Aide au logement jeune actif : combattre une précarité grandissante

Les jeunes ne pèsent que pour 11 % de la population, pourtant ils constituent plus de 20 % des demandeurs de logement social1. Loyers qui augmentent, salaires bas et irréguliers… Les moins de 30 ans sont en première ligne de la crise du logement. État des lieux et solutions.

État des lieux de la précarité chez les jeunes actifs  

La France fait face à une crise du logement inédite. Selon le rapport 2025 du Conseil d'orientation des politiques jeunes, près de 5 millions d'adultes vivent chez leurs parents. Un chiffre en hausse de 250 000 personnes en 7 ans. 

Dans ce contexte, toutes les tranches d’âges ne sont pas touchées de la même manière. Les acteurs sociaux sont confrontés à un phénomène inquiétant : le rajeunissement de la population vivant sous les seuils de pauvreté et de précarité. Selon une étude publiée par l’Insee2 en octobre 2023, 10,2 % des 18-29 ans sont considérés comme précaires. Sur le plan national, ils représentent désormais 13 % des personnes accompagnées par le Secours populaire3. Cette situation, aggravée par la crise sanitaire, touche aussi bien les étudiants, apprentis et stagiaires, que les jeunes actifs et les demandeurs d’emploi. 

Toujours selon l’Insee, près de 1,5 million de jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni employés, ni en études, ni en formation4. Les NEET (Not in Education, Employment or Training) représentent 12,9 % des 15 à 29 ans. Le ratio atteint un jeune sur cinq sur la tranche d’âge 25 à 29 ans. 

Le logement, un important poste de dépense pour le budget des jeunes 

Le logement constitue une dépense difficile à assumer, pour les étudiants autant que pour les jeunes actifs dont le revenu est rarement stable. Les difficultés liées à ce volet sont nombreuses : 

  • un marché en tension et une offre trop faible ;
  • des revenus instables et des loyers élevés ;
  • une forte méfiance de la part des bailleurs du parc privé, qui exigent souvent que les locataires exercent une profession en CDI et possèdent une caution stable, que les familles ne peuvent pas toujours assurer ;
  • un accompagnement inégal de la part des proches et des parents qui ne disposent pas toujours des connaissances nécessaires pour les publics les plus précaires ou en situation de rupture ou conflit familial. 

Autonomie résidentielle des jeunes majeurs 

Franchir la barre des 18 ans symbolise bien souvent la transition vers l’indépendance et l’autonomie résidentielle. Or cette période charnière où l'on quitte le domicile parental peut entraîner l'émergence ou l’aggravation de la précarité chez ceux ne bénéficiant pas de l’accompagnement technique et financier d’un adulte. 

Cette vulnérabilité est causée par plusieurs facteurs  : 

  • l’instabilité et la faiblesse des revenus – le revenu annuel moyen des moins de 25 ans s’élève à 7 490 euros5, et le taux de chômage des jeunes est presque deux fois supérieur à celui des autres catégories de la population ;
  • l’inexpérience et le manque d’information quant au parcours et aux droits d’accès au logement ;
  • la baisse brutale du montant des prestations sociales à l’entrée dans la vie active avec la fin de leurs droits aux aides étudiantes . 

Ces difficultés sont d’autant plus importantes chez les jeunes et les mineurs issus de l’aide sociale à l’enfance (ASE), qui quittent les services plus ou moins livrés à eux-mêmes, sans autonomie financière ou administrative – les entravant dans les démarches pour accéder à un logement ou aux dispositifs d’aide. 

D’après les chiffres de la Cour des comptes publiés en 2022, 15 000 nouveaux majeurs sont concernés chaque année. 

 

Le logement social, essentiel mais souvent inadapté aux jeunes précaires 

Le rôle clé des structures d’hébergement spécifiques 

Le parc social permet de loger environ 530 000 jeunes6, locataires de baux classiques et résidents de structures spécialisées confondus. À ce titre, l’action des bailleurs sociaux dans les résidences est particulièrement centrale, avec : 

  • 175 000 places en résidences universitaires ;
  • 54 000 places en foyers de jeunes travailleurs (FJT) et résidences pour jeunes actifs ;
  • 14 000 places en résidences sociales jeunes actifs (RSJA)7. 

Au-delà de leur assurer un toit, les foyers jeunes travailleurs et les résidences sociales jeunes actifs œuvrent pour l’autonomisation des jeunes à travers leur accompagnement social. 
 
En complément des solutions apportées par les bailleurs sociaux, plusieurs dispositifs existent pour faciliter l’accès des jeunes au logement (aide personnalisée au logement , allocation de logement sociale, aide MOBILI–JEUNE, garantie Visale…)

Des mesures renforcées pour l’autonomisation des jeunes confiés à l’ASE

Depuis la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, les jeunes majeurs anciennement placés au cours de leur minorité sont prioritaires pour obtenir un logement social. Et ce, durant les trois années qui suivent leur sortie de l’ASE.

Aussi, le contrat jeune majeur permet de les accompagner dans leur insertion sociale et leur autonomisation jusqu’à leurs 21 ans. 

Logement jeunes actifs : une inadaptation systémique qui persiste 

Malgré le travail enclenché et les efforts des acteurs du logement social, l'offre proposée et son mode d'attribution restent inadaptés aux jeunes actifs. 

  • 40 % des moins de 25 ans et 25 % des 25-34 ans, notamment les jeunes actifs, déménagent chaque année pour s’adapter à leurs contraintes8. Ces derniers se heurtent aux délais moyens d’accession à un logement social qui sont de deux ans.
  • De plus, leurs critères sont spécifiques : petite surface type studio, T1 ou T2, à proximité du centre urbain. 

Toutes ces contraintes constituent à terme un frein à l’insertion professionnelle des jeunes, pour qui il devient difficile d’accepter un emploi sans pouvoir se loger à proximité ou sans pouvoir y accéder facilement – grâce à un système de transports en commun fiable. 
 

Les acteurs du territoire s’engagent : innover pour le logement des jeunes  

Un parc social en mutation 

Face à toutes ces difficultés, les acteurs s’impliquent pour transformer le parc social. La loi ELAN apparaît décisive dans ce contexte, puisqu’elle prévoit notamment : 

  • la possibilité de réserver tout ou partie des programmes de logements locatifs sociaux « ordinaires » aux jeunes de moins de 30 ans, pour des contrats de location d’une durée maximale d’un an (renouvelables) ;
  • la massification de la colocation à loyer modéré (CLM) ;
  • la création d’un bail mobilité pour une durée allant de 3 à 12 mois pour les étudiants et les salariés en mobilité. 

L’exemple de l’intermédiation locative  

Les dispositifs d’Intermédiation Locative (IML) se présentent principalement sous deux formes : la location/sous-location et le mandat de gestion. 

La location/sous-location vise à inciter les bailleurs privés ou sociaux à louer leur logement à des structures tierces, le plus souvent des associations. Ces dernières sous-louent ensuite le logement à des ménages qui rencontrent des difficultés d'accès. Cette solution est temporaire et s'accompagne d'un suivi social. Dans certains cas, à l'issue de cette période, le bail est transféré au nom du locataire : on parle alors de bail glissant

Les acteurs bancaires coopèrent au service de l’autonomie résidentielle 

Parce que le logement des jeunes juxtapose plusieurs problématiques sociales (insertion professionnelle, précarité financière, errance administrative…), le sujet nécessite une action coordonnée : 

  • des différents portefeuilles ministériels ;
  • de l’ASE ;
  • des missions locales ;
  • des collectivités ;
  • des bailleurs sociaux ;
  • des universités. 

Leur objectif : faciliter l’accès à l’information et les démarches des demandeurs de logement. 

 

La Banque des Territoires finance l'accès au logement des jeunes actifs 

Dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), la Banque des Territoires a alloué 1 milliard d’euros de prêts PLAI (prêts locatifs aidés d’intégration). Ces prêts, qui bénéficient d'une bonification spécifique, sont destinés à accélérer la constitution de l’offre de logements locatifs sociaux au sein des quartiers prioritaires. 

Cependant, cette nouvelle enveloppe d'un milliard d'euros du NPNRU n'est pas l'unique domaine d'intervention de la Banque des Territoires. L’habitat social des jeunes constitue historiquement un champ d’action prioritaire pour la Caisse des Dépôts. L’offre de financement en prêts du Fonds d’épargne permet d’accompagner durablement les politiques publiques visant à répondre aux besoins de plusieurs catégories d’habitat : 

  • les résidences universitaires ;
  • les foyers de jeunes travailleurs et résidences sociales pour jeunes actifs ;
  • ainsi que les logements ordinaires du parc HLM

Plus spécifiquement, la Banque des Territoires apporte un financement aux logements des jeunes via les prêts réglementés PLAI, PLUS ou PLS, en fonction des structures bénéficiaires. 

Ce soutien financier vise un double objectif : faciliter l’accès au logement des publics vulnérables (notamment les jeunes et ceux de moins de 18 ans), tout en accompagnant les bailleurs sociaux dans leurs projets de transformation et d’adaptation des parcs immobiliers.  

Adapter le parc de logement à la réalité du parcours des jeunes – dans toute leur diversité – est désormais un impératif, d’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux en situation de précarité. Et si le système semble aujourd’hui peu adapté aux problématiques rencontrées, une réponse collégiale devrait permettre de les résoudre plus efficacement et plus durablement. 

 

 

SOURCES
 

[1, 5, 6, 8]  Assemblée Nationale – Commission des Affaires Économiques, Rapport d'information sur le logement et la précarité des étudiants et des jeunes actifs, n° 4817, 2021. 

2  INSEE, Pauvreté selon l’âge et le seuil, données annuelles de 1996 à 2023, [En ligne] [https://www.insee.fr/fr/statistiques/3565548]. 

3 Ipsos / Secours Populaire Français (SPF), Focus Ipsos/SPF 2025

4 INSEE, « Les jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation », Insee Focus, mars 2021. 

7 Conseil d'Orientation des Politiques de Jeunesse (COJ), « logement des jeunes, une urgence sociale ! », Rapport COJ,  [En ligne] [https://www.jeunes.gouv.fr/sites/default/files/2025-01/coj-cnh---rapport-logement-des-jeunes-adopt-pdf-4529.pdf

FAQ : Questions/réponses

Quelles sont les aides au logement possibles pour les jeunes de moins de 25 ans ?

Plusieurs organismes nationaux, régionaux et départementaux se mobilisent pour soutenir l’accès au logement des jeunes. On peut notamment citer les aides de la CAF (APL, ALS), la garantie Visale, l’aide MOBILI-JEUNE ou encore l’avance Loca-Pass versées par Action Logement.

Tous ces dispositifs sont soumis à des conditions de revenus et sont adaptés à la situation des publics vulnérables, notamment les moins de 25 ans. 

Est-il possible d’obtenir un logement social quand on est jeune actif ?

Le parc social est ouvert aux jeunes actifs. Ces derniers doivent notamment en effectuer la demande en fournissant un dossier complet et à jour aux bailleurs sociaux locaux. Cependant, la concurrence est rude.

Dans ce contexte, les foyers de jeunes travailleurs (FJT) et les résidences sociales de jeunes actifs, souvent gérées par des associations ou des collectivités locales, constituent des alternatives adaptées.

La colocation est-elle reconnue comme solution par les dispositifs d’aide ?

La colocation est bien reconnue par les dispositifs d’aide au logement. Les colocataires peuvent donc faire une demande d’aide individuelle (APL ou ALS), d’aide MOBILI-JEUNE ou encore de garantie Visale si le bail est nominatif à chaque occupant. Par ailleurs, certaines régions ont adapté leurs dispositifs afin de les rendre compatibles avec la colocation.