Engagement des jeunes : des actions largement répandues... mais qui influent peu sur les politiques municipales

Selon une enquête conjointe de l'AMF et de l'Anacej, 78% des communes mènent des actions en faveur de la participation et de l'engagement des jeunes. Malgré des freins en termes de moyens et de temps, 70% des collectivités envisagent de renforcer ces démarches dans le prochain mandat car le sujet n'est pas encore arrivé à maturité dans le débat public. 

Trente-cinq ans après les premiers conseils municipaux d'enfants, les collectivités locales continuent d'élargir les formes de participation des jeunes. Selon l'enquête conduite par l'Association des maires de France (AMF) et l'Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes (Anacej) auprès de 1.117 communes et EPCI, la très grande majorité des collectivités mène aujourd'hui des actions en faveur de l'engagement des jeunes : 
- 78% déclarent organiser des actions d'information et de sensibilisation, 
- 64% mettent en place des dispositifs de soutien à l'engagement, 
- 63% développent des démarches de concertation ou de consultation. 
Ces initiatives prennent des formes multiples : assises de la jeunesse, budgets participatifs, missions de service civique ou encore "Bafa citoyens".

Pour l'Anacej, cette dynamique traduit "la reconnaissance de la parole des jeunes comme levier de vitalité démocratique et de cohésion territoriale", tout en rappelant que la loi Égalité et citoyenneté de 2017 n'a fait que tardivement préciser le cadre des conseils de jeunes.

Conseils municipaux d'enfants et de jeunes 

Les dispositifs sont présents dans presque toutes les grandes communes : les actions d'information et de soutien sont systématiques au-delà de 50.000 habitants et concernent encore jusqu'à 81% des villes de 500 à 2.000 habitants.

Même les plus petites communes mettent la main à la pâte : 21% des communes de moins de 200 habitants ont déjà mené des démarches de participation.

Parmi les outils les plus répandus figurent les conseils municipaux d'enfants (CME) et les conseils municipaux de jeunes (CMJ), présents dans 43% des collectivités répondantes, soit une estimation de plus de 7.000 conseils en France. Leur présence est particulièrement forte dans les régions Pays de la Loire, Bretagne, Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, où ces instances de dialogue sont devenues des composantes structurelles des politiques jeunesse locale.

Des effets mesurés sur la vie locale

Les élus interrogés jugent largement positives les retombées de ces démarches : 61% estiment que celles-ci ont permis "d'améliorer la prise en compte des besoins des jeunes", et 39% qu'elles ont renforcé l'implication des jeunes dans la vie locale et associative.

Le dialogue entre générations, notamment entre élus et enfants, s'en trouve également facilité : 36% des communes y voient un impact direct sur la qualité du débat local.

Toutefois, ces dispositifs ne modifient pas toujours en profondeur les politiques publiques : seuls 30% des élus considèrent qu'ils influent réellement sur les politiques municipales en faveur de la jeunesse. Les collectivités pointent aussi la difficulté d'évaluer les bénéfices concrets de ces actions.

Des obstacles persistants

Malgré l'enthousiasme affiché, 67% des communes déclarent qu'elles auraient souhaité mener davantage d'initiatives au cours du mandat.
Les principaux freins identifiés sont le manque de temps (cité par plus d'une commune sur deux), le manque de budget, et le déficit de compétences pour animer ces démarches participatives.
Dans les plus petites communes, le portage politique repose encore largement sur le ou la maire lui-même, faute d'élu spécifiquement dédié à la participation jeunesse – même si 53% des communes disposent désormais d'un ou d'une élue référent(e).

Former les élus 

Pour les prochaines années, il ressort de l'enquête que la priorité des collectivités est de former les élus et agents à la participation des jeunes et d'accéder à des ressources adaptées. Près de 40% des répondants citent la formation et les échanges de pratiques comme besoins prioritaires.

70% des communes envisagent de renforcer leurs actions d'ici le prochain mandat, signe d'une dynamique durable.

Cette orientation rejoint les objectifs de l'AMF, qui consacrera une matinée (mardi 21 novembre 2025) à ce thème lors de son congrès des maires le 19 novembre 2025, en partenariat avec l'Anacej.

L'association nationale lancera à cette occasion le site objectif-citoyennete-enfance-jeunesse.fr, destiné à mutualiser ressources et initiatives locales.

Un enjeu démocratique à consolider

Pour les auteurs de l'enquête, l'engagement des jeunes n'est pas seulement un "objet de politique jeunesse", mais un "pilier de la vitalité démocratique locale".

Alors que la participation électorale des 18-25 ans reste faible et que les fractures générationnelles se creusent, ces dispositifs municipaux apparaissent comme un espace d'apprentissage de la citoyenneté et de dialogue civique. Comme le résume la conclusion de l'enquête : "Malgré les freins, les communes soutiennent majoritairement l'engagement des jeunes et souhaitent amplifier leurs actions". 

 

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