La nomination de Jean Castex à la tête de la SNCF validée par le Parlement

Choisi fin septembre par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Pierre Farandou, nommé depuis au gouvernement, Jean Castex, qui dirigeait jusqu’à présent la RATP, a obtenu ce 22 octobre le feu vert du Parlement pour prendre la tête de la SNCF.

Après avoir dirigé la RATP pendant près de trois ans, Jean Castex succède officiellement à Jean-Pierre Farandou, devenu ministre du Travail et des Solidarités, comme P-DG de la SNCF. Le Parlement a donné ce 22 octobre son feu vert à sa nomination. Sa candidature a recueilli au total 60 votes favorables sur 83 votants dans les commissions du développement durable des deux assemblées (34 à l'Assemblée nationale et 26 au Sénat, avec 5 votes contre à l'Assemblée et 2 au Sénat ainsi que 10 abstentions à l'Assemblée et 6 au Sénat).

Emmanuel Macron avait choisi fin septembre son ancien Premier ministre pour prendre les rênes de l’entreprise ferroviaire, aujourd’hui confrontée à de multiples défis. Jean Castex, qui se dépeint volontiers en usager amoureux des trains – on se souvient de son voyage inaugural à bord du nouveau train de nuit Paris-Nice en mai 2021 (lire notre article) ou de sa volonté d’engager la rénovation des petites lignes ferroviaires (lire nos articles des 13 décembre 2021 et du 24 janvier 2022) - a longuement évoqué devant la commission du développement durable du Sénat ce 15 octobre son intérêt pour la chose ferroviaire, rappelant avoir déjà postulé en 2019 lorsque Jean-Pierre Farandou, un pur cheminot, lui avait été préféré.

Amélioration de l'infrastructure

Il a esquissé ses pistes de travail lors de ses deux auditions par les sénateurs puis par les députés ce 22 octobre. "Il y a beaucoup de choses à faire sur le train (...), le grand soir c'est l'amélioration de l'infrastructure, c'est l'arrivée du matériel roulant", a-t-il souligné devant la commission du développement durable du Sénat. Il s'est notamment inquiété de "l'impact très concret du changement climatique sur la perturbation des réseaux". "Le principal ennemi c'est l'eau, mais il y a des problèmes de chaleur, de végétation, cela suppose des investissements de résilience", a-t-il dit en indiquant par ailleurs qu'il allait "essayer d'amplifier" les ambitions en matière d'énergies renouvelables fixées par son prédécesseur.

Il a aussi assuré qu'il continuerait à la SNCF ce qui a fait sa marque de fabrique à la RATP : les visites de terrain. "Je n'ai pas commencé à faire des visites de terrain quand je suis arrivé à la RATP, j'ai fait ça toute ma vie", a-t-il dit. "J'aime bien soulever le capot."

Longuement interrogé par plusieurs sénateurs de régions inquiets de vivre un "déclassement ferroviaire", comme la Normandie et l'Auvergne, il a revendiqué une "vision politique" de l'aménagement du territoire français, et s'est déclaré favorable à des "règles d'équité" "pour que tout le monde concourt à l'aménagement du territoire". "Il faut absolument, et j'ai bien conscience que ce n'est pas encore le cas, moderniser tant la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse que la Paris-Clermont-Ferrand", a-t-il dit notamment. Mais il n'a pas caché qu'il faudrait "faire des priorités" : "C'est une question d'argent" a souligné l’ancien chef du gouvernement. "Il va falloir que nous soyons très convaincants pour que des choix pertinents puissent être faits."

"Plus de trains et mieux de trains"

Une semaine plus tard, face aux députés de la commission du développement durable, Jean Castex a salué les déclarations du Premier ministre, Sébastien Lecornu, qui, dans sa déclaration de politique générale, a maintenu à l'agenda du gouvernement le projet de loi-cadre issu de la conférence Ambition France Transports pilotée par le gouvernement Bayrou, qui prévoit "une affectation de ressources au secteur ferroviaire".

"Les défis sont nombreux : il y a le fameux mur d'investissement pour moderniser le réseau, la montagne de l'ouverture à la concurrence et le choc de la transition écologique", a-t-il résumé, évoquant aussi le "choc capacitaire". "Aujourd'hui on ne peut pas prendre tout le monde dans les trains car on manque d'offre", a-t-il expliqué.

Sans détailler sa feuille de route, Jean Castex a décliné quelques slogans : "plus de trains, et mieux de trains", "attirer plus de gens dans les trains", "gagner la bataille des infrastructures pour moderniser le réseau".

Confronté à l'arrivée d'une concurrence sur les lignes à grande vitesse du sud de la France, en particulier avec la compagnie italienne Trenitalia ou des projets privés français en cours de développement, qui ont conduit la filiale SNCF Voyageurs à lancer une profonde réorganisation interne, l'ex-Premier ministre a insisté sur la nécessité de "faire groupe" face au morcellement et à la perte d'identité que risque le groupe SNCF dans ses réorganisations. "Ça va beaucoup me mobiliser", a-t-il dit.

Équation financière à résoudre

Concernant le besoin d'investissement pour améliorer le réseau et la signalisation, l'État devra mettre la main à la poche en attendant l'arrivée, après 2032, d'une contribution du secteur autoroutier. Mais "ce ne sont pas des dépenses à fonds perdus", a-t-il promis, car "si on ne fait rien", les perturbations "vont s'accroître" et le réseau "va se dégrader". "Pour la régénération du réseau, (...) on passe d'un flux de 3 milliards d'euros par an à quatre et demi. L'entreprise publique, je vous le confirme ce matin, y apportera sa part", a-t-il déclaré. Pour résoudre une équation financière compliquée, le nouveau P-DG compte sur sa méthode basée sur "le dialogue, l'écoute", avec "la communauté cheminote, les territoires", le gouvernement et les usagers, dont il compte "augmenter le rôle".

Comme devant le Sénat la semaine dernière, Jean Castex a répété son intérêt pour les trains de nuit, dont il veut "améliorer au maximum la gestion et l'attractivité", malgré les problèmes qu'ils rencontrent. Il a souligné qu'il allait "se battre pour le fret". "Je ne sais pas si c'est faisable, mais j'ai lu qu'on pourrait expérimenter de faire circuler sur la LGV la nuit des trains de nuit, parce que les lignes traditionnelles sont impactées par les travaux" nocturnes, a-t-il relevé.

Outre la fermeture annoncée du train de nuit Paris-Berlin, qui sera l'un de ses "premiers sujets", Jean Castex a aussi indiqué qu'un de ses premiers déplacements serait probablement consacré à la ligne sinistrée Paris-Clermont-Ferrand, qui cumule aléas, annulations et retards, par manque d'investissement chronique depuis des années.

 

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