Télétravail : la révolution en marche dans les grandes collectivités territoriales

Une étude sur le télétravail dans les grandes collectivités territoriales montre que celui-ci y est en plein essor. Non sans conséquences sur l’organisation des collectifs de travail et le rôle des managers.  

L’alternance de journées télétravaillées (au domicile, dans des tiers-lieux ou des espaces de travail partagés) et de journées passées au bureau est devenu le quotidien de milliers d’agents territoriaux dont les fonctions sont "télétravaillables". La crise liée au Covid-19 a donné en effet un coup d’accélérateur, y compris dans les collectivités territoriales, à ces modes d’organisation "hybrides", qui sont a priori amenés à durer. C’est le constat dressé par une étude que sept élèves de l’Institut national des études territoriales (Inet) ont réalisée pour l’Association des directeurs des ressources humaines des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT).

Selon cette étude, le télétravail jouit d’une bonne image auprès des DRH des grandes collectivités territoriales. 37 d’entre eux ont été interrogés. Résultat : les trois quarts considèrent l’impact du télétravail sur le collectif comme "plutôt positif". Ceux-ci semblent aussi avoir majoritairement conscience des risques pouvant être générés par le télétravail, tels que l’isolement, la distanciation dans le rapport au travail, la difficulté de déconnexion, ou encore les inégalités femmes-hommes. 31 DRH déclarent ainsi avoir mis en place des mesures d’accompagnement (chartes ou kits "qualité de vie au travail", guide du manager…) et 26 avoir instauré un droit à la déconnexion. Toutefois, ce droit est "encore en construction", observent les auteurs de l’étude. "Dans certaines collectivités, il a été instauré par principe, rappelé dans le protocole télétravail et le règlement temps de travail, mais aucune mesure particulière n’a été prise pour le moment."

Un manager devenu animateur du collectif

Autre enseignement : avec le déploiement croissant du travail "hybride", le bureau est loin d’avoir disparu des locaux des collectivités territoriales. La quasi-totalité des 37 grands employeurs publics locaux interrogés signalent qu’ils disposent de bureaux "attitrés pour leurs agents" Par ailleurs, 12 déclarent qu’ils disposent d’open spaces et deux seulement indiquent avoir une partie de leurs locaux en "flex office". Lorsque les agents sont à l’extérieur des locaux de la collectivité, le bureau "doit se réinventer", estiment les élèves de l’Inet. Qui considèrent les médiathèques équipées en nouvelles technologies - à l’instar de celle de Dunkerque qui est citée en exemple - comme un des lieux les plus adaptés.

Le télétravail tend aussi à faire évoluer le rôle du manager : de "contrôleur", celui-ci devient "organisateur et animateur du collectif". Pour faciliter l’acquisition de nouvelles aptitudes managériales, les collectivités développent des écoles de cadres. À l’image du département des Alpes-Maritimes qui, simultanément, a inauguré un "smart corner", c’est-à-dire un espace permettant de renforcer les connaissances des agents dans le domaine du numérique, y compris sur les questions de cybervigilance. "Le développement des usages doit être contrôlé et accompagné", préconisent les auteurs qui, entre autres motifs, avancent la maîtrise du bilan carbone des collectivités.

 

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