Territoires urbains : les énergies renouvelables en nette progression

Selon le deuxième panorama énergétique des territoires urbains publié ce 21 mars par France urbaine, Enedis et GRDF, les consommations d’énergie de ces territoires ont baissé entre 2017 et 2021 et leur transition énergétique s’est accélérée. Les réseaux de chaleur ont progressé de 20% par rapport à la précédente édition de l’étude et, surtout, leur alimentation en énergies renouvelables s’est fortement accrue.

Publié ce 21 mars par France urbaine, Enedis et GRDF – les deux opérateurs de réseaux de distribution à l’échelle nationale -,  le 2e panorama énergétique des territoires urbains, qui porte sur la période 2017-2021, dresse un état des lieux de la consommation et de la production d’énergie de 69 territoires urbains – soit près de 3.000 communes, rassemblées en communautés d’agglomération (33 sur les 223 existantes), communautés urbaines (14) et métropoles (22) -, représentant près de 45% de la population française. Il recouvre des situations très variées, qu’il s’agisse des modes de chauffage, de la consommation par logement et par secteur d’activité, du type de production renouvelable ou du niveau de développement des mobilités bas carbone.

Hausse de la part de l'électricité dans la consommation

Cette nouvelle édition montre que 70% des communes étudiées sont desservies par le réseau de gaz et environ 6% connectées à au moins un réseau de chaleur. 45% des logements sont chauffés par une chaudière à gaz alimentée par le réseau public et reliée à des radiateurs à eau chaude et 34% sont chauffés à l’électricité – radiateurs et, de plus en plus, pompes à chaleur. En 2019, la part de l’électricité a augmenté de trois points, en pourcentage, tandis que celle du gaz a baissé d’autant, par rapport à 2015. 10% des logements (exclusivement les appartements) sont raccordés au réseau de chaleur urbain, les autres logements étant chauffés au fioul (principalement les maisons) ou par d’autres modes de chauffage.

L’étude note une légère baisse (-2,2% par rapport à 2017) de la consommation d’électricité, qui a atteint 179 TWh en 2021 dans les territoires urbains contre 183 TWh quatre ans plus tôt. Sur cette période, la répartition de la consommation d’électricité entre les différents secteurs est restée globalement stable : le secteur le plus consommateur reste le secteur tertiaire (41% de la consommation totale), suivi du secteur résidentiel (34%). Malgré quelques sites électro-intensifs présents dans les territoires urbains, le secteur industriel ne représente que 24% de la consommation d’électricité.

Par type d’EPCI, ce sont les métropoles qui sont les plus grosses consommatrices d’électricité (109 TWh, 61% du total), suivies des communautés d’agglomération (43 TWh, 24%) et des communautés urbaines (26 TWh, 15%). Au niveau des usages, la consommation électrique est restée quasiment stable par rapport à 2017, selon le panorama, qui relève toutefois, pour le secteur tertiaire, une légère augmentation de la consommation pour la climatisation en 2020 par rapport à 2017.

La consommation de gaz des territoires urbains (239 TWh en 2021) a, elle, baissé de 4,4% par rapport à 2017 (250 TWh) et, comme pour l’électricité, sa répartition entre les différents secteurs est restée globalement stable au cours des quatre années étudiées. Le secteur industriel reste de loin le plus gros consommateur (46% du total), suivi du secteur résidentiel (32%), le secteur tertiaire ne représentant que 22% de la consommation totale.

Les 22 métropoles ont consommé 139 TWh de gaz, soit 58% de la consommation des territoires urbains (-1% par rapport à 2017) tandis que les 33 communautés d’agglomération étudiées ont consommé 139 TWh (25% du total) et les 14 communautés urbaines 39 TWh (17% du total).

Dynamisme des réseaux de chaleur

904 réseaux de chaleur et de froid ont été recensés en France en 2021 (+20% par rapport à 2017), rappelle l’étude. Les territoires urbains disposent à eux seuls de 337 réseaux de chaleur et de 33 réseaux de froid (31 sont situés dans les métropoles). 94% des EPCI étudiés ont au moins un réseau urbain sur leur territoire. Les métropoles ont toutes au moins un réseau de chaleur et en possèdent en moyenne entre 9 et 10 dans différents quartiers. Les communautés urbaines et les communautés d’agglomération sont elles aussi desservies par des réseaux de chaleur, à raison de trois en moyenne par territoire. 58% de la chaleur est distribuée au secteur résidentiel, 35% au secteur tertiaire et 3% au secteur industriel – une répartition restée quasiment stable depuis 2017. Pour les réseaux de froid, la répartition des consommateurs a en revanche légèrement évolué depuis 2017 dans le secteur tertiaire et industriel, 85% du froid (contre 90% en 2017) servant à la climatisation des bâtiments du secteur tertiaire et 11% du secteur industriel (3% en 2017).

Le Panorama souligne une accélération de la transition énergétique dans les territoires urbains, particulièrement marquée pour les réseaux de chaleur urbains. Ainsi, de 2017 à 2021, la part de ces réseaux alimentés à plus de 50% en énergies renouvelables ou de récupération a fortement augmenté et concerne 19 territoires supplémentaires. Dans les territoires étudiés, 24 réseaux urbains sont alimentés par au moins 50% de biomasse, parmi lesquels 8 communautés d’agglomération, 7 communautés urbaines et 9 métropoles. Comme la biomasse, les unités de valorisation de déchets (UVE) alimentent pour plus de 50% les réseaux de chaleur de 24 territoires urbains, dont 5 communautés urbaines, 10 métropoles et 9 communautés d’agglomération. Les réseaux de la communauté urbaine de Dunkerque et la communauté d’agglomération de Paris – Vallée de la Marne et de Val d’Yerres Val de Seine sont alimentés à plus de 50% respectivement par de la chaleur industrielle et par de la géothermie. Rennes, Lens et Le Havre sont traversés par des réseaux alimentés à plus de 50% par d’autres chaleurs récupérées ou par des énergies renouvelables.

Hausse de la production d'électricité renouvelable

D’une édition à l’autre du panorama, le ratio entre la part d’électricité produite et d’électricité consommée s’est aussi amélioré dans de fortes proportions, même si les territoires urbains sont encore loin de la neutralité consommation/production. C’est aussi vrai pour le gaz, avec une progression forte de l’injection de biométhane dans les réseaux.

Avec une production de 5,9 TWh d’électricité renouvelable (+44% par rapport à 2017), les territoires urbains étudiés ont compté pour 5% de la production d’électricité renouvelable en 2021. Dans les métropoles, où la quantité d’électricité produite a augmenté de 85% entre 2017 et 2021, la hausse de la production a été principalement portée par le développement de la cogénération, qui représente 64% de la production globale, suivie des bioénergies (15%) et du photovoltaïque (14%). Dans les communautés d’agglomération la production totale a augmenté de 50% en quatre ans, portée par un fort développement de la cogénération (28%), des bioénergies (32%), du photovoltaïque (18%) et de l’éolien (18%).

La filière gaz renouvelable a aussi fait preuve de dynamisme, confirmant le dépassement des orientations fixées par la Programmation pluriannuelle de l’énergie, affirment les auteurs de l’étude. Les territoires urbains ont une capacité annuelle de production de 1,2 TWh/an de biométhane.  En 2022, 59 sites d’injection de biométhane sont en service dans les territoires urbains. 19 métropoles, 14 communautés urbaines et 23 communautés d’agglomération détiennent aujourd’hui des sites d’injection de biométhane qui représentent 11,5% de l’ensemble des sites d’injection du territoire national.

Forte augmentation des véhicules électriques

Le panorama s’intéresse aussi au développement de la mobilité durable dans les territoires urbains. 83% des EPCI étudiés ont ainsi un schéma directeur pour les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (SDIRVE) validé ou engagé - ce document stratégique a pour principal objectif de planifier, organiser et structurer l'offre de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables ouverte au public.

Dans les territoires urbains, le nombre de véhicules électriques à batterie ou hybrides rechargeables a fortement augmenté depuis 2017. Les véhicules électriques sont particulièrement présents dans les zones urbaines denses : parmi les 23 territoires comptant plus de 2.000 véhicules de ce type, 15 sont des métropoles. La métropole de Paris a multiplié son nombre de véhicules électriques par 2 depuis 2017 - elle en compte désormais plus de 53.000.

En 2022, le nombre de points de charge accessibles au public par territoire urbain étudié s’est lui aussi fortement accru. Le réseau est cinq fois plus dense qu’en 2017, chaque territoire urbain disposant d’au moins 55 points de recharge en 2022 contre une dizaine en 2017. Le réseau reste plus particulièrement développé dans les zones urbaines denses : 16 des 22 métropoles disposent d’un réseau d’au moins 300 points de recharge, même si la majeure partie de l'avitaillement des véhicules électriques (environ 90%) est effectué par des points de charge privés. Les territoires urbains comptant le plus grand nombre de points de charge pour voiture électrique accessibles au public sont des métropoles. La métropole de Paris se distingue avec un total de 9.537 points de charge pour 53.725 véhicules électriques et hybrides. Hors Paris, le nombre moyen de points de charge des métropoles est environ quatre fois plus élevé qu’en 2017 (elles comptent en moyenne 618 points de charge).

L’étude constate en outre que pour la mobilité gaz, la flotte de bus roulant au GNV a fortement augmenté dans les grandes métropoles. A Paris, la flotte de bus GNV a ainsi été multipliée par dix, soit un total de 1.676 bus au 1er août 2022. Cette progression est aussi notable ailleurs en Ile-de-France, notamment dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. Les grandes métropoles comme Lille, Toulouse et Bordeaux ont en moyenne une flotte de 530 bus GNV.

Côté mobilité hydrogène, le nombre de stations a peu augmenté depuis 2019 sur les territoires objets de l’étude. Seules deux stations supplémentaires ont été ouvertes dans la métropole de Lyon. 7 sont actuellement en projet au sein d’autres territoires – 2 à Paris, 1 à Grenoble, 1 à Toulouse, 1 à Toulon, 1 à Dijon et 1 à Bordeaux.

 

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