L'Andes propose un traitement de choc pour la construction et la rénovation des piscines

Alors que les noyades sont en augmentation et que les équipements aquatiques, vétustes et énergivores, ont besoin de rénovation, l'Association nationale des élus en charge du sport propose à l'État de mettre en place un fonds bleu doté de 1,7 milliard d'euros sur cinq ans et financé par les certificats d'économie d'énergie.

1.013 noyades entre le 1er juin et le 13 août 2025, dont 268 suivies de décès, et une augmentation de 14% par rapport à la même période en 2024, le bilan de l'été qui vient de s'achever est lourd. Dans son dernier bulletin consacré à ce sujet, Santé publique France note : "Ces résultats soulignent la nécessité impérieuse de poursuivre la prévention sur le risque de noyades à tous les âges."

C'est dans ce contexte que l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport), en partenariat avec la Fédération française de natation et l'Andiiss (Association nationale des directeurs et des intervenants d'installations et des services des sports), publie un plan. Baptisé Fonds bleu 2030, il comprend un volet consacré à la surveillance des baignades et à l'apprentissage de la natation. Il propose par exemple de "démultiplier" les dispositifs du "savoir nager" ainsi qu'un fonds pluriannuel de 112,5 millions sur cinq ans pour le financement de la formation et de l'amorçage de 1.500 postes. Mais l'essentiel tient dans l'investissement consacré aux équipements.

"Un investissement productif"

Les promoteurs du fonds bleu 2030 font d'abord un constat : "Avec 4.100 piscines, le parc aquatique français est inégalement réparti." De plus, il est "vétuste, énergivore, saturé et carencé". C'est donc à un investissement massif qu'appellent l'Andes et ses partenaires, non sans pointer des territoires prioritaires.

Massif, l'investissement envisagé l'est assurément : 1,7 milliard d'euros pour la période 2026-2030. Une enveloppe qui serait gérée au niveau national par le comité de programmation de l'Agence nationale du sport (ANS). "Ces dernières années, on a plutôt déconcentré les crédits sur les équipements structurants, mais on a vu que les piscines n'ont pas réussi à émerger, pointe Vincent Saulnier, secrétaire général de l'Andes. Nous souhaitons donc une approche centralisée pour obtenir un effet levier." 

L'effet levier recherché serait de l'ordre de 20% "a minima", et pourrait aller jusqu'à 40% pour les territoires prioritaires. Dans le contexte budgétaire actuel, les collectivités pourraient-elles assurer les 80% ou 60% restants ? "Les piscines sont un poste de charges nettes majeur et il y a un vrai sujet sur la rénovation car le parc est vieillissant, plaide Vincent Saulnier. Il existe donc des gisements d'économies et nous voyons cela comme un investissement productif plutôt qu'une dépense passive. C'est sans investissement qu'il y aurait un danger de dégradation et d'augmentation continue des charges relatives à l'exploitation de ces équipements."

Pour une fiche "CEE Piscine"

Pour financer 1,7 milliard d'investissement de l'État, l'Andes et ses partenaires souhaitent mettre en place avec l'Ademe une fiche spécifique "CEE Piscine", alors même que dans le cadre de la révision de la sixième période des certificats d'économies d'énergie (CEE) 2026-2028, la Cour de Comptes a proposé de concentrer ces crédits vers les collectivités. "Nous avons pris langue avec les énergéticiens, qui sont les premiers financeurs de ce dispositif représentant 17 milliards d'euros cumulés chaque année, explique Vincent Saulnier. Aujourd'hui, il n'y a pas de fléchage, c'est largement saupoudré entre les sujets d'isolation, de mobilité, etc. Pour le prochain programme, nous préconisons de flécher ces CEE sur les piscines, qui sont des équipements dont la charge énergétique est majeure, comme nous en avons eu la démonstration avec la crise de 2022. On peut collectivement mettre le paquet sur cela, c'est un arbitrage à faire."

Au-delà de l'aspect financier, l'Andes souhaite aussi simplifier les marchés publics de construction et de rénovation des piscines. "Aujourd'hui, quand on conduit un projet d'équipement, 30% du montant global est lié à des obligations réglementaires : études préalables, suivi, éléments de contrôle, etc., déplore Vincent Saulnier. Notre idée est celle d'un format innovant, s'appuyant sur des dispositifs comme le Puca (Plan urbanisme construction architecture) qui permettent de rationnaliser considérablement les solutions afin de réduire les postes consacrés aux phases de préparation, en allant chercher des économiques d'échelle." Dans sa ligne de mire : l'exemple de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) qui a bénéficié d'un grand nombre de dérogations pour préparer Paris 2024 et en bénéficiera de nouveau pour les Alpes 2030. "Pour autant les équipements construits respectent pleinement les obligations", justifie Vincent Saulnier.

Une piscine à vingt minutes

À travers ces mesures de financement et de simplification, le Fonds bleu 2030 poursuit une ambition : garantir à toutes les écoles l'accès à une piscine ouverte à l'année en moins de vingt minutes. Une ambition qui a conduit à dessiner une cartographie des "territoires aquatiques prioritaires". À partir de là, devrait suivre, en partenariat avec les EPCI identifiés comme prioritaires, le lancement d'un projet de piscine par département, et notamment la mobilisation d'ici à 2027 de 15 millions d'euros pour la réalisation de dix premières piscines, notamment dans les départements suivants : Allier, Alpes de Haute Provence, Hautes-Alpes, Ardèche, Ariège et Gers.

"Au moment où on va sans doute se diriger vers une très forte contraction budgétaire et une interrogation de l'État sur son niveau d'accompagnement, proposer une action stratégique très ciblée à l'endroit des piscines pour les futures élections municipales nous semblait intéressant, conclut Vincent Saulnier. Le service public aquatique local est un sujet stratégique qui répond à des attentes réelles de la population, du mouvement sportif et des collectivités, et aussi à des enjeux de santé publique et de sécurité. Si l'État doit faire des choix, nous militons pour qu'il se concentre sur ce sujet."

 

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