Une "année record" pour les livraisons de chaleur par réseaux

La livraison de chaleur par les réseaux a enregistré en 2024 "la plus forte progression historiquement observée", selon l’enquête annuelle des réseaux de chaleur et de froid publiée ce 27 octobre. Réalisée par Fedene Réseaux de chaleur & froid, avec le concours d’Amorce et sous la tutelle du Service de données et études statistiques (SDES) des ministères chargés de l’environnement, de l’énergie, de la construction, du logement et des transports, la nouvelle édition de l’enquête montre que, corrigées de la rigueur climatique, les livraisons de chaleur atteignent 32,3 TWh en 2024, soit une augmentation de 9,3% par rapport à 2023. Une hausse à comparer aux évolutions de consommations globales des énergies dans le secteur résidentiel (+1,1% pour le gaz et +0,4% pour l’électricité).

"Ce record traduit de façon concrète l’accélération de la dynamique de développement des réseaux de chaleur depuis la fin du Covid et la crise énergétique de 2022, souligne la Fedene dans un communiqué. Garantissant le recours à des énergies renouvelables et de récupération locales et dont le coût est maîtrisé, les réseaux de chaleur offrent aux collectivités et entreprises des réponses concrètes aux enjeux d’approvisionnement, de compétitivité et de décarbonation".

Depuis 2023, 2.374 nouveaux bâtiments ont été raccordés. En dix ans, le nombre de bâtiments connectés aux réseaux de chaleur a enregistré une croissance de 69% pour atteindre près de 52.450 bâtiments aujourd’hui.

Près de 8.000 kilomètres de réseaux

Outre les nouveaux bâtiments raccordés, le développement des réseaux de chaleur se traduit aussi par la création de nouveaux réseaux et l’extension de réseaux existants. 430 km de réseaux supplémentaires ont ainsi vu le jour en 2024, soit la distance entre Paris et Lyon. La France compte désormais 1.041 réseaux de chaleur qui s’étendent sur 7.944 kilomètres. 

Principalement situés en zone urbaine dense – 32% des réseaux sont situés dans une unité urbaine de plus de 200.000 habitants et représentent 67% de la puissance thermique de l’ensemble des réseaux en 2024 -, ils ont fourni un total de 28,3 TWh de chaleur aux utilisateurs finaux (hors pertes de distribution et livraisons à d’autres réseaux de chaleur).  Ces systèmes, souvent gérés par des collectivités locales pour chauffer des bâtiments via une chaufferie collective, sont particulièrement présents en Île-de-France (10,8 GW), en Auvergne-Rhône-Alpes (3,2 GW) et dans le Grand Est (2,8 GW). 

Le secteur résidentiel est le principal bénéficiaire de la chaleur produite par les réseaux de chaleur avec 14,3 TWh de chaleur commercialisée livrée en 2024, suivi par le secteur tertiaire avec 9,3 TWh. Le secteur industriel achète 2,7 TWh de chaleur auprès des réseaux, tandis que les secteurs de l'énergie et de l'agriculture se partagent à eux deux 2 TWh.

Pour la Fedene, la "croissance exceptionnelle" enregistrée l’an dernier est "le résultat conjugué du cadre favorable mis en place par l’État et du choix de nombreuses collectivités de privilégier les réseaux de chaleur comme réponse à la crise énergétique de 2022". "Le Fonds chaleur et l’augmentation de son enveloppe depuis 2021 ont été les catalyseurs de cette croissance", soutient-elle, en appelant à relever ce fonds "au-delà des 800 millions d’euros, prévus dans le projet de loi de finances pour 2026".

Un taux d'énergies renouvelables qui a plus que doublé depuis 2009

La chaleur livrée par les réseaux est majoritairement d’origine renouvelable ou de récupération - chaleur fatale issue des unités de valorisation énergétique des déchets (UVE) et des industries, biomasse, géothermie, etc. Le taux d’énergies renouvelables et de récupération des réseaux  (67% en 2024), a plus que doublé depuis 2009 (31%), date de création du Fonds chaleur.

"Cette forte progression a permis de diminuer largement le recours aux énergies fossiles, met en avant la Fedene : à titre d’exemple, le charbon et le fioul, qui représentaient 12,2% de la production de chaleur pour les réseaux il y a dix ans, représentent aujourd’hui seulement 1%".

Pour les professionnels, la chaleur issue de l’industrie, des data centers et des stations d’épuration constitue un potentiel important pour la décarbonation, car elle peut être valorisée au sein des réseaux de chaleur. "Pourtant, aujourd’hui, ce potentiel demeure largement sous-utilisé", regrettent-ils, alors que selon l’Ademe, ce gisement représente près de 90 TWh, dont plus de 90% issus du secteur industriel.

Le recours aux énergies renouvelables et de récupération se traduit notamment en termes de bilan carbone, fait aussi valoir la Fedene : entre 2014 et 2024, l’émission moyenne de CO₂ en analyse de cycle de vie (ACV) par kWh de chaleur livrée est passée de 184 à 109 grammes, soit une réduction de 41%. 

La croissance des réseaux devrait continuer, le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie prévoyant 52,7 TWh de chaleur livrée dont 75% de chaleur renouvelable et de récupération en 2030 puis jusqu’à 90 TWh dont 80% de chaleur renouvelable et de récupération en 2035.

Des vagues de chaleur qui profitent aux réseaux de froid

Alors que l’été 2025 a été le troisième plus chaud depuis près d'un siècle selon Météo France, les réseaux de froid se sont aussi développés en 2024, avec 5 nouveaux réseaux et 204 bâtiments supplémentaires raccordés (+12% par rapport à 2023). En tout, les 294 km de réseaux de froid existants ont livré 0,9 TWh en 2024 tandis que le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) prévoit de doubler la quantité de froid livrée par réseau d’ici à 2030.