Tourisme - Le comité interministériel du tourisme mise sur l'effet Coupe du monde

Pour la troisième fois depuis la mise en place de l'actuel gouvernement, Edouard Philippe a présidé, le 19 juillet à Matignon, le comité interministériel du tourisme (CIT). Au lendemain de la victoire de la France en Coupe du monde de football, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (en charge du tourisme), n'a pas hésité à filer la métaphore sportive en engageant la France à devenir "championne du monde du tourisme". Pour rester dans ce registre, on peut considérer que ce troisième comité interministériel s'inscrit plutôt dans la catégorie "poids légers". Peu de mesures ou d'annonces significatives en effet - par comparaison avec les deux précédentes réunions (voir nos articles ci-dessous du 19 janvier 2018 et du 27 juillet 2017) -, mais plutôt le suivi des mesures annoncés lors des deux premiers CIT, la volonté de prolonger "les très bons résultats" de l'activité touristique apparus depuis quelques mois ou encore le rappel de mesures déjà engagées, comme la plus grande régulation des plateformes de location touristique de type Airbnb figurant dans le projet de loi Elan (portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique).

Stratégie "Sport et tourisme" : sauter sur l'occasion

Seule exception : la mise en place d'une stratégie "Sport et tourisme", qui doit contribuer à maximiser les retombées économiques des grands événements sportifs que la France se prépare à accueillir, comme la Ryder Cup (golf) dès cet automne, la Coupe du monde de football féminin en 2019, la Coupe du monde de rugby en 2023... et, bien évidemment, les Jeux olympiques en 2024.
Le CIT a retenu plusieurs mesures à ce titre. Elles s'inspirent très directement des préconisations de la mission confiée à Benjamin Dirx, député (LaREM) de la Haute-Saône. Son rapport, remis officiellement au Premier ministre le 19 juillet, s'intitule en effet "Vingt-et-une mesures pour optimiser les retombées touristiques des grands événements sportifs organisés en France".
Parmi les mesures retenues par le CIT, l'une des plus originales consistera à "connecter les billetteries touristiques et sportives". En pratique, il s'agit de proposer aux spectateurs réservant pour de grandes manifestations sportives un hébergement et un "pack touristique", englobant notamment une offre culturelle et de transport. Sous son apparente simplicité, un tel dispositif est complexe à mettre en œuvre, mais les organisateurs de la Coupe du monde de rugby de 2023 et des JO de 2024 sont prêts à s'engager dans la démarche.

Do you speak tourist ?

Au-delà de cette opération, il s'agit aussi de "créer une habitude de rencontre entre les milieux sportifs et touristiques". Pour la favoriser, un comité de pilotage "Sport et tourisme", coprésidé par le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et par la ministre des Sports, se réunira régulièrement jusqu'en 2024. Il rassemblera le délégué interministériel aux grands évènements sportifs et les différents acteurs des grandes manifestations à venir.
Le CIT entend également s'attaquer à un point faible traditionnel de l'accueil touristique en France : la médiocre maîtrise des langues étrangères. Il est donc prévu de "profiter de ces grands évènements sportifs pour former tous les Français qui le souhaitent à l'accueil et aux langues". En pratique, seront particulièrement visés - sous des formes qui restent à déterminer - les salariés impliqués dans l'organisation de ces événements et dans l'accueil des touristes.
Et, bien entendu, ces grandes manifestations sportives, à forte couverture médiatique, seront l'occasion de promouvoir la destination France et la marque France à l'international.

Shopping et retour des ZTI

Pour le reste, le comité ministériel a retenu un certain nombre de mesures plus ponctuelles. C'est le cas, par exemple, de la volonté affichée de maximiser les dépenses de shopping des touristes étrangers en "baissant drastiquement d'ici la fin du quinquennat le seuil de détaxe, actuellement fixé à 175 euros, pour le faire passer au niveau de nos concurrents européens" (sans autre précision dans le dossier de présentation).
Dans le même esprit, le CIT a également décidé de relancer les zones touristiques internationales (ZTI), dont le développement a été récemment freiné par des décisions de la justice administrative annulant la création de trois ZTI à Paris ("Saint-Emilion-Bibliothèque", "Maillot-Ternes" et "Olympiades") et d'une ZTI à Dijon, faute qu'elles disposent d'un rayonnement international. Le gouvernement fait état de "solutions trouvées" pour permettre l'ouverture dominicale des commerces dans ces quatre ZTI, en revoyant les périmètres ou les dénominations de ces zones.

Bis repetita placent

Les autres mesures sont des confirmations d'annonces antérieures, à l'image de la création du "contrat de station", qui va bénéficier dans un premier temps à treize stations balnéaires et de montagne, s'engageant à rénover leurs hébergements touristiques et à développer fortement leur offre touristique (voir notre article ci-dessous du 5 juin 2018).
C'est le cas aussi de la création d'un Conseil stratégique du tourisme dans les outre-mer (CSTOM), prévu par le livre bleu des outre-mer et annoncé par Emmanuel Macron en clôture des récentes Assises de l'outre-mer (voir notre article ci-dessous du 29 juin 2018), du lancement des "capitales françaises de la culture", présenté par Françoise Nyssen il y a quelques jours (voir notre article ci-dessous du 17 juillet 2018), ou encore de la confirmation de la création de l'Epic du mont Saint-Michel, annoncé par le précédent gouvernement au printemps 2017 (voir notre article ci-dessous du 21 avril 2017)
A noter : en marge de la réunion du comité, l'Etat a également annoncé le renouvellement de quatre contrats de destination (Autour du Louvre-Lens, Paris Ville augmentée, Provence et Champagne), sous forme de la signature d'un avenant "reconduisant pour trois ans le partenariat sur la base de nouvelles actions orientées vers l'innovation, le numérique et les investissements touristiques". Un nouveau contrat de destination, baptisé "Côte atlantique", a par ailleurs été signé pour une durée de trois ans.

 

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