L'État sélectionne une centaine de solutions d'IA pour le secteur public
La Direction interministérielle du numérique (Dinum) a publié durant l'été un panorama interactif des outils d'intelligence artificielle adaptés aux besoins des administrations. Parallèlement, l'IA générative est intégrée à la suite numérique de l'Etat.

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La centaine de solutions d'IA sélectionnées par la Dinum fait suite à un appel à manifestation d'intérêt lancé au printemps 2025, dans le but d'accélérer l'adoption de l'IA par le secteur public. L'AMI a suscité 435 candidatures déposées par 388 entreprises, avec "une très grande majorité d'entreprises françaises innovantes", selon la Dinum. La centaine de solutions retenues a été réalisée sur la base de 4 critères :
- l'impact attendu sur les missions de service public,
- le niveau de maturité fonctionnelle déclaré,
- la capacité d'intégration aux systèmes d'information existants,
- et la conformité aux exigences de sécurité, de protection des données et d'accessibilité.
Orienter les acheteurs publics
Les solutions retenues sont présentées sur le site d'Alliance, l'incubateur IA de l'Etat, via un outil interactif. Les solutions sont organisées par familles fonctionnelles (prédiction, rédaction, traduction…), avec la possibilité de filtrer les solutions sur un critère SecNumCloud (hébergement souverain sécurisé) ou "on premise" (installation sur le poste de l'utilisateur).
Cet inventaire, enrichi et actualisé régulièrement, sera complété dans les semaines à venir par une rencontre associant administrations et éditeurs retenus pour échanger sur les cas d'usage et les conditions de déploiement opérationnel. La Dinum annonce également un recensement des besoins IA dans les services publics, une documentation sur les retours d'expérience via l'Observatoire IA, et un accompagnement des entreprises françaises par la direction des achats de l'État.
Protection des données
Très concrètement, les collectivités trouveront dans cette cartographie des prestataires et outils d'IA pour créer un chatbot thématique, générer des comptes-rendus de réunion, sous-titrer des vidéos, synthétiser des rapports ou encore aider à la rédaction de délibérations et de documents administratifs. La Dinum précise cependant que cette liste n'est "ni une validation officielle de la performance des solutions présentées ; ni un label, ou agrément de la part de l’État ou de ses administrations ; ni une garantie de qualité, de sécurité ou de pérennité des produits listés".
L'inventaire des solutions s'accompagne d'un "guide sur l'usage de l'IA générative" par les administrations qui rappelle les limites de l'IA générative, notamment les erreurs qu'elle peut générer. La Dinum insiste en outre sur l'impérieuse nécessité pour les acheteurs publics de protéger leurs données, notamment des lois extraterritoriales. Pour les données "non sensibles", telles que les données publiques ou ayant vocation à être ouvertes, elle estime cependant qu'il est "possible d'utiliser des solutions commerciales disponibles sur Internet". En revanche, lorsqu’il y a un risque de divulgation de données protégées ou sensibles, les administrations sont invitées à se tourner vers des solutions souveraines, hébergées en local ou dans une infrastructure SecNumCloud.
L'IA dans la suite numérique de l'État
Au-delà de cet inventaire, l'IA générative s'intègre progressivement à la suite numérique de l'Etat. Cette suite, dont l'usage est ouvert aux collectivités territoriales, a vocation à endiguer la dépendance des administrations aux logiciels bureautiques américains. Elle comprend des services comme Tchap (messagerie instantanée sécurisée), Grist (tableur collaboratif), et des outils en cours de déploiement comme Visio, Docs et Messagerie.
L'IA générative vient enrichir les fonctionnalités de ces outils. L'assistant IA est déjà opérationnel dans Grist, pour générer des formules, et dans Docs, pour reformuler des textes officiels en langage facile à lire et à écrire. Et prochainement, les agents pourront résumer une réunion Visio, discuter avec un assistant dans Tchap, améliorer la rédaction de mails dans Messagerie, interroger leurs documents stockés dans Fichiers, ou encore extraire automatiquement des données dans Grist.
Administrations et cabinets sommés d'utiliser Tchap
La circulaire n° 6497/SG du Premier ministre du 25 juillet 2025 impose le déploiement généralisé de la messagerie instantanée sécurisée Tchap dans les ministères et les cabinets ministériels. Le document souligne que "les agents publics sont exposés à un risque croissant d'interception de leurs communications électroniques, mettant en péril la confidentialité de leurs échanges" et "confrontés à un nombre croissant de cyberattaques". Tchap est une solution souveraine opérée par la Dinum. Basée sur des logiciels libres, elle garantit un chiffrement de bout en bout des échanges. Elle affiche plus de 300.000 utilisateurs dans l'administration.
La mesure entre en vigueur le 1er septembre 2025 et remplace la précédente circulaire qui recommandait l'usage d'Olvid.
Pour mémoire, Tchap est ouvert à l'ensemble de la sphère publique, l'inscription des collectivités se faisant à l'aide d'une adresse mail officielle référencée dans l'annuaire de l'administration ou d'un compte pro-connect.