Fournitures scolaires : les collectivités au soutien des familles
Alors que les prix des fournitures scolaires seront une nouvelle fois en augmentation à la rentrée prochaine, de plus en plus de collectivités aident les familles par des aides en nature. Revue d'effectif...

© Aurélie Roudaut
Si les établissements scolaires ferment durant deux mois l'été, les esprits des élèves et de leurs parents sont déjà tournés vers la rentrée. Certains en profitent même pour acheter au plus vite leurs fournitures scolaires. La période s'y prête car, comme nous l'apprend l'UFC-Que choisir dans une enquête récente, les prix de ces fournitures évoluent à la baisse au cours de l'été avant de repartir à la hausse à partir de la fin août, comme ce fut le cas en 2024. Plus largement, indique l'association de défense des consommateurs, "équiper les élèves coûtera un peu plus cher que l'an dernier". Une hausse qui agace Grégoire Encel, vice-président de la FCPE, première fédération de parents d'élèves de France : "Les fournitures coûtent toujours plus cher aux familles mais les motifs d'augmentation des prix sont invérifiables et il n'y a aucune régulation de la part des gouvernements successifs." Grégoire Encel se souvient d'ailleurs que si Olivia Grégoire, alors ministre déléguée chargée du Commerce, avait fait réaliser en 2023 une enquête sur les prix des fournitures scolaires par la DGCCRF, la FCPE "n'a jamais été conviée à aucun groupe de travail sur la question".
Des collectes pour les familles démunies
Si le gouvernement n'intervient pas, les autres parties prenantes sont bien à la manœuvre pour faire baisser le prix des fournitures, voire les offrir gratuitement aux familles. C'est par exemple le cas des associations affiliées à la FCPE. "Dans certaines écoles, explique Grégoire Encel, nous mettons en place des groupements d'achats en accord avec les professeurs pour proposer des packs complets avec réassort l'année suivante, par exemple pour le passage de la sixième à la cinquième." Un système qui séduit tant pour son bénéfice économique que pratique. "Quand cela existe, les familles plébiscitent ce système, souligne Grégoire Encel. Les fournitures sont livrées tôt, en juin ou juillet, il y a une exigence sur la qualité et les prix sont intéressants. De plus, c'est un facteur d'égalité entre les élèves."
Les communes ne sont pas en reste. Il y a celles qui organisent des collectes afin de doter les élèves de familles en difficulté économique. Comme à Monterblanc, dans le Morbihan, où le conseil municipal des enfants, en lien avec une association, récupère des fournitures non utilisées avant de les distribuer aux enfants isolés pris en charge par le conseil départemental et à des familles adhérentes de l'épicerie solidaire cantonale. Non loin de là, Saint-Jacques-de-la-Lande, en Ille-et-Vilaine, organise également sa collecte de fournitures scolaires mais aussi d'équipements sportifs qui seront distribués, cette fois "sans conditions de ressources".
"La prise en charge par les mairies progresse"
Le choix de distribuer les fournitures scolaires sans distinguer les ressources des familles semble également privilégié parmi les nombreuses communes qui achètent du matériel scolaire sur leur propre budget. C'est le cas d'Anzin (Nord), qui fournit cette année un kit scolaire à tous les enfants scolarisés dans une école élémentaire publique d'Anzin, même s'ils ne sont pas Anzinois, ainsi qu'aux élèves anzinois inscrits à l'école privée de la commune ou dans une école à l'extérieur de la ville. À Bondy (Seine-Saint-Denis), la ville fournit toutes les fournitures à 7.000 élèves sur ses propres ressources et complète ce dispositif par un partenariat avec une ONG qui lui permet d'ajouter un agenda au trousseau des élèves de CM2.
À Bordeaux, la municipalité a, pour la deuxième année consécutive, choisi de ne cibler que les élèves de CP avec une dotation en fournitures pour un investissement total d'environ 32.000 euros. L'accent a par ailleurs été mis sur des fournitures essentiellement "fabriquées en France et écoresponsables, sans perturbateur endocrinien", suivant en cela les recommandations de l'Ademe. Même démarche écoresponsable à Lille, où la mairie voit plus grand encore : 725.000 euros de fournitures à "faible impact environnemental" et à "utilisation durable" pour quelque 12.000 élèves des écoles primaires publiques. Quant aux écoles primaires privées, elles seront dotées d'"un montant similaire par élève."
"La prise en charge par les mairies pour le primaire progresse, on sent qu'il y a une prise de conscience, se félicite Grégoire Encel. Quand on voit la progression de la pauvreté en France, c'est évidemment une action qui a du sens."
Les départements peu présents
Les conseils départementaux sont en revanche beaucoup moins nombreux à venir en aide aux collégiens, alors que le coût des fournitures scolaires dans le second degré est pourtant plus élevé que dans le premier degré. En 2024, le chariot moyen s'élevait ainsi à 371 euros pour un collégien contre 233 euros pour un élève de primaire. Si le sujet est moins présent, c'est qu'en termes de matériels scolaires, le grand sujet de cette strate de collectivités est à chercher du côté de la dotation en équipements informatiques (ordinateurs et tablettes). "C'est beaucoup plus rare que les départements et les régions s'impliquent, car cela reste un sujet de coéducation entre les parents d'élèves et les enseignants", complète Grégoire Encel.
Une exception est toutefois à remarquer : celle du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, qui dote les 106.000 collégiens des 192 collèges publics et privés sous contrat de son territoire ainsi que ceux scolarisés dans sept maisons familiales et rurales. Facture pour le département : 1,6 million d'euros pour un kit très complet, comprenant notamment une calculatrice pour les élèves de sixième, soit un investissement moyen de 15 euros par élève. Un prix défiant toute concurrence rendu possible grâce à un achat massif auprès des fournisseurs. Lancée en 2018, en association avec les principaux des collèges et les fédérations de parents d'élèves, cette initiative des Bouches-du-Rhône n'a toujours pas fait d'émules parmi les autres départements.