Baillolet renforce sa cybersécurité avec l'appui du centre de gestion (76)

Baillolet, petite commune de 116 habitants, s'est équipée en 2024 d'outils pour protéger son unique ordinateur des cybermenaces. Un investissement qu'elle a pu réaliser grâce à l'appui du centre de gestion de la fonction publique territoriale de Seine-Maritime, qui accompagne désormais les petites communes sur la cybersécurité.

Si les cyberattaques contre les grandes collectivités font régulièrement la une des médias – comme ce fut le cas pour Rouen ou Caen – les petites communes sont tout aussi vulnérables. « Selon le référent cyber de la Gendarmerie nationale, en 2024, il y a eu en moyenne une collectivité par semaine en Normandie qui a été attaquée », rapporte Magalie Landemaine, chargée de mission cybersécurité pour les centres de gestion (CDG) de Seine-Maritime et du Calvados.

Baillolet, petite commune de 118 habitants a été jusqu'alors épargnée, mais l'édile a bien conscience du risque. « Une commune de notre communauté de communes a subi une attaque récemment. Il s'agissait d'un message suspect affiché sur l'écran de l'ordinateur. Ils ont eu le réflexe d'éteindre immédiatement », se remémore Maryse Lermechain, maire de Baillolet.

Convaincre de la menace

Face à cette menace grandissante, les deux CDG normands ont uni leurs forces pour répondre à l'appel à projets lancé par l'Agence nationale pour la sécurité des systèmes d'information (Anssi) dans le cadre de France 2030. L'agence cherchait des relais locaux pour apporter un soutien cyber opérationnel aux petites communes ne disposant d'aucune compétence informatique. L'accord de l'Anssi a été obtenu en novembre 2022 et une chargée de mission cybersécurité a été recrutée en janvier 2024 aux CDG. 

En Normandie, convaincre les élus de s'équiper a imposé un travail de sensibilisation et les CDG ont sillonné le département. « Il y a encore des élus qui pensent que leur commune est trop petite pour être ciblée », constate Magalie Landemaine. Une idée reçue dangereuse, car les pirates informatiques ne ciblent pas spécifiquement une commune mais exploitent des vulnérabilités. En d'autres termes, ils « pêchent au chalut », en attaquant toutes les entités dont les systèmes ne sont pas protégés ou pas à jour.

Des équipements de base

C'est à l'occasion de l'une de ces réunions que Maryse Lermechain a décidé d'agir. Elle a commencé par faire réaliser une analyse de l'exposition aux risques de la mairie avec l'appui des gendarmes. L’élue avoue avoir été un peu déroutée par les questions, « souvent très techniques pour une petite commune comme la nôtre ». Ces audits peuvent désormais être réalisés avec l’appui complémentaire du centre de gestion, qui aide les communes à comprendre les questions et à s'approprier les enjeux cyber.

C'est à la suite de l'audit que des solutions techniques sont déployées. À Baillolet, l'élue a décidé de mettre en place un antivirus et un système de sauvegarde sécurisé. Un investissement modeste mais crucial pour un budget communal limité : le coût total des logiciels s'est élevé à 1 671 euros sur trois ans, avec une subvention de 586 euros. Surtout, le conseil municipal a été convaincu de faire appel à un prestataire spécialisé chargé de mettre régulièrement à jour l'ordinateur.

Un accompagnement au changement

Les logiciels sont laissés au choix des communes et Baillolet n'a pas tout pris. Le centre de gestion subventionne également l'acquisition d'un gestionnaire de mots de passe et la création d'une adresse mail avec un nom de domaine officiel sécurisé, beaucoup de mairies utilisant encore une adresse wanadoo, orange ou gmail. 

Si ces outils n'ont pas été choisis, ce n'est pas uniquement pour des raisons financières. Ces changements exigent en effet une modification des pratiques, comme une correction des entêtes et documents de communication de la mairie pour intégrer les nouvelles adresses internet. C'est là une des difficultés de ce programme d'équipement : renforcer la cybersécurité des petites communes exige des changements d'habitudes qui nécessitent du temps, de la pédagogie et de la persuasion, car, comme le confie Magalie Landemaine, « il ne suffit pas de mettre de l'argent pour que cela marche »

Zoom sur le financement

La subvention du centre de gestion est de 70 % des coûts d'acquisition des logiciels. Elle varie selon la taille de la commune. Pour une commune de moins de 500 habitants comme Baillolet, l'équipement jusqu’à deux postes informatiques est subventionné tandis que pour une commune jusqu'à 15 000 habitants, ce sont jusqu'à 20 postes qui peuvent être subventionnés. Pour Baillolet, le coût total des logiciels s'est élevé à 1 671 euros sur trois ans, avec une subvention de 586 euros.

À ce jour, 61 collectivités normandes ont reçu une subvention, tandis que près de 350 diagnostics ont été réalisés.

Commune de Baillolet

Nombre d'habitants :

116

Maryse Lermechain

Maire

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