La VAE, une voie d’accès au diplôme encore trop marginalisée

Le premier comité stratégique de la VAE qui s’est tenu ce mardi 22 juillet marque la volonté du gouvernement de simplifier l’accès à la validation des acquis de l’expérience dans un contexte où le taux d’emploi des jeunes reste faible comparé à d’autres pays européens.

La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Élisabeth Borne, et la ministre du Travail et de l’Emploi, Agnès Panosyan-Bouvet, ont réuni, mardi 22 juillet, un comité stratégique de la VAE, la validation des acquis de l’expérience, réunissant France Travail, les régions, les organisme certificateurs ou encore les Opco de branches. Une première depuis la réforme de 2022, destinée à dresser un bilan des réalisations et au-delà, à rendre plus efficient qu’il ne l’est le dispositif existant. Car, si depuis 2022, 400.000 personnes ont pu obtenir un diplôme grâce à un parcours de VAE, les statistiques restent modestes en la matière puisque seuls 10% des candidats sont allés au bout de la démarche. En d’autres termes, la réforme de 2022 constitue "un socle solide mais qui ne suffit plus", estime Agnès Panosyan-Bouvet. À l’initiative en 2022, d’abord comme ministre du Travail puis comme Premier ministre, Élisabeth Borne a défendu "une réforme de la VAE indispensable" dont il convient désormais de "démocratiser l’accès".

À travers ce comité stratégique, et dans le prolongement des dispositions contenues dans l’arrêté du 3 juillet qui fixe les modalités d’accompagnement de la VAE ainsi que le décret du 18 juillet qui renforce le rôle de France VAE, les ministres souhaitent donc "soulever le capot" pour envisager ce qui peut être amélioré. Pour le gouvernement, le recours à la VAE reste un outil "sous-utilisé" qui doit contribuer à accroître le taux d’emploi dans le pays, a fortiori dans un schéma où le lien entre recrutement et certification apparaît souvent comme un frein. En fluidifiant l’accès à la VAE, les ministres entendent ainsi "changer de culture" en favorisant la prise en compte "des compétences réelles", ont précisé des membres de leurs cabinets respectifs auprès de la presse. Le second enjeu concerne la question salariale, avec en ligne de mire l’idée de dynamiser la progression de carrière à travers la VAE ; enfin, la validation des acquis de l’expérience doit participer de l’élévation globale des niveaux de qualification et donc de la productivité.

La loi de 2022, qui a vu la création de France VAE, a permis de simplifier et de raccourcir les parcours des candidats et de renforcer leur accompagnement. Néanmoins, des freins subsistent. Les principaux reproches qui lui sont faits concernent des formations jugées trop morcelées et une qualité d’accompagnement parfois "hétérogène", un système de financement fragmenté avec un CPF ne couvrant pas l’ensemble des frais et globalement, une méconnaissance du dispositif de la part des dirigeants d’entreprises. Autant d’obstacles que le gouvernement souhaite lever en simplifiant en premier lieu l’accès à la VAE. Les deux ministères concernés entendent ainsi "rendre la VAE universelle", en agissant en premier lieu sur la phase d’entrée dans le processus en communiquant davantage et en mobilisant les branches et les régions - qui ont la compétence en matière d’information sur les formations - avec la possibilité de créer une page régionale sur le site de France VAE, par exemple ; site qui depuis l’arrêté du 9 juillet 2025 liste les accompagnateurs et fixe le contenu de leur accompagnement. Quant aux branches, elles seront sollicitées pour mieux communiquer auprès des salariés et des entreprises avec en ligne de mire la possibilité de mettre en place des dispositifs de VAE collective.

Simplification à tous les étages pour assurer le succès du dispositif

La "simplification" doit également concerner l’accès à la VAE avec comme point d’entrée unique France VAE, qui, depuis la publication du décret du 18 juillet 2025, est amené à référencer l’ensemble des candidatures de VAE afin de centraliser l’information à destination des parties prenantes, France Travail en tête. Le ministère du Travail et de l’Emploi va d’ailleurs assurer le portage technique et financier de la plateforme numérique France VAE et animer des comités stratégiques bisannuels d’orientation et de suivi, avec Régions de France, les principaux certificateurs et financeurs. Un dispositif qui sera pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année, précisent les ministères. Élisabeth Borne et Agnès Panosyan-Bouvet entendent également élargir l’accès au financement, à la fois dans le cadre de l’accompagnement et dans celui de l’organisation des jurys dont les délais devront être raccourcis (entre 6 et 8 mois) et "prévisibles", en fonction des besoins des candidats. Dans ce cadre, le CPF pourra désormais financer la totalité du parcours, de l’aide avant dépôt du dossier de faisabilité jusqu’au coût du jury et le candidat sera désormais assuré que son accompagnateur déposera et assurera le suivi de son dossier de VAE sur la plateforme France VAE. Enfin, sur ce volet financement, la simplification à l’œuvre devra permettre la mobilisation des pactes régionaux d’investissement dans les compétences (Pric) conclus entre l’État et les régions "volontaires", ou encore une mise à contribution de France Travail ainsi que des branches professionnelles et des Opco.

Élisabeth Borne a également précisé que l’ensemble des CAP et de bac pro seraient intégrés à la plateforme France VAE avant la fin de l’année, de même que les BTS dont les plus demandés le seront dès la rentrée de septembre. C’est tout l’enjeu de la mise en place de cette plateforme, a insisté Agnès Panosyan-Bouvet qui rappelle que le nombre de certifications disponibles a déjà été "multiplié par 20".

Depuis la mise en œuvre de France VAE en début d’année, 18.000 nouveaux candidats ont été pris en charge, dont 15% sur de nouvelles certifications, précise le cabinet d’Agnès Panosyan-Bouvet. Des parcours moyens de 7 mois, essentiellement pour l’heure dans le domaine sanitaire et social qui suscite le plus de candidatures, alors que la ministre de l’Éducation nationale évoque des parcours pouvant aller, jusque-là, jusqu’à 18 mois. On recensait les années précédentes environ 20.000 diplômés par la VAE chaque année. Agnès Panosyan-Bouvet, si elle refuse de "rentrer dans une logique quantitative", veut croire qu’une "dynamique" s’est engagée depuis le début de l’année. Un second comité stratégique se tiendra en fin d’année pour dresser un bilan plus complet de la mise en œuvre de ces nouvelles mesures.

 

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