Bilan en demi-teinte pour la première année du Pass colo

Lancé en 2024, le Pass colo, qui octroie une aide au départ en colonie de vacances aux enfants de familles modestes, n'a pas eu tous les résultats escomptés. Mais si son manque de notoriété l'a desservi, ses cibles les plus prioritaires se sont toutefois mieux mobilisées.

Lors de sa première année de mise en œuvre, le Pass colo a touché en partie sa cible principale mais a peiné à se déployer à plus grande échelle, estime l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) dans une étude publiée le 17 octobre 2025. Lancé au printemps 2024, le Pass colo consiste en une aide de l'État d'un montant de 200 à 350 euros pour des séjours collectifs d'une durée supérieur ou égal à quatre nuitées pendant les vacances scolaires. Son but ? Réduire les inégalités d'accès aux séjours collectifs et soutenir un secteur fragilisé par la crise sanitaire. Sa cible ? Les enfants de onze ans issus de familles modestes dont le quotient familial (QF) est compris entre 0 et 1.500 euros, qui partent moins en vacances que les autres et moins encore en colonie.

Seulement 3% des cibles atteintes

Au vu des résultats, le bilan apparaît "en deçà des objectifs fixés par le comité de pilotage [38.000, ndlr]", pointe l'Injep. Seuls 15.983 des quelque 554.278 enfants éligibles, soit 2,9%, ont profité du Pass colo en 2024. Et parmi les familles éligibles qui ont envoyé leur enfant en colonie de vacances, 76% n'ont pas eu recours au Pass colo. Si l'Injep précise qu'"il est fréquent que les prestations activables donnent lieu à des taux de recours faibles, notamment dans les premiers mois de mise en œuvre", il n'occulte pas le fait que le dispositif du Pass colo accuse "un déficit de notoriété".

En effet, le décret créant le Pass colo n'a été publié que le 29 mars 2024 (lire notre article du 4 avril 2024), quelques jours à peine avant les vacances de Pâques et trois mois seulement avant les congés d'été. Une situation qui n'a laissé que "peu de temps pour bâtir une stratégie de communication à destination du grand public et mobiliser les services déconcentrés et les prescripteurs de proximité", déplore l'Injep. De leur côté, outre qu'elles étaient "peu informées du dispositif", les collectivités organisatrices de séjours ont dû faire valider leur conventionnement lors de délibérations en conseil municipal, ce qui "a pu retarder leur démarche".

Un recours plus marqué chez les plus modestes

La notoriété du Pass colo s'est alors avérée "relativement faible" : seuls 29% des parents éligibles en ont entendu parler en 2024, dont 3% par l'intermédiaire de leur mairie. À ce déficit d'information, il faut ajouter un manque de clarté : 31% des ménages éligibles qui ont entendu parler du Pass colo ont déclaré que les informations auxquelles ils ont eu accès n'étaient "pas claires ou pas accessibles". Ce manque de notoriété et de clarté a eu des conséquences : 52% des ménages n'ayant pas envoyé leur enfant en colonie déclarent qu'une meilleure connaissance du Pass colo aurait pu les inciter à le faire. Et 63% des non-recourants dont l'enfant est parti en colonie de vacances indiquent qu'ils ne connaissaient pas le dispositif au moment de l'étude.

L'Injep note toutefois que le recours a été "plus marqué" chez certains profils, et notamment parmi les cibles les plus prioritaires. Selon son analyse, les ménages monoparentaux, les ménages des zones rurales et les ménages aux plus faibles quotients familiaux (inférieurs à 700 euros) ont "une probabilité plus élevée de mobiliser le Pass colo". Ce qui fait dire à l'institut que "le dispositif s'adresse donc bien en partie à un public en situation potentielle de précarité : les ménages de faible QF et les ménages monoparentaux". En outre, dans l'analyse des souhaits de départ des ménages non-recourants au Pass colo, l'Injep note encore que ce sont les ménages aux quotients familiaux les plus faibles qui se déclarent les plus intéressés.

De nombreux freins au départ

Si l'aide financière apportée par le Pass colo peut contribuer à lever un frein dans les familles – le coût des séjours étant un obstacle pour 35% des parents d'enfants n'étant pas partis en colonie –, elle ne suffit pas. Dans son étude, l'Injep relève que le choix de la colonie dépend aussi d'une "culture du départ". Ainsi, 73% des parents ayant inscrit leur enfant en 2024 l'avaient déjà fait auparavant pour un autre enfant, et 41% de ceux qui ont envoyé leur enfant en colonie mentionnent un lien préalable avec l'équipe d'animateurs ou la structure organisatrice, autrement dit, un lien de confiance. 
En outre, près de la moitié des parents ont évoqué la volonté de leur enfant – souvent liée à la présence d'un ami ou d'un autre enfant de la famille – comme l'une des raisons principales de l'inscription en colonie de vacances. La pérennisation du Pass colo passe donc, d'une part, par une meilleure visibilité du dispositif, et donc la mobilisation de relais sur le territoire, d'autre part, par la prise en considération des différentes motivations de non-recours, laquelle demande "une action de longue durée et coordonnée avec les prescripteurs de proximité", dont les collectivités, pour "sensibiliser les familles et les enfants à l'intérêt des colonies de vacances".

Ce sous-emploi du Pass colo en 2024 a-t-il été rectifié en 2025 ? Oui et non. Cette année, le dispositif était ouvert aux enfants nés en 2014 ainsi qu'à ceux nés en 2013 n'ayant pas utilisé l'aide en 2024. Au 1er septembre 2025, 28.342 enfants en avaient bénéficié, soit une hausse de 77% en un an, dont un tiers étaient âgés de douze ans. Mais rapporté à 1,07 million d'enfants éligibles, cela représente un taux de recours en baisse, à seulement 2,6%...

 

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