Littoraux : Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, nouveau président de l’Anel
La veille de son 44e congrès qui s'ouvre ce 23 septembre à Bonifacio, l'Association nationale des élus des littoraux (Anel) a porté pour la première fois à sa tête un "méditerranéen" : Jean-Charles Orsucci, maire de la ville corse. Il succède à Yannick Moreau, maire démissionnaire des Sables-d'Olonne, dont il devrait reprendre les combats.

© Maire de Bonifacio / Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, avec son prédécesseur Yannick Moreau, maire démissionnaire des Sables-d’Olonne
Hôte du 44e congrès de l'Association nationale des élus des littoraux (Anel) qui se déroule cette semaine, le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci (Renaissance), a officiellement pris la tête de l'association, ce 22 septembre. Premier président "méditerranéen" de l'Anel, il succède à Yannick Moreau, qui a annoncé le 2 janvier dernier sa décision de se retirer de la vie politique. Encore pour quelques jours maire et président de l'agglomération des Sables-d'Olonne – il devrait officiellement passer la main ce 29 septembre –, ce dernier ne part pas sur une note heureuse. "Ce 44e congrès s'ouvre quelques mois après l'Unoc, à Nice, où la France a réaffirmé son ambition maritime à l'échelle internationale, mais où les collectivités ont attendu en vain des engagements concrets", déplore-t-il. Un sentiment de déception, et même de colère, déjà exprimé par l'association dans une lettre ouverte, au vitriol, adressée à François Bayrou au début de l'été (lire notre article du 7 juillet).
"Faire bloc"
Pour autant, Yannick Moreau entend que ce dernier congrès constitue pour les élus des littoraux "encore une fois l'occasion de faire bloc, car c'est sur nos côtes que s'écrit déjà une part de l'avenir du pays", estime-t-il. Un avenir contrasté, à en croire l'association. Côté pile, cette dernière range le "gisement d'opportunités" que représente l'économie bleue et les atouts de "l'identité mérienne française" – la société nationale de sauvetage en mer, la pêche, pourtant mal en point, et la souveraineté nationale. Côté revers, des "réalités alarmantes : érosion du trait de côte, submersion marine, pollution plastique, montée des eaux, relocalisation d'habitations, tensions foncières et sociales".
Autant de défis que Jean-Charles Orsucci entend relever, et auxquels il est déjà confronté, soulignant, dans un entretien accordé à AEF, que sa ville "concentre toutes les problématiques sur lesquelles travaille l’Anel : le recul du trait de côte, les problèmes d’accès au logement pour nos habitants, d’accès au foncier et de gestion du flux touristique, le défi climatique, l’application de la loi Littoral…" Sur ces questions, la ligne de l'Anel ne devrait guère bouger. "Je m’engage à poursuivre les efforts engagés par mes prédécesseurs pour la reconnaissance et la défense de nos territoires en préservant l’unité et l’esprit de concorde de l’Anel", promet-il.
Érosion du trait de côte : pas de "sécurité punitive"
Pour preuve, face aux conséquences de l'érosion du trait de côte, il en appelle lui aussi à la solidarité nationale (lire notre article du 25 novembre 2024) : "Nous refusons d'entendre que 'le littoral doit payer pour le littoral'", indique-t-il à AEF, en proposant d'une part de "mobiliser la manne financière générée par l’installation d’éoliennes en mer" – en devenir – et d'autre part en "capt[ant] une partie des revenues des plateformes comme AirBnB".
S'agissant de la gestion des biens menacés par cette érosion, il précise qu'à l'Anel, "nous ne sommes pas trop pour la sécurité punitive", d'autant plus que, relève-t-il, "la question de l'indemnisation n'est pas totalement verrouillée par la loi".
Loi Littoral : "pas d'écologie punitive"
Il prévient de même que "nous ne sommes pas trop pour l'écologie punitive". S'il se félicite ainsi que la loi Littoral "a connu toutes les applications nécessaires dans sa dimension 'protection'", il déplore que le volet "développement" du texte ait été insuffisamment pris en considération. Aussi se prononce-t-il en faveur d'un "diagnostic, voire d'un toilettage" de cette loi : "Il faut protéger la nature mais l’homme a vocation à exister dans sa dimension économique et sociale", déclare-t-il à AEF.
Meublés de tourisme, résidences secondaires : la loi propose, le maire dispose
S'agissant enfin de la loi Le Meur-Echaniz visant à réguler les meublés de tourisme, il souligne que "la balle est dans le camp du gouvernement : nous attendons encore des décrets d'application" (lire notre article du 23 avril). Sur la question des résidences secondaires, il prévient leurs propriétaires qu'il faut "qu'ils comprennent que nous devons trouver des moyens nouveaux pour financer le surdimensionnement de nos outils publics". Non sans souligner par ailleurs la nécessité de "laisser le choix aux maires de se saisir ou non" des outils mis à leur disposition dans ces domaines. "Les personnes qui sont à portée de baffe, ce sont les maires, pas les sous-préfets, les préfets ou les députés", cingle-t-il. Du Yannick Moreau dans le texte, ou presque : "Les élus littoraux sont en première ligne face à l'exaspération de leurs administrés", déclarait ce dernier à Localtis en 2023 (lire notre entretien).