Yohan David (Alliance Villes Emploi) : "Nous devons interroger nos pratiques face aux transformations du marché du travail"

L’Alliance Villes Emploi organise les 18 et 19 décembre à Lyon ses Journées nationales. Un évènement qui intervient dans un contexte mettant à l’épreuve l’ensemble des acteurs de l’emploi dans les territoires, à commencer par les communes et intercommunalités réunies dans cette association présidée par Yohan David.

Localtis - Que représente pour vous ces Journées nationales de l’Alliance Villes Emploi ?

Yohan David - C’est le temps fort de l’année de notre réseau qui est l’occasion de valoriser les élus locaux, les équipes des Plie (programmes locaux d’insertion et emploi), des Maisons de l’emploi ainsi que tous les facilitateurs des clauses d’insertion qui contribuent aux politiques locales de l’emploi. Cela permet de montrer que, quand les élus locaux ont la main, à travers ces différents dispositifs, on peut aller plus loin, plus fort.

En quoi cette édition 2025 est-elle particulière ?

En 2026, les élus vont entrer dans une phase de renouvellement et d’expression du temps démocratique. En parallèle, l’Alliance Villes Emploi va participer le 19 janvier prochain au Comité national pour l’emploi au sein duquel nous allons représenter les élus locaux. À ce titre, nous avons convié lors de nos Journées nationales Benjamin Maurice, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, qui est notre interlocuteur au niveau de l’État. Cette année, nous pouvons nous féliciter de ne pas avoir eu besoin de mener de bataille parlementaire pour assurer le financement des Maisons de l’emploi ou des Plie. Pour nous, c’est évidemment plus de sérénité. S’agissant de la mise en œuvre de la loi Plein Emploi, nos collectivités ont joué leur rôle de poil à gratter pour assurer la mise en œuvre concrète des choses, avec beaucoup de webinaires organisés pour expliquer à quoi servaient et comment fonctionnaient les comités locaux pour l’emploi. Nous allons également profiter de ces Journées nationales pour parler d’Europe, car il ne faut pas oublier que l’Union européenne finance à plus de 50% les Plie.

Quels sont les grands enjeux auxquels les collectivités que vous représentez sont confrontées ?

Tout d’abord, il faut rappeler que les financements sont là, que les actions partenariales fonctionnent bien et que le taux de retour à l’emploi que nous observons, de l’ordre de 55 à 58%, est excellent au regard de la population de personnes très éloignées de l’emploi avec lesquelles nous travaillons. Ensuite, s’agissant du fonctionnement de l’Alliance Villes Emploi elle-même, il faut garder à l’esprit que dans six mois nous devrons accompagner les nouveaux élus et les former très vite. J’ai le souvenir qu’en 2020, les 35 membres du conseil d’administration ont été remplacés ! Avec la limitation du cumul des mandats, il y a automatiquement plus de turn-over, ce qui permet dans le même temps de nous régénérer. Sur le fond, nous devons interroger nos pratiques face aux transformations du marché du travail en lien avec les transitions démographique, numérique et climatique.

Vous allez rencontrer le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, le 19 janvier prochain lors du Comité national pour l’emploi. Qu’avez-vous à lui demander ?

Pour commencer, on ne demande pas de financements complémentaires, mais plutôt la sécurisation de l’accès aux budgets qui nous sont alloués et auxquels nous accédons dans le cadre d’appels à projets. Ensuite, il reste de notre point de vue un sujet autour de la loi Plein Emploi, dans le travail que nous menons avec France Travail sur l’accompagnement des Plie, notamment s’agissant de l’échange de données. Aujourd’hui, les contrats d’engagement jeune signés par France Travail définissent le type d’accompagnement : ce que nous attendons, c’est un décret qui permette aux Plie de signer directement des CEJ. Il s’agit d’un enjeu de fluidification des échanges entre France Travail et nous, pour faire en sorte d’additionner les spécificités des uns et des autres.

Dans cette architecture des acteurs de l’emploi, quelle est la place de l’échelon communal ?

Au niveau de l’échelon communal, nous maîtrisons la délivrance des permis de construire, le développement commercial, et tous ces acteurs nous sollicitent lorsqu’ils ont des besoins de main-d’œuvre. Notre atout, c’est une connaissance fine du territoire : c’est une vraie plus-value d’avoir sur un territoire un Plie, une maison de l’emploi ainsi que des missions locales avec lesquelles nous travaillons. C’est une question de synergie collective qui permet bien souvent de résoudre l’équation de la destruction d’emploi. Sans ce travail de dentelle, cette intermédiation, ça ne marche pas !

 

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