le cadre d'Ecocity, sommet mondial de la ville durable. A cette occasion, la ministre du Commerce extérieur a annoncé le lancement de la marque Vivapolis destinée à rassembler, notamment à l'export, les entreprises oeuvrant dans le domaine de la ville durable.

Pari accompli : à travers pas moins d'une soixantaine de conférences menées tambour battant en deux journées, le sommet mondial de la ville durable, qui se tient pour la première fois en France, à Nantes, et durera jusqu'au 27 septembre, jour où le Premier ministre clôturera l'événement, est parvenu, là où d'autres salons échouent, à attirer autant d'intervenants étrangers que français. Pour Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique et président du conseil d'orientation stratégique de ce sommet, "accueillir 2.000 décideurs de 70 nationalités et un grand nombre d'élus étrangers hors Europe est rare et loin d'être évident à organiser". Très international donc, le propos de ce sommet est d'interroger la ville sous toutes ses facettes, en son centre et à sa périphérie, à travers ses chantiers (le numérique, la densité urbaine, les économies d'énergie), ses grilles de lecture (cartographies, indicateurs de richesses, mesure de l'empreinte carbone). Ses espaces portuaires et la spécificité des villes du pourtour méditerranéen ont fait l'objet de sessions spéciales.
Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, en a profité pour y lancer, ce 26 septembre, une marque baptisée Vivapolis "France ville durable", qui se propose de fédérer sous une même bannière les entreprises et corps de métier de l'urbanisme pour structurer et défendre leur offre à l'international. Sous-titrée "la créativité française pour la ville", la marque est associée à un site internet accessible aux adresses www.vivapolis.fr ou www.vivapolis.com. Environ 80 entreprises - notamment dans les domaines des transports, de l'énergie, du bâtiment ou des hautes technologies - ont déjà rejoint la bannière, a indiqué la ministre qui en espère rapidement "200, voire 300".
Sont aussi intervenus des élus rarement invités à témoigner. Nadège Joachim, maire de Port-au-Prince, a rappelé que le séisme d'Haïti a conduit à remettre à plat une administration locale qui se consacre désormais à encadrer les efforts de reconstruction. Le maire de Kaboul, Mohammad Yunus Nawandish, a raconté qu'après trois décennies de guerre, sa ville s'est considérablement repeuplée, s'équipe progressivement et cherche à s'ouvrir à travers des jumelages.

Le potentiel des friches

Une série d'ateliers sur les friches urbaines a offert aux élus des solutions et pistes de réflexion. Dans l'optique de réduire l'étalement urbain et de "reconstruire la ville sur la ville", ces espaces délaissés et parfois bien situés offrent un potentiel de revalorisation que des acteurs locaux, dont les départements, commencent à peine à reconsidérer. "Nous restons en veille mais en termes de développement économique du territoire, c'est loin d'être notre priorité", glisse-t-on au conseil général des Yvelines. Guillaume Sainteny, maître de conférences à l'Ecole Polytechnique alerte sur le retard français et incite à être plus proactif en la matière : "L'approche dominante voit ces friches comme polluées et dangereuses. Elles ont longtemps été boudées car nous pensions disposer de suffisamment d'espaces pour pouvoir se permettre de leur tourner le dos. Ailleurs, aux Etats-Unis par exemple, leur revalorisation est intégrée au circuit de promotion immobilière. Mais alors qu'en France, des élus semblaient prêts à y investir, un obstacle juridique lié à l'impossibilité de transférer au repreneur du site la prise en charge de la dépollution fige cet élan. Il devait être levé dans le cadre du projet de loi Alur mais visiblement cela n'est plus dans le texte actuel". Des initiatives néanmoins émergent. "En novembre, à Versailles, une grappe d'entreprises en présentera une qui consiste à revaloriser en périphérie de ville huit hectares d'une friche ayant longtemps servi à accueillir des déblais de matériaux grâce à de l'agriculture hors sol, un mode de production encore trop méconnu. Le ministère de l'agriculture et la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) nous soutiennent", motive Alexis Lefebvre, chargé de l'agriculture urbaine au bureau d'études Gally. "L'agriculture de proximité est un nouvel enjeu à Montréal, où des projets concrets de fermes urbaines, de 46 hectares en pleine ville, vont sortir de terre. Mais il faut veiller aux conflits qu'elle peut susciter avec des modes d'agriculture classique, prévient Eric Duchemin, chercheur à l'Institut des sciences environnementales du Québec.

Des Agendas 21 en quête de nouveau souffle

Plus de 1.000 démarches d'Agenda 21 sont engagées sur le plan national. "Et à en croire les élus, le chiffre devrait doubler d'ici à 2015", souligne Antoine Charlot, délégué régional du Comité 21 en Pays de la Loire. Si les vertus de l'outil ont été rappelées, ses défauts aussi : "Leur manque d'ancrage local, si bien qu'ils se ressemblent tous. On voit des collectivités convertir leurs cantines à l'alimentation bio alors qu'aucun agriculteur n'est capable de répondre à la demande sur leur territoire. Ou monter des chaufferies bois sans disposer de ressources forestières", poursuit Antoine Charlot. Autre critique : leur superposition entre échelons locaux et le manque d'évaluation. Dans le cadre du projet de loi de décentralisation, nous proposons que la région devienne le principal pilote des Agendas 21 pour redonner du souffle à la démarche", conclut Antoine Charlot.

 

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