Chantier d'insertion : le pays de Lunel pense aux femmes !

En ouvrant, fin 2003, une boutique relais d'articles de puériculture et une laverie en 2007, en support à un chantier d'insertion, la régie de territoire du pays de Lunel (Hérault) a voulu pallier le manque d'offres d'insertion pour les femmes. Un exemple d'économie sociale et solidaire avec ses multiples facettes, soutenu par la communauté de communes du pays de Lunel.

Le constat est récurrent : les chantiers d'insertion accueillent bien plus d'hommes que de femmes. La régie de territoire du pays de Lunel n'y échappait pas. "Quelques femmes intègrent les activités économiques de la régie (second œuvre, débroussaillage, espaces verts), mais en très faible nombre et elles n'y restent pas", explique Frédéric Fonton, directeur de cette régie de territoire, créée en 2002 (labellisée régie de territoire en 2004) sur la communauté de communes du pays de Lunel. "Nous avons sûrement un travail à faire sur la représentation de ces métiers dits masculins pour inverser cela, mais en attendant nous voulions trouver une solution pour ces femmes en difficulté, souvent isolées, ou vivant des situations conjugales difficiles, et pour lesquelles il est important de pouvoir s'extérioriser, repartir sur des projets".
La régie a eu l'idée de monter une boutique relais, spécialisée dans la vente de vêtements et d'articles de puériculture et la blanchisserie. Un projet monté en partenariat avec un organisme de formation (Infrep).
Ce chantier d'insertion accueille vingt-quatre personnes par an (deux sessions de douze personnes), qui sur six mois se retrouvent dans les conditions de travail d'une boutique quasi ordinaire. Des modules de formation ont été mis au point pour revoir les savoir de bases, recréer ou détecter les compétences de chacun au gré des différents postes occupés (tenue de stock, caisse, accueil clients, repassage, etc.). "En fonction de ces compétences, nous essayons de définir avec la personne son projet professionnel, précise Frédéric Fonton. La durée du contrat de travail (un contrat d'accompagnement vers l'emploi), limitée à six mois, n'est pas idéale pour construire réellement un parcours, mais c'est un début pour construire un projet personnel et professionnel." La liste des candidatures (plus du double des postes disponibles chaque année) démontre, elle, à quel point ce chantier d'insertion répond à un besoin, ou à tout le moins, comble un manque.

"La boutique n'est pas rentable, mais ce n'est pas son but…"

La boutique est ouverte à tout public. "On y croise des pères débordés qui trouvent là le moyen de laisser leur linge sans attendre comme à la laverie, une personne seule qui profite de sa machine pour parler avec le personnel du relais, ou encore des habitants qui viennent ici par solidarité pour faire vivre la boutique, tandis que des familles trouvent ici le moyen d'acheter des vêtements", raconte Frédéric Fonton, pointant là la mission sociale de ce chantier, au delà donc de la seule insertion professionnelle pour ceux qui y travaillent quelques mois. Les tarifs sont ici très bas (10 centimes pour certains vêtements, 3 euros les 6 kg de linge, lavé et séché). Pour y accéder, le client doit adhérer (5 euros par an), mais face aux difficultés de certains à payer cette somme, la régie accorde une adhésion pour 5 euros d'achat (en général réalisé au bout de 3 à 4 mois). "La boutique n'est pas rentable, mais ce n'est pas son but", prévient Frédéric Fonton qui écarte toute idée d'augmenter les tarifs, même si les 4.000 euros de chiffre d'affaires générés ne suffisent pas à équilibrer le budget (total de 240 000 euros comprenant les salaires cofinancés par l'État), dont le déficit (15.000 euros en 2008) est régulièrement comblé par la régie en puisant sur les excédents de ses autres activités économiques. "Ce serait impossible dans une économie classique libérale, mais on y tient", souligne Frédéric Fonton : "Cette boutique relais doit être un vrai magasin, avec du passage, pour que les salariés puissent y travailler dans des conditions proches d'un magasin ordinaire, et que toute la population puisse s'y croiser, et y tisser quelques liens."

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences du site Mairie-Conseils

Régie de territoire du pays de Lunel

Nombre d'habitants :

45956

Nombre de communes :

13
540 rue des Fournels
34400 Lunbel
regielunel@wanadoo.fr

Frédéric Fonton

directeur de la régie

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