Habitat et aléas climatiques : une nette prise de conscience des Français mais peu d'actions
Qu'il s'agisse de canicule ou d'intempéries, comment les Français perçoivent-ils l'exposition de leur propre logement aux "aléas climatiques" ? Pour son 9e Baromètre, l'association Qualitel leur a posé la question. Les sondés sont nombreux à se sentir directement concernés et à exprimer des craintes pour l'avenir. Ils le sont en revanche moins lorsqu'il s'agit d'entreprendre des travaux d'adaptation de leur logement ou à savoir comment s'informer.

© Qualitel et Adobe stock
Pour la 9e édition de son baromètre sur la qualité des logements, l'association Qualitel a souhaité sonder la perception qu'ont les Français de l'exposition de leur propre logement aux "aléas climatiques". Avec une acception assez large du terme d'aléas puisqu'au-delà, notamment, d'événements liés à l'eau ou au vent (inondations, tempêtes…) sont inclus les canicules et vagues de froid. Au cœur du sujet effectivement, l'impact du réchauffement climatique sur l'habitat.
En tout cas, tous types de déboires confondus, 86% des sondés disent que leur domicile a été touché au moins une fois par un aléa climatique : canicule (74%), sécheresse (56%), grêle (56%), tempête (55%), vague de froid (48%), inondation pluviale ou fluviale (33%). Et ce, à peu près quelle que soit la région, avec certes évidemment des nuances (on passe par exemple de 82% en Nouvelle-Aquitaine à 61% en Bretagne pour la canicule…). Ipsos, qui a réalisé le sondage, et Qualitel relèvent au passage que "le phénomène de retrait-gonflement des argiles est mentionné par seulement 12% des sondés", alors même que le phénomène touche "potentiellement plus de 10 millions de maisons".
Au-delà de ce à quoi ils ont été personnellement confrontés, les Français se montreraient "largement conscients de l’évolution climatique" : 75% considèrent que les aléas sont plus fréquents qu’il y a dix ans et 94% que "la France est aujourd’hui exposée à au moins un type de risque climatique" – notamment ceux liés à l’eau et au vent (cités par 87% des sondés) et à la chaleur (81%).
Les inquiétudes concrètes concernent surtout la canicule et ses conséquences pour l'habitat. La moitié des sondés estiment que leur logement actuel n'est pas bien protégé/adapté face à la canicule. Un chiffre qui monte à 60% pour ceux qui vivent en appartement (mais qui descend en revanche à 37% pour les occupants d'un logement récent, de moins de dix ans).
Et ils sont 62% à penser qu'ils y seront de plus en plus confrontés (67% pour les habitants de métropoles). Jusqu'à envisager de devoir déménager dans les années à venir ? Seulement 15% y songent. Mais ils sont 28% parmi les moins de 25 ans.
En tout cas, 66% des Français déclarent "avoir déjà eu des difficultés à supporter la chaleur chez eux". 71% en appartement, 62% en maison (un facteur de plus en faveur du "rêve pavillonnaire" ?). Avec des variations, également, en fonction du principal matériau de construction de l'habitat. Et en fonction de sa période de construction (le pire étant pour les années 1950-1970).
Se protéger coûte cher
S'agissant de l'ensemble des aléas, "plus de un Français sur quatre déclare avoir subi des dégâts matériels dans son logement actuel, au cours des 10 dernières années, que ce soit sur l’habitation elle-même, le mobilier ou les équipements", surtout en maison, dégâts toiture et charpente en tête (44%). Sous-sols et façades ne sont naturellement pas non plus épargnés. Et "pour 20% des Français sinistrés, le coût de réparation des dégâts a dépassé les 10.000 euros". Si les deux tiers des sinistrés déclarent avoir été indemnisés par leur assurance au moins en partie, près de un sinistré sur deux craint "de ne plus pouvoir assurer son logement ou de voir ses primes augmenter à cause de l’amplification des aléas climatiques".
Et pourtant, peu de propriétaires ont "déjà fait ou pensé faire des travaux" pour protéger leur logement : "20% seulement y ont pensé, dont seulement 13% l’ont fait". Quels travaux ? Une isolation thermique (43%), un système de récupération des eaux pluviales (32%), le renforcement de la toiture (29%), l'installation de volets (28%)…
Pourquoi pas davantage ? Question de coût surtout. "64% des Français estiment que rendre leur logement plus résistant aux aléas était/serait coûteux" et "82% de ceux qui ont réalisé les travaux adéquats ont jugé que cela était effectivement onéreux".
Pour Qualitel, "malgré une large prise de conscience, le risque climatique reste un angle mort"… y compris dans le choix du logement. "Au moment de choisir leur logement actuel, seuls 30% des propriétaires ont réfléchi au fait que celui-ci pouvait ou non être touché par des aléas climatiques", constate l'association. Serait cette fois en cause le manque d'information : 65% des propriétaires n’ont pas obtenu d’informations sur le sujet, 15% en ont eu, mais pas suffisamment pour se sentir bien informés". Sans que cela soit précisé, on peut supposer que ce chiffre dépend sensiblement de l'année d'acquisition. En tout cas, près des trois-quarts des sondés "ne connaissent pas l’existence de cartographies des aléas climatiques de leur région/commune (du type Plan de prévention des risques naturels, PPRN). Quel est selon eux "le principal acteur pour renforcer la résilience des logements face aux aléas climatiques" ? L'Etat (41%), les collectivités locales (37%), les promoteurs/constructeurs (32%), les propriétaires (31%), les assurances (25%).