L’avenir de la politique de cohésion discuté à Mons (Belgique)

C’est dans la ville wallone de Mons que se tiendra les 18 et 19 mars prochains le 10e sommet des régions et des villes du Comité européen des régions. Ce 6 février, la ville accueillait les ministres des 27 (certains, du moins) chargés de la politique de cohésion afin d’évoquer le devenir de cette dernière après 2027.

La ville de Mons (Belgique) se fait pour quelques semaines la capitale de la politique de cohésion européenne.

• Les 18 et 19 mars prochains, la ville accueillera le 10e sommet des régions et des villes, organisé par le Comité européen des régions, succédant ainsi à Marseille, qui l’accueillait en 2022. Il est toujours temps de s’y inscrire.

• Ce 6 février, s’y tenait une réunion informelle des ministres chargés de la politique de cohésion des 27 pour évoquer le devenir de cette dernière après 2027 (à noter que la France, faute de ministre, était représentée par Agnès Reiner, directrice générale déléguée à l’appui opérationnel et stratégique de l’Agence nationale de la cohésion des territoires). 

Le Wallon Elio Di Rupo, qui présidait la session, a souligné en conférence de presse que quatre principes y avaient été dégagés : 

- "tenir compte très fort de la réalité de chacune des régions", afin que la politique ne soit pas "déconnectée des besoins concrets des entreprises et des citoyens". "Il faut conserver un ancrage sur les territoires, ne pas adopter la même solution partout", a renchéri la commissaire européenne Elisa Ferreira, attirant une fois encore l’attention sur "l’impact asymétrique sur les territoires des autres politiques" européennes. Il a de même été une nouvelle fois souligné que les réformes successives de la politique de cohésion et la mobilisation de ses fonds pour répondre en urgence aux crises du covid et de la guerre en Ukraine l’ont "éloignée de ses objectifs fondateurs et de sa raison d’être" (v. notre article du 3 février 2023) ;

- "promouvoir les politiques macro, décidées par l’Union européenne" ;

simplifier la bureaucratie, objectif qu’Elio Di Rupo a comparé "au monstre du Loch Ness. On en discute toujours mais la tendance générale est à rajouter des contraintes", déplore-t-il ;

- enfin, aller de pair avec le marché unique. Enrico Letta, chargé par le Conseil de rédiger un rapport sur le futur du marché intérieur, participait d’ailleurs activement à cette réunion.

L’UE menacée d’implosion par l’élargissement ?

Interrogé par ailleurs sur les conséquences des prochains élargissements de l’Union sur cette politique de cohésion (v. notre article du 13 septembre 2023), Elio Di Rupo s’est fait grave : "Sans modification de sa gestion interne, l’Union européenne risque d’imploser", alerte-t-il, confessant sa "conviction profonde que s’y on y va à l’aveugle, je crains vraiment des lendemains très compliqués pour la population européenne".

La commissaire Elisa Ferreira s’est voulue plus rassurante, rappelant le succès des précédents élargissements. Pour les nouveaux venus – en relevant que le revenu moyen par habitant des adhérents de 2004 était passé de 50 à 77% de la moyenne européenne –, mais aussi pour les anciens, qui trouvent dans cette croissance "de nouvelles opportunités pour le commerce et les investissements". Rappelant la peur que suscitait naguère le "plombier polonais", elle indique "qu’on voit maintenant que la Pologne contribue à la richesse de l’UE". Cette mise en avant de la Pologne, guère en odeur de sainteté ces derniers temps à Bruxelles, doit sans doute beaucoup au fait que ce pays a récemment porté l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk à sa tête. Et ce, même si la commissaire Vera Jourova a récemment indiqué "observer très attentivement ce qui se passe en Pologne dans le domaine des médias", suite à l’interruption des programmes pendant plusieurs heures de la télévision nationale et au licenciement des dirigeants de cette dernière décidé par le nouveau gouvernement.

Un début de programmation 2021-2027 "laborieux"

La commissaire Ferreira confie en revanche sa préoccupation pour la mise en œuvre de la programmation 2021-2027, au "démarrage laborieux" (v. notre article du 13 novembre 2023) : "Nous devons encore accélérer et simplifier les procédures, et développer les capacités administratives des [collectivités] locales et régionales", plaide-t-elle encore (v. notre article du 2 mars 2022).

Les mêmes ministres doivent se réunir à nouveau le 18 juin à Luxembourg, où ils devraient notamment adopter des conclusions sur le 9e rapport sur la cohésion, dont la publication est attendue au premier trimestre. Elisa Ferreira a précisé qu’un "forum sur la cohésion" en avril et la prochaine remise de conclusions d’un "groupe d’experts de haut niveau" devraient d’ici là alimenter la réflexion.