"Cohabitation solidaire" : un état d'esprit soutenu par le CCAS d'Annonay (07)

Accepter d'ouvrir son domicile à une personne extérieure serait-il si difficile ? Certes, ce n’est pas évident aujourd’hui. Cependant il n'y a rien d'impossible veut croire le CCAS d'Annonay qui, depuis plus d'un an, propose le service "cohabitation solidaire" pour des besoins d'hébergements temporaires.

Face aux difficultés d'hébergement de personnes en formation ou en contrat de courte durée, le CCAS de la commune d'Annonay (17.085 habitants) mise sur le dispositif "cohabitation solidaire". Le principe est simple : un habitant met à disposition d'un jeune en apprentissage ou d’un intérimaire, une chambre chez lui, sans autre échange que celui de menus services, hormis une participation aux frais de chauffage l'hiver.

Le CCAS en relais

"L'hébergeur et l'hébergé signent par l’intermédiaire du CCAS un contrat de cohabitation, qui indique sa durée. Ce contrat est accompagné d'un code de cohabitation qui rappelle les règles de vie commune, par exemple l’écoute de la musique. C’est ensuite le bon sens et l'éducation qui gèrent la vie quotidienne : comme de participer aux tâches ménagères, à l’achat de nourriture…", explique la responsable du service social au sein du CCAS d'Annonay, Aurélie Mesclon. Une seule condition pour bénéficier de ce service : l'hébergé doit disposer d'un logement dans une autre ville, que ce soit chez ses parents ou son propre logement. Par ailleurs, il doit fournir une attestation d'assurance en responsabilité individuelle pour l'hébergement sur Annonay.

Convention avec une association nationale

Le CCAS n'a rien inventé, il s'est inspiré du dispositif déjà développé en Drôme et Ardèche et conçu au départ par l'association Aider avec laquelle il a passé une convention pour devenir un relais. "L’association Aider nous a transmis son savoir-faire et ses outils que nous avons adaptés à nos besoins", précise la responsable du service social. Ainsi, à Annonay, l'aspect intergénérationnel n’est pas obligatoire. L'objectif premier est de répondre à des problèmes de logement temporaire en faisant jouer la solidarité. "Si on arrive à faire de l'intergénérationnel grâce à ce service, ce sera un plus, mais ce n'est pas notre but premier", précise-t-elle.

Hébergement ponctuel pour les jeunes, mais pas seulement

Le CCAS avait été alerté par le service jeunesse de la ville qui constatait un nombre toujours plus insoluble de demandes de jeunes en apprentissage, stagiaires, ne trouvant pas logement décent à un coût abordable... Pour autant, le dispositif n'est pas réservé à ces seuls jeunes. Il s'adresse aussi à des salariés en contrats de courte durée, comme cet enseignant qui n'avait besoin que de deux nuits d'hébergement par semaine pour assurer ses heures de cours sur Annonay et qui a trouvé grâce au dispositif une solution pour l'année. La durée de l'hébergement est donc variable, et elle est inscrite dans le contrat hébergeur/hébergé.

Mentalité nouvelle à développer

Cette solution a encore ses limites. En 2013, première année de lancement du service, le CCAS n'avait que deux offres d'hébergeurs, pour 24 demandes. La seconde année, deux nouveaux hébergeurs se sont proposés. "La cohabitation solidaire est une nouvelle pratique et c’est une nouvelle mentalité à développer. Ce qui explique encore sans doute la frilosité des habitants, estime la responsable du service social. Avec du temps, des témoignages, le bouche à oreille, ce mode de logement temporaire peut se développer", veut-elle croire. Il n'est pas anecdotique de relever que les premiers hébergeurs étaient connus pour leur investissement dans le milieu associatif, voire même au conseil d'administration du CCAS. Sur les quatre hébergeurs, un seul couple était retraité, les autres étaient des actifs.

Perspective : travailler avec un large volant d’hébergeurs

"La motivation principale des hébergeurs est de rendre service pour dépanner ", explique la responsable du service social. Il s'agit d'un coup de main, sans échange monétaire. Fort logiquement, certains acceptent d'ouvrir leur chez-soi sur une année, sur quelques mois, mais pas en permanence. Les hébergeurs de 2013 ne sont d'ailleurs pas ceux de 2014. "Non pas parce qu'ils ont été déçus ou que les cohabitations se sont mal passées, assure-t-elle, car les retours sont plutôt très positifs, mais parce que les hébergeurs ont aussi envie d'être seuls chez eux de temps en temps. Ils ne nous ont pas dit non pour toujours, mais pas sur la durée." Cela complique bien sûr la tâche du CCAS, car il faut trouver un volant plus large d'hébergeurs.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

 

CCAS d'Annonay

Nombre d'habitants :

17085
3 rue des Fossés du Champ, BP 80
07101 Annonay Cedex

Éliane Coste

Maire adjointe à l'action sociale et à la solidarité

Aurélie Mesclon

Assistante Sociale, responsable du service social

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