Le village de Langoëlan est accessible pour tous les handicaps grâce à des actions de bon sens (56)

Plutôt que de multiplier les équipements coûteux permettant l’accessibilité des bâtiments publics aux personnes handicapées et à mobilité réduite, le petit village morbihannais de Langoëlan a trouvé des solutions toutes simples. Une expérience réussie que le maire souhaite faire connaître le plus largement possible.

"Rendre une commune accessible, c’est surtout une question de bon sens", insiste le maire de Langoëlan (386 habitants). Yann Jondot sait de quoi il parle. Lorsqu’un accident l’a rendu paraplégique à 22 ans, on lui avait conseillé de vivre en ville, plus accessible pour les fauteuils que la campagne. Mais ce n’est pas le choix qu’il a fait, convaincu qu’il suffit de quelques équipements abordables pour rendre les villages accessibles à tous les handicaps et répondre ainsi à la loi de 2005 (voir encadré).

Rampe amovible utilisable à la demande

Depuis le début de son mandat en 2014, la démarche de l’édile, qui est également éducateur sportif, est très pragmatique. Pour rendre les bâtiments publics accessibles, et notamment les quatre chapelles de sa commune qui ne servent qu’une fois par an, sa municipalité investit tout d’abord dans une rampe amovible. Elle peut être utilisée à la demande par des associations ou des habitants qui l’ont empruntée, jusqu’à présent, en moyenne une dizaine de fois par mois. "Les travaux pour chacune des chapelles se seraient élevés à 20.000 euros. Le coût de la rampe était de 600 euros", témoigne le maire.

Amplificateur de voix et signalétique au sol

Pour les malentendants, la mairie a été dotée d’un amplificateur de voix (250 euros) qui peut être lui aussi emprunté et, sur le sol, a été apposée une signalétique simplifiée. Également équipée d’une rampe amovible, l’épicerie du village (dont les murs appartiennent à la mairie) dispose d’une sonnette extérieure (50 euros) qui permet aux personnes à mobilité réduite de signaler leur présence.

Dérogations possibles

L’église principale de Langoëlan était entourée de graviers. Après consultation des services concernés - préfecture, Bâtiments de France... toujours coopératifs pour avancer sur ces délicates questions d’accessibilité-, des dalles en béton sont posées autour du bâtiment. Une entrée, condamnée depuis des années, est ré-ouverte car plus accessible. "Les Bâtiments de France préconisaient des dalles de granit, mais ont toléré celles en béton car l’installation est réversible."Le budget initial passe ainsi de 115.000 euros à 18.000 euros (dont 5.000 euros en fonds propres, le reste étant financé par des subventions et notamment par le département, voir l’encadré).

Deux logements communaux adaptés aux fauteuils roulants

Et pour les habitants qui ne peuvent plus vivre dans leur maison en raison d’une perte de mobilité, la municipalité a récemment construit deux pavillons adaptés (T3) : plain-pied, portes à large ouverture, vastes espaces permettant le déplacement du fauteuil, évier ajustable, douche italienne... Le tout aux normes basse consommation. Le budget de 230.000 euros est financé à hauteur de 50 % par la réserve parlementaire, l’État et la région. Le prêt contracté par la municipalité est pris en charge par les loyers modérés (340 et 370 euros) des deux logements. "Une personne âgée occupe le premier pavillon et une maman et sa fille, toutes les deux handicapées, habitent dans le second."

Impliquer 220 communes morbihannaises dans la démarche

Fort de son expérience, l’édile sensibilise les autres communes du Morbihan et démarche le conseil départemental qui, séduit, crée en 2018 une aide spécifique. Le maire de Langoëlan lance, avec l’association des maires du Morbihan, un dispositif adressé à toutes les communes du département : une charte les engage sur des actions très concrètes et abordables (rampe, amplificateur, sonnette...), ainsi que sur l’affichage (autocollant) de la progression de ces actions en entrée de bourg selon trois niveaux : A (réalisé), B (en réalisation) et C (en étude). Début 2019, la quasi-totalité des municipalités morbihannaises (220 sur 250) ont signé cette charte. Pour le maire de Langoëlan, une commune équipée n’est pas seulement accessible pour les personnes handicapées mais le devient aussi pour les personnes âgées peu mobiles, pour les parents avec une poussette... La collectivité maintient ainsi ses habitants, des emplois, des commerces et des services, "et elle devient même plus attractive, car elle montre qu’elle bouge", se félicite le maire.

La loi de 2005 et le Morbihan

La loi "pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées" du 11 février 2005 laissait jusqu’à 2015 pour que les bâtiments accueillant du public soient mis aux normes. La loi de 2005 n'ayant pas été suffisamment suivie d'effets, un décret d'application de l'ordonnance a créé en 2014 l'Agenda d'accessibilité programmée (Ad'Ap). Ce document de programmation pluriannuel précise la nature des travaux et leur coût et engage le gestionnaire d’établissement qui le signe à les réaliser dans un délai d’un à trois ans.

Dans ce contexte, les propositions simples et réalistes du maire de Langoëlan ont séduit le conseil départemental du Morbihan qui a créé une aide aux projets d’accessibilité pour les communes de moins de 10.000 habitants. Le maire de Langoëlan cherche maintenant à mobiliser les collectivités à l’échelle régionale puis nationale et européenne.

Commune de Langoëlan

Nombre d'habitants :

386
44, rue Duchelas
56160 Langoëlan
langoelan.mairie@wanadoo.fr

Yann Jondot

Maire

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