Valoriser et encourager la participation des seniors : l’appel du Conseil de l’âge

La société a besoin de ses personnes âgées, qui contribuent de façon active à la vie politique, associative, sociale et économique et à la vie des territoires, met en lumière le Conseil de l’âge dans son dernier rapport. Mais la participation des seniors marque le pas ces dernières années, d’où des propositions et un appel à promouvoir les différentes formes d’engagement notamment auprès des populations qui en sont le plus éloignées. 

"Revisiter et renouveler les regards sur l’âge et les seniors" : c’est l’invitation du Conseil de l’âge du Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), qui publie ce 18 septembre 2025 une étude sur "la participation et la contribution économique, sociale et environnementale des seniors".

Un "tassement" du bénévolat associatif des 65-74 ans 

Les auteurs du rapport s’attachent à brosser "un panorama de la grande diversité des formes d’engagement des seniors et de leurs profils différenciés de participation à la vie associative, syndicale, citoyenne". Les personnes âgées de 60 ans ou plus représentent ainsi près de 40% de l’ensemble des élus locaux et sont majoritaires parmi les maires (61%), les premiers adjoints (53%), les présidents de conseils départementaux (59%) et régionaux et territoriaux (53%). Lors des élections municipales de 2020, un double mouvement de rajeunissement et de féminisation des élus a toutefois été observé – une tendance qui a été mise en évidence dans une étude de septembre 2025 réalisée par la Caisse des Dépôts pour le Conseil de l’âge. 

Actuellement, l’engagement des seniors dans des démarches collectives connaît globalement "un tassement", 31% des 65-74 ans s’étant déclaré bénévoles en association en 2024 contre 41% en 2004, selon le Conseil de l’âge. "Associations et syndicats font état de difficultés grandissantes de recrutement et donc de renouvellement des adhérents /militants seniors pour ‘assurer la relève’, surtout dans les petites structures locales", est-il indiqué.  Sans apporter d’explication unilatérale à cette tendance, le rapport fournit un éclairage sur les profils et aspirations des seniors d’aujourd’hui et sur leurs modes d’implication dans la vie sociale. "Déjà très divers aujourd’hui, ils le seront plus encore demain", affirme le Conseil de l’âge. 

Santé, âge, évolution du niveau de vie : des freins à la participation 

En effet, la structure de la population des 65 ans et plus, qui était plutôt stable depuis les années 2000, se modifiera de façon profonde à l’horizon 2070, avec une diminution de la part des 65-74 ans (qui passera de 50 à 40%) et une hausse de la part des 75 ans et plus et notamment un doublement de celle des 85 ans et plus. Avec l’augmentation du nombre de centenaires, "on doit avoir à l’esprit que la population des seniors va s’étager désormais sur près de 50 ans, de 65 à 115 ans", relève le Conseil de l’âge. Autre évolution notable : la "relative ‘bonne’ situation" des seniors par rapport au reste de la population ("près de 11 % vivant néanmoins sous le seuil de pauvreté") sera de moins en moins une réalité, le niveau de vie moyen de la population âgée par rapport aux actifs étant appelé à diminuer.

Cela "pourrait rendre les freins financiers à la participation encore plus aigus à l'avenir - et ce d’autant plus si le cumul emploi / retraite continue de progresser", analyse le Conseil de l’âge. Selon ce dernier, les freins à l’engagement des seniors sont d’abord liés à la santé (et donc à l’âge), mais ils sont aussi financiers et administratifs. 

"Or, la participation sociale apparaît comme un levier de plus grande satisfaction dans la vie, de rupture de l’isolement social ainsi que de contribution au maintien des personnes âgées dans l’autonomie", souligne le Conseil de l’âge. Ce dernier consacre toute une partie de son rapport à analyser "les liens entre la participation sociale et un possible recul des besoins d’aide à l’autonomie". L’effet bénéfique et "protecteur" de la participation est mis en avant, sans toutefois nier le "biais de causalité inverse" ("les personnes déjà en bonne santé participant davantage ex ante"). 

Revitaliser des territoires grâce au vieillissement de la population 

Des propositions sont en tout cas formulées pour promouvoir les différentes formes de participation sociale et citoyenne, en particulier "auprès des populations où elle est plus faible (femmes, faibles diplômes / revenus, personnes avec des limitations)". Il s’agit par exemple de rendre la fiscalité du bénévolat plus incitative "en couvrant la prise en charge des frais engagés par un crédit d’impôt" ou encore de supprimer certaines limites d’âge jugées obsolètes du fait de l’allongement de la vie. Des exemples de démarches d’"aller-vers" les personnes âgées, et donc vers de potentiels bénévoles âgés, sont également mises en lumière. Parmi elles : l’action sociale des caisses de retraite, les campagnes de recrutement de la Croix-Rouge, la Mobilisation nationale contre l’isolement des âgés (Monalisa), la Semaine Bleue destinée à valoriser la place des aînés dans la société ou encore l’Heure civique seniors portée par l’association Voisins solidaires avec AG2R la mondiale. 

Dans une dernière partie de son rapport, le Conseil de l’âge veut contredire l’idée reçue selon laquelle les personnes âgées seraient une charge pour la société, en valorisant les multiples "contributions" des seniors – au travail, à la consommation et à l’investissement et donc à la création de richesse, mais aussi au développement territorial. "La présence de personnes âgées et le développement de la silver économie peuvent revitaliser certains territoires à condition de garantir une offre de services suffisante", affirme le Conseil de l’âge. Ce dernier invite les élus des territoires ruraux et périurbains à combiner "une politique d’aménagement favorable à l’accueil des personnes âgées avec des dispositifs encourageant leur participation" afin de "convertir le vieillissement démographique en un moteur de vitalité sociale et économique". Et plaide pour l’adoption d’"une loi de programmation de la transition démographique" pour "adapter les infrastructures et les services aux besoins d’une population vieillissante".

 

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