100 % bio et local pour la cantine scolaire de Lagraulet-du-Gers (32)

Depuis 2019, les 40 enfants scolarisés à Lagraulet-du-Gers ont droit à des repas 100 % bio, labellisés Ecocert, à la cantine de l’école. Tout part d’une conviction. « Je voulais nourrir mes enfants avec des produits bio, et de bonne qualité nutritionnelle », déclare Nicolas Méliet, maire et paysan bio, issu d’une famille d’agriculteurs et de restaurateurs.

En janvier 2019, une chargée de mission est recrutée en contrat d’alternance pendant un an pour identifier les producteurs locaux et travailler en parallèle sur un projet de centre de médecine douce. L’étudiante découvre alors que s’il est facile de trouver des producteurs de viande, de fromage ou de yaourts, il est plus difficile de convaincre des maraîchers de livrer dix kilos de légumes chaque jour à une cantine.

Chauffeur le matin, maraîcher l’après-midi

L’aventure commence avec la production de légumes sur des terrains à bâtir alors sans acquéreur. L’agent communal, chauffeur de bus le matin, accepte de se transformer en maraîcher l’après-midi. Une serre est mise à disposition par une exploitante partie à la retraite. Sans investissement de départ, hormis un motoculteur et quelques bâches, la production suffit à alimenter l’école. Un chef est recruté avec l’appui de l’association Un+bio : « un vrai apport d’expertise et de mise en réseau », atteste le maire. Après l’approbation du conseil municipal, pour lequel il réalise un repas à partir de produits imposés, Olivier Maffre est recruté comme chef de la cuisine municipale. Salariés et habitants viennent depuis partager leur repas avec les enfants. « Je demande à nos aînés que chacun soit seul à la table des élèves pour échanger avec les enfants », souligne le maire, attentif aux liens sociaux intergénérationnels.

Acquisition d’une ferme, construction d’une légumerie

La commune fait l’acquisition d’une exploitation de dix hectares et achète pour l’euro symbolique une serre de 1 300 m². La moitié est louée à des exploitants en hydroponie, et les 650 m² restants suffisent aux besoins de la commune, qui plante par ailleurs 250 arbres fruitiers. Pour rationaliser la production, elle construit une légumerie financée par des subvention à 80 %. Transformation des légumes pour les consommer immédiatement ou les conserver : la commune voit loin et adosse à la légumerie une cuisine collective capable de produire plus de repas.

Un agriculteur, 200 repas et 4 écoles à la rentrée prochaine

Avec cet outil de travail, la commune propose à trois communes voisines de regrouper leurs besoins pour la production de 200 repas quotidiens. Ainsi, à la rentrée 2025, les élèves des écoles de Lauraët, Courrensan et Gondrin bénéficieront eux aussi de repas 100 % bio concoctés depuis la cuisine de Lagraulet. Des pourparlers sont engagés avec le collège voisin, situé à 12 kilomètres, pour produire, prochainement, jusqu’à 500 repas quotidiens.

Depuis le mois de mars, la mairie a décidé de confier deux hectares de l’exploitation à un agriculteur, avec un bail agricole. Elle lui garantit un prix d’achat de la totalité de sa production.

Une promotion du bio par le théâtre

Des journées pédagogiques sont en préparation, avec des ateliers à destination des élèves d’autres communes sur la production de légumes, l’hydroponie et la cuisine. Et les élèves de Lagraulet ? Lorsqu’ils ne participent pas à la plantation des légumes, ils préparent une pièce de théâtre, accompagnés par la troupe locale « La boîte à jouer », consacrée à l’alimentation. Six représentations sont programmées au cours de l’année. Une autre manière de promouvoir le bio dans les cantines et de faire des adeptes dans d’autres communes.