Louannec s’efforce de développer l’esprit citoyen chez les jeunes (22)

Dès le début du mandat, en 2014, la nouvelle équipe municipale de Louannec (3.200 habitants) fait le pari de mettre en place une instance consacrée à la jeunesse de la commune. « Nous souhaitions mettre en place un dispositif simple et souple et qui ne soit pas lié aux établissements scolaires, car une partie des élèves louannecains est scolarisée en dehors de la commune », précise Emmanuel Cogneau, conseiller municipal délégué. Cela excluait le recours au Conseil municipal des jeunes (CMJ) dont les membres sont en général issus des établissements scolaires de la commune. « L’idée était d’impliquer les jeunes dans la vie communale, en leur permettant de construire des projets et de prendre conscience des contraintes légales, administratives et budgétaires qui encadrent à la prise de décision. En résumé, il s’agissait de développer l’esprit citoyen », rajoute l’élu.

Naissance de la Commission communale jeunesse

Ces réflexions donnent naissance en 2016 à la Commission communale des jeunes (CCJ), une structure informelle qui réunit des jeunes volontaires âgés de 10 à 15 ans et qui se renouvelle au fil du temps, à mesure que des membres la quittent, d’autres la rejoignent. La commission est animée au départ par des élus puis par un animateur jeunesse, mieux formé au contact avec les jeunes et disposant de plus de temps dans le cadre de ses missions. La CCJ se réunit en fonction des nécessités des projets entrepris. Au départ, une vingtaine de jeunes répond favorablement aux sollicitations de la mairie.

Plusieurs projets voient le jour

Jusqu’en 2022, plusieurs projets sont débattus par la CCJ et certains voient le jour : déplacement des arrêts de bus, nettoyage des plages, création d’un sentier de découverte pour mettre en valeur les lieux clés de la commune… « Sur ce projet, les jeunes ont travaillé sur les itinéraires et les lieux de visite en faisant des recherches sur l’histoire et la géographie de la commune », explique Emmanuel Cogneau. En 2022, la CCJ propose de construire des bacs à marée, points de collecte de déchets marins, et s’informe sur leur utilité et les moyens de les construire, en lien avec les services techniques municipaux. Quatre bacs à marée sont fabriqués puis installés par les jeunes. Les propositions de la CCJ inspirent le Conseil municipal pour la rénovation du City Stade et d’une aire de jeux pour les enfants. Ces bons résultats perdurent jusqu’à la crise du Covid. À partir de 2022, le CCJ peine à recruter de nouveaux membres et perd les anciens. 

Après le Covid la motivation faiblit

Les origines de cette désaffection sont multiples et loin d’être seulement liées au contexte d’une commune, expliquent d’une même voix le conseiller municipal, la responsable du service Enfance jeunesse, Yoëlle Simon, et l’animateur Jeunesse, Louison Le Scouarnec. Les jeunes de la commune pratiquent de nombreuses activités, notamment sportives, qui leur prennent beaucoup de temps. De plus, constate l’animateur jeunesse, « ils sont exposés à de multiples sollicitations via les écrans de leur smartphone ou des tablettes… mais aussi dans les communes voisines, où ils sont scolarisés. » Par ailleurs, les acteurs locaux ont remarqué que les jeunes se mobilisent davantage entre 10 et 12 ans, au-delà ils s’orientent vers d’autres centres d’intérêt. Pour l’élu, il est plus facile de les recruter sur des opérations ponctuelles et conviviales auxquelles sont rattachées des préoccupations institutionnelles, qui leur feront comprendre comment fonctionne une mairie. 

Des projets ponctuels

Fin 2024, une quinzaine de jeunes se sont portés volontaires pour la distribution de colis de Noël aux anciens, suscitant un regain d’optimisme de l’équipe en charge du CCJ. Mais aucun ne convertira cet engagement ponctuel par une inscription au CCJ. Pour autant, il n’est pas question d’abandonner et l’équipe louannecaine en charge du CCJ s’efforce de rechercher des solutions, insiste Emmanuel Cogneau : « Nous réfléchissons à de nouvelles manières de communiquer avec les jeunes, à des formes de participation plus ponctuelles mais permettant de développer l’esprit citoyen. Il n’y a pas une solution miracle mais probablement plusieurs actions à mettre en œuvre. Il faut, par exemple, être très attentif aux jeunes qui sont leaders, plus susceptibles d’entraîner les autres. Si eux ne sont pas convaincus, les probabilités de garder un groupe actif au CCJ sont nulles. »