Le nombre d'inscrits en bibliothèques atteint un record historique
Il n'y a jamais eu autant d'inscrits dans les bibliothèques publiques en France depuis plus de vingt ans. Un phénomène qui tient à une politique globale tant de l'État que des collectivités, et où l'extension des horaires mais surtout la gratuité des inscriptions jouent un rôle primordial.

© charlotte HENARD CC BY-SA 2.0
Les bibliothèques publiques françaises viennent de battre un record datant de 2003. L'arrêté publié chaque année – au Journal officiel du 9 octobre pour 2025 – par le ministère de la Culture afin de déterminer le montant de la part de la rémunération des auteurs à la charge de l'État au titre du prêt en bibliothèque établit à 6.967.989 le nombre d'usagers inscrits dans les bibliothèques publiques cette année. Par rapport, à 2024 et ses 6.255.699 inscrits, il s'agit d'une hausse de 11,4%.
Cette poussée intervient après une première forte augmentation de +7% enregistrée entre 2023 et 2024. En deux ans, les bibliothèques publiques comptent ainsi plus d'un million d'inscrits supplémentaires. Surtout, les 6,97 millions d'inscrits de 2025 surpassent les 6,93 millions de 2003, nombre record constaté lors de la première année de mise en place du dispositif instaurant la part de la rémunération des auteurs à la charge de l'État.
De son côté, le nombre des usagers inscrits dans les bibliothèques des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel et des établissements publics d'enseignement supérieur s'élève en 2025 à 1.014.545 (-1% par rapport à 2024). Quant aux usagers inscrits dans les autres bibliothèques accueillant du public pour le prêt, ils sont cette année 278.720 (+11,4% en un an).
Ouverture prolongé de 8h30 par semaine
En conséquence, le montant de la contribution forfaitaire à la charge de l'État pour la rémunération des auteurs est pour 2025 de 10.870.063 euros au titre du ministère de la Culture et de 1.014.545 euros au titre du ministère l'Enseignement supérieur.
Reste à expliquer cette hausse. La simple présence physique sur le territoire national d'un réseau de quelque 16.500 bibliothèques et points d'accès à la lecture gérés par les collectivités n'explique pas l'envol récent des inscriptions. Une première explication peut être à chercher dans les politiques de fond lancées par l'État depuis quelques années. On se souvient que le rapport d'Erik Orsenna de 2018 avait débouché sur l'élargissement des horaires dans plus de 710 communes. En 2022, la lecture était décrétée "grande cause nationale" et l'État apportait 120 millions d'euros pour le développement des bibliothèques.
+390% d'inscrits à Tours
À cela il faut ajouter les initiatives récentes des collectivités. Et en premier lieu la gratuité des inscriptions, un système enterré au début des années 2000 mais qui a depuis fait florès. Selon l'édition 2024 de l'Atlas des bibliothèques territoriales, 5.112 bibliothèques – soit un tiers du total – proposent la gratuité de l'inscription. À Tours par exemple, le conseil municipal a voté en juillet 2025 la gratuité des bibliothèques municipales pour tous les usagers. Il s'en est suivi, entre juillet et août, une augmentation de 390% des inscriptions (828 nouveaux sont inscrits contre 212 à la même période en 2024). Si toutes les villes ne voient pas le nombre des inscriptions s'envoler dans de telles proportions, l'Association des bibliothécaires de France estime dans un plaidoyer pour la gratuité à "au moins 5% l'augmentation du taux de pénétration auprès de la population dans l'année suivant le passage d'un réseau de bibliothèques à la gratuité".
À l'extension des horaires et à la gratuité, on peut encore ajouter le développement de services tels que l'automatisation des transactions de prêts et de retours ou la possibilité de rendre les ouvrages dans n'importe quel point du réseau. À Nantes, où toutes ces mesures ont été mises en place, la hausse de la fréquentation a été de plus de 55% en deux ans.