Assistantes maternelles : les propositions de l’Igas globalement approuvées par la profession
Premier mode de garde des jeunes enfants en France, l’accueil de jeunes enfants par des assistants maternels est "aujourd’hui en déclin" alors qu’il présente des avantages. Pour enrayer cette tendance, l’Inspection générale des affaires sociales formule 35 propositions pour réduire la précarité des professionnels, renforcer la formation afin de revaloriser le métier et sécuriser davantage l’accueil pour donner confiance aux familles. L’Igas se déclare également favorable à la mise en place d’un modèle de financement intégré de ce mode d’accueil, qui passerait par une contribution de la part des collectivités.

© Marta NASCIMENTO/REA
Daté de mai et publié finalement le 8 septembre 2025, le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur "l’accueil du jeune enfant par des assistants maternels" était très attendu des professionnels. En août dernier, dans une lettre ouverte, l’Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels (Ufnafaam) alertait encore sur "l’effondrement du nombre d’assistants maternels" et déplorait un manque de portage de ce sujet par le gouvernement et un soutien "disparate selon les territoires".
"Majoritaire dans l’offre globale d’accueil de la petite enfance (31,5% de la capacité totale), l’accueil au domicile d’assistants maternels est aujourd’hui en déclin", confirme l’Igas. Cela du fait d’un double phénomène : des départs à la retraite massifs (plus de 40% des professionnels en activité en 2019, d’ici 2030) et des recrutements qui "se font de plus en plus rares". On trouve dans ce rapport un diagnostic approfondi des enjeux actuels de la profession, la mission valorisant les avantages de ce mode d’accueil - "s’agissant notamment des très jeunes enfants" – et présentant également les difficultés et risques associés à l’accueil individuel.
En termes de places d’accueil, la forte chute du nombre de professionnels "a été jusqu’à présent globalement compensée par une augmentation du nombre d’enfants accueillis par assistant maternel" (voir notre article). Mais "la contraction de l’offre d’accueil sera bien plus forte à l’avenir si rien n’est fait et, en tout état de cause, plus forte que la baisse de la natalité anticipée", indique l’Igas, qui relève au passage l’impossibilité – si la tendance actuelle reste la même – d’atteindre l’objectif gouvernemental de création de 100.000 nouvelles places d’accueil d’ici 2027 (cet objectif n’avait d’ailleurs pas été repris en tant que tel dans la convention d’objectifs et de gestion 2023-2027, voir notre article). Il s’agit donc de passer à l’action, le rapport invitant à "concilier l’objectif de places à court terme avec ceux de la qualité de l’accueil et des conditions de travail".
Davantage de financement et de pilotage de la part des collectivités
Tout un volet intéressera particulièrement les communes et intercommunalités, puisque l’Igas appelle à "repenser le financement des modes d’accueil pour valoriser la qualité et mettre fin au morcellement propice à un désengagement des communes". "Dans un contexte de contraintes financières et en l’absence d’obligation pour elles de financer les modes d’accueil", les collectivités favorisent l’installation de micro-crèches – et s’appuient de plus en plus sur des acteurs privés pour proposer des places d’accueil, via la réservation de berceaux ou la gestion en délégation de service public – et de MAM qu’elles soutiennent "uniquement sur une base volontaire, par exemple en mettant à disposition des locaux", affirme la mission, citant notamment d’autres rapports récents – Igas et Cour des comptes - sur le sujet.
Dans le cadre du service public de la petite enfance, la mission plaide pour la mise en place d’"un mode de financement intégré pour tous les modes d’accueil" ou, si la refonte s’avérait trop complexe, d’"une contribution des collectivités locales au financement de l’offre solvabilisée par la Paje". Il s’agirait notamment d’"égaliser au maximum les restes à charge des collectivités entre les différents modes d’accueil du jeune enfant". La contribution des communes à l’accueil individuel privé impliquerait que les communes "aient un droit de regard sur l’implantation de cette offre sur leur territoire", ce qui pourrait passer par une procédure nouvelle pour les assistants maternels qui devraient alors demander à leur commune une autorisation.
Créer un métier unique d’accueil de la petite enfance
Parmi les 35 recommandations formulées par la mission, certaines sont destinées à "encourager et faciliter l’entrée dans la profession d’assistant maternel", d’autres à "limiter les facteurs de risque relatifs à la qualité d’accueil". Des propositions visent aussi à "renforcer la formation pour améliorer les conditions de travail et la qualité d’accueil". La création à moyen terme d’un "métier unique pour l’accueil de la petite enfance" est préconisée, pour harmoniser les exigences de formation, permettre aux professionnels d’exercer "tant en structure collective qu’à domicile" et faire émerger "une véritable filière professionnelle".
"Ces orientations vont dans le sens d’une meilleure reconnaissance et d’une cohérence accrue au sein du secteur", a réagi l’Ufnafaam dans un communiqué. L’Union de professionnels a également bien accueilli les propositions de mesures destinées à sécuriser les assistants maternels d’un point de vue financier – revalorisation du salaire minimum légal spécifique à la profession, anticipation du versement du chômage en cas de rupture pour non-paiement du salaire, indemnisation en cas d’accueil d’enfants en horaires atypiques ou en situation de handicap, ou encore revalorisation de l’indemnité d’entretien pour tenir compte des tâches réalisées en dehors de la présence des enfants.
Dans l’attente d’un ministre, "attendre… encore"
Quatre propositions, également soutenues par l’Ufnafaam, portent sur les crèches familiales, l’Igas se prononçant pour "une prédominance" de ce mode d’accueil qui allie les bénéfices de l’accueil individuel et du collectif, avec des temps de regroupement entre professionnels et enfants. "[Déplorant] que ce mode d’accueil soit devenu aujourd’hui marginal", la mission juge nécessaire de "clarifier rapidement le statut d’emploi des professionnels par une circulaire interprétative" et d’"expertiser la faisabilité d’un rapprochement avec le statut de droit commun d’agent contractuel de la fonction publique territoriale".
L’Ufnafaam s’oppose en revanche à un rapprochement du statut des maisons d’assistantes maternelles (MAM) de celui des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) et notamment des micro-crèches, à moins que l’alignement des obligations – en termes de normes bâtimentaires notamment - ne s’accompagne des "mêmes moyens humains et financiers". "Sinon, c’est risquer de fragiliser un système déjà sous tension et de décourager les vocations", souligne l’union, qui demande une reconnaissance de ce qu’apportent spécifiquement les MAM.
Présidente du comité de filière petite enfance, Elisabeth Laithier rappelle sur le réseau LinkedIn que des propositions sur l’accueil individuel sont sur la table depuis juillet 2023. Elle conclut donc : "il ne nous reste plus qu’à attendre… encore et à espérer que le nouveau ou la nouvelle ministre s’emparera du sujet comme étant prioritaire".