Sport-santé : des pistes pour la future stratégie nationale
Le rapport de la mission Delandre présente un tableau très inégal du déploiement du sport-santé en France, notamment en termes de financements. Plusieurs de ses préconisations visent les collectivités et pourraient enrichir la Stratégie nationale sport-santé 2025-2030.

© @Sports_gouv/ Yannick Neuder et Marie Barsacq
Et si les collectivités locales s'impliquaient davantage dans le sport-santé ? C'est l'une des pistes explorées par le rapport de la mission interministérielle remis le 7 avril à Marie Barsacq, ministre des Sports, et Yannick Neuder, ministre de la Santé. Menée par le docteur Dominique Delandre, médecin généraliste et adjoint au maire de Montargis (Loiret) chargé des sports, la mission fait des propositions pour accélérer le déploiement du sport-santé et encourager les professionnels de santé à promouvoir davantage des activités physiques adaptées aux patients atteints de maladies chroniques.
Alors que l'inactivité physique est aujourd'hui responsable de 9% des décès par an en France, la nécessité de mener une politique publique en faveur du sport-santé est partagée par tous. Le rapport Delandre souligne d'ailleurs l'importance de la qualité de la structuration des dispositifs en la matière : "Lorsque les filières sont bien identifiées et organisées, constituées de personnels compétents et suffisamment financées, le développement du sport-santé est réel et efficace."
Cependant, des faiblesses persistent. Parmi celles-ci, on retrouve le défaut de prescription du sport-santé sur ordonnance, notamment par manque de visibilité des filières, ou encore l'inquiétude liée à un manque de financement pérenne. Une enquête de l'Union nationale des maisons sport-santé (UNMSS), citée par la mission, révèle que 94% des maisons sport-santé (MSS) considèrent leur modèle économique précaire et 20,8% déclarent avoir un modèle déficitaire.
Financement : des inégalités territoriales manifestes
En matière de financement, le rapport fait état d'"inégalités territoriales manifestes". Pour la mission, l'indicateur "le plus pertinent" est le montant investi par habitant. Si la moyenne en métropole est de 0,31 euro, les montants s'échelonnent de 0,11 euro en Centre-Val de Loire à 0,82 euro en Pays de la Loire. Les territoires ultra-marins se distinguant par un engagement moyen plus élevé, à 0,92 euro par habitant. La mission relève également la "très forte disparité" dans le soutien aux MSS : près de 40.000 euros en 2022 à La Réunion ou dans le Grand Est, contre 6.000 à 7.000 euros seulement en Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine.
La mission note enfin que si les agences régionales de santé (ARS) contribuent le plus au financement global des politiques du sport-santé (environ 13 millions d'euros) devant les directions de région académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (Drajes ; 5,6 millions), ces dernières soutiennent davantage les MSS que les ARS (3,3 millions d'euros contre 2,15 millions).
Parmi les quelque soixante recommandations de portée nationale – qui vont de la mesure des capacités physiques de la population au financement par l'Assurance maladie des programmes à visée thérapeutique prescrits, en passant par la formation des enseignants, professionnels de santé et élus ou la création d'un délégué interministériel au sport-santé –, plusieurs concernent directement ou indirectement les collectivités.
Affecter 30% des taxes sur les paris sportifs au sport-santé
Sur le financement, le rapport préconise de compléter le financement national du sport-santé par des financements locaux issus des fonds d'intervention régionaux des ARS, des conférences régionales du sport ou des collectivités elles-mêmes. Plus inattendu, il suggère de réaffecter 30% de l'enveloppe des taxes affectées sur les paris sportifs (Française des jeux) – autrement dit, une partie importante du budget de l'Agence nationale du sport – vers le sport-santé et les MSS en particulier.
Autre thème sur lequel les collectivités sont invitées à s'investir : la gouvernance. Ici, la mission souhaite la création de référents sport-santé régionaux ou départementaux "bien identifiés par les collectivités" dans les structures déconcentrées de l'État. Elle entend également inciter les collectivités à développer une stratégie sport-santé "selon une approche globale et transversale" en s'appuyant sur la MSS ressource régionale ou départementale. Enfin, elle demande d'inscrire systématiquement la mise en place et le développement du sport-santé dans les contrats locaux de santé.
Dans un communiqué, le ministère des Sports a fait savoir que les propositions de la mission Delandre permettront d'enrichir la deuxième Stratégie nationale sport-santé (SNSS2) 2025-2030 qui doit être présentée en septembre prochain.