Boé choisit un système d’exploitation libre et fait des économies (47)

Boé a équipé 95 % de ses ordinateurs de bureau avec Ubuntu, un système d’exploitation libre. Résultat : 25 000 euros d'économies sur les licences informatiques, une maintenance divisée par quatre et du temps libéré pour accélérer sa transformation numérique. Retour sur un projet ambitieux, mené en interne avec seulement deux agents.

En 2020, Microsoft décide d’imposer un passage à Windows 10 et Boé se retrouve face à un dilemme : remplacer les ordinateurs ou faire sans Microsoft. La direction générale des services demande une étude comparant un remplacement des ordinateurs au passage sur un système d'exploitation libre. « C'est la voie que nous avons choisie. Elle était d’autant plus naturelle que depuis près de dix ans, la commune utilise des logiciels libres sur les postes de travail », explique Fatima Houdaïbi, responsable du service des systèmes d’information de Boé. Microsoft Office avait en effet été supprimé des ordinateurs, au profit d'OpenOffice, et 80 % des logiciels installés étaient déjà libres. 

Une approche progressive et concertée

Passer au système d'exploitation Ubuntu, une version du fameux logiciel libre Linux, représentait cependant une étape à franchir. Pour limiter les risques, une phase pilote a d'abord été menée avec le service d'administration générale et une dizaine d'agents.

Ce n'est qu'après validation de cette expérimentation que le système a été généralisé. Soixante postes ont été équipés. Un travail mené en interne avec l'appui de stagiaires. Aujourd'hui, 95 % des postes tournent sous Ubuntu, les 5 % restants sont liés à un logiciel d'état civil non compatible avec Linux.

Le passage au libre induit des changements d'habitudes. « On a organisé des ateliers de formation dans notre espace public numérique et partagé avec les agents les choix des logiciels bureautiques », détaille la responsable informatique.

Une première année difficile mais des agents conquis

La migration n'a cependant pas été de tout repos. « La première année a été compliquée, notamment avec des problèmes de compatibilité sur le parc de photocopieurs pour lesquels les pilotes, ces logiciels qui font le lien entre l’ordinateur et l’imprimante, ne fonctionnaient pas bien », illustre Fatima Houdaïbi.

Certains agents ont aussi exprimé des résistances. « Mais avec du recul, tous les agents sont satisfaits et ils se sont approprié l’outil. Si aujourd'hui on leur demandait de revenir sur Windows, je suis persuadée qu'aucun d'entre eux ne le voudrait », conclut la responsable informatique.

Des économies sensibles réinvesties

Le bilan financier s'avère par ailleurs très positif. La commune a économisé 25 000 euros sur les licences logicielles, soit une réduction de 30 % des dépenses. À cela s'ajoute le non-renouvellement du parc informatique : « Ça fait dix ans que nous exploitons les mêmes postes de travail. Nous avons juste augmenté la mémoire et changé les disques durs pour avoir des matériels plus puissants », précise Fatima Houdaïbi. Un poste d'unité centrale coûtant environ 700 euros, le report du renouvellement quinquennal représente une économie supplémentaire significative.

Ces économies ne se font pas pour autant au détriment des projets numériques. La commune a opté pour les réinvestir en accompagnement, formation et modernisation des outils.

Maintenance réduite et transformation accélérée

Il faut dire que l'équipe de trois personnes – deux à l'époque de la migration – a pu dégager du temps une fois les postes paramétrés. « Les interventions sur les postes de travail ont été divisées par quatre », affirme Fatima Houdaïbi, les postes sous Ubuntu nécessitant beaucoup moins de maintenance et présentant moins de bugs. 

Cette libération de temps permet à l'équipe de mener d'autres projets. « On est moins dans l'urgence et on peut travailler les projets, mieux les expérimenter », explique la responsable. La commune a ainsi pu déployer de nouveaux services comme Open Cimetière, Wazo (téléphonie IP, avec 50 % d’économies sur le budget de fonctionnement, d’abonnement et de maintenance) actuellement en phase pilote jusqu’en avril 2026, avant un déploiement progressif. Et Boé envisage la migration vers OpenElec (en cours d’étude dans le cadre du renouvellement du logiciel électoral). Des outils qui sont d’autant plus faciles à installer que l’interopérabilité et l’installation de connecteurs est facilitée par le libre.

Les grands chiffres de la migration informatique de Boé

  • 95 % du parc migré vers Ubuntu (environ 50 postes)
  • 25 000 euros d'économies sur les licences (réduction de 30 %)
  • Maintenance divisée par quatre
  • Dix ans de durée de vie des postes (au lieu de cinq ans)
  • Trois agents au service informatique (deux lors de la migration)

Commune de Boé

Nombre d'habitants :

5784
Rue de la Mairie
47 551 Boé

Fatima Houdaïbi

Responsable du service des systèmes d’information

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