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L'Île-de-France, une terre d'industries et de risques

Dans un bilan rendu public le 3 juillet, la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee) d'Île-de-France revient sur le pic d’activité qu’a entraîné une série d’accidents industriels survenus l’an dernier dans cette région, l'ajustement des priorités auquel a conduit le dramatique incendie de Lubrizol et les progrès accomplis pour réduire les émissions dans l’air de polluants d'origine industrielle.

L'Île-de-France compte plus d’une centaine d’établissements Seveso seuils haut et bas. C'est dire si les inspecteurs des installations classées ont du grain à moudre. Le dernier bilan de leur activité, rendu public le 3 juillet, revient sur les principaux faits qui ont marqué l'année 2019.
En février 2019, une importante fuite sur un pipeline transportant des hydrocarbures, en plein cœur du département des Yvelines, a intensément mobilisé ce corps d'inspection. Pour encadrer les modalités de gestion de la pollution et les conditions de la remise en service de la canalisation, un arrêté de mesures d’urgence fut signé par le préfet puis des investigations conduites sur le tronçon concerné, avant de pouvoir envisager le redémarrage du pipeline et sa remise en service six mois après, une fois toutes les conditions réunies et la dépollution effectuée. Ce fut l’occasion pour l'inspection de mettre en œuvre pour la première fois en France les dispositions du code de l'environnement relative à la responsabilité environnementale. Dans ce cadre, les mesures de réparation envisagées furent soumises à l’avis des collectivités territoriales, établissements publics, associations de protection de l’environnement concernés et une consultation plus large du public réalisée, donnant lieu à des retours analysés et à un projet d’arrêté modifié, avant d’être présenté au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). 

L’été qui suivit ne fut pas de tout repos avec le spectaculaire incendie de l'usine d'Achères, la principale station d’épuration des eaux usées de la région et la plus importante d’Europe, exploitée par le syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap). L’incident a notamment touché les cuves de chlorure ferrique, un produit très corrosif, stocké dans le sous-sol du bâtiment et a détruit l’unité de clarifloculation, ce qui a eu "un impact important sur le traitement des effluents arrivant en station" et contraint l’usine de fonctionner "en mode dégradé", avec des effluents uniquement prétraités rejetés en Seine, "provoquant des teneurs très basses en oxygène dissous pendant plusieurs jours et générant ainsi une importante mortalité piscicole".

Post-Lubrizol et ajustement des inspections

Autre incendie estival, celui qui s’est déclaré peu avant, dans une entreprise de traitement de déchets industriels dangereux de Saint-Ouen-l'Aumône (Val-d'Oise), mobilisa une centaine de pompiers et contraignit la population avoisinante à rester confinée. Puis survint l’incendie du site de Lubrizol de Rouen, qui n’a pas fait de victime mais causé de forts impacts environnementaux, et a pressé le ministère de définir pour l’année 2020 une thématique particulière d’inspection "portant sur le dimensionnement et la conception des zones de rétention des produits liquides inflammables et combustibles, tant à l’intérieur de bâtiments que pour les stockages en extérieur (fûts et containers)". Pour Lubrizol, "la configuration de la rétention des stockages a en effet contribué à la propagation rapide de l’incendie". Les inspecteurs prévoient ainsi de réaliser une vingtaine d’inspections dans la région sur cette thématique "rétention", en ciblant les établissements ayant des stockages en récipients mobiles (fûts, containers), ceux disposant de stockages extérieurs importants et en étant vigilants à la problématique des effets dominos engendrés par des sites extérieurs. Leurs constats remonteront jusqu'au ministère, "ce qui permettra de réaliser une sensibilisation de la profession mais également de faire évoluer la réglementation". 

Émissions industrielles : des progrès dans l'air

Le volet du bilan consacré aux émissions de polluants dans l’air générés par les installations industrielles mérite aussi un éclairage particulier. Car d’année en année, des progrès sont observés "grâce aux nouvelles techniques, à l’application de nouvelles réglementations et à la fermeture de certaines installations obsolètes ou très polluantes". Pour atteindre les objectifs de bonne qualité de l’air, le plan de protection de l’atmosphère de l’Île-de-France 2018-2025 (PPA) fixe des défis supplémentaires. Adopté en janvier 2018, les actions qu’il impose de lancer l’étaient à hauteur de 60% à la fin 2019. Deux de ces actions phares ont été déployées : créer une zone à faibles émissions (ZFE) au sein du territoire de la Métropole du Grand Paris (intra A86) interdisant la circulation des véhicules les plus polluants et mettre en place un fonds Air Bois pour aider financièrement le remplacement des équipements de chauffage individuel au bois des ménages par des équipements labellisés moins polluants. 

Des émissions sont en baisse. Celles de dioxyde de soufre (SO2) et celles d’oxydes d'azote (NO?) ont été considérablement réduites par rapport à l’année de référence 2000. Une raffinerie située à Grandpuits, en Seine-et-Marne, reste le contributeur majeur (65%) des émissions de SO2. Pour les NO?, les secteurs du traitement des déchets (installations d’incinération) et de production de chaleur (dont le chauffage urbain) sont les plus gros contributeurs d’origine industrielle. L'effort de réduction des émissions de NO? des incinérateurs porte ses fruits. La mesure figurait déjà dans le précédent PPA. Cantonnée à la zone dense de l’agglomération parisienne, elle a été élargie à d’autres installations situées en dehors de cette zone, avec un bilan de l’action jugé "très positif". D’autant que l’intégration de traitement catalytique a permis d’améliorer les performances énergétiques des installations (récupération d’énergie). "Et aux exploitants de réduire de façon conséquente le taux de TGAP appliqué sur la tonne de déchets incinérés."

 

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