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L'ordre des architectes demande une campagne de diagnostic des bâtiments publics et dénonce la rénovation "tout énergétique"

Denis Dessus, le président du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), a profité de ses vœux à la profession, le 14 janvier, pour faire passer quelques messages à destination des pouvoirs publics et des acteurs du bâtiment, en demandant notamment une "campagne de diagnostics architecturaux de tous nos bâtiments publics" qui ne se limiterait pas à une approche étroitement énergétique de la rénovation, qu'il s'agisse de logement, d'Ehpad ou de lieux de culture. Une enquête sur l'activité des agences d'architecture montre que la situation est plutôt difficile pour nombre d'entre elles.

Le 14 janvier, le Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA) organisait un webinaire destiné à présenter les principales nouveautés de 2021, en matière d'impact écologique du cadre bâti, de numérique dans l'architecture, de marchés publics, de formation continue... À cette occasion, Denis Dessus, le président du CNOA, a présenté ses vœux à la profession. Il en a également profité pour faire passer quelques messages à destination des pouvoirs publics et des acteurs du logement et du bâtiment.

Un préalable indispensable à la programmation

Face au discours sur le monde de la culture à l'arrêt en raison de la pandémie de Covid-19, Denis Dessus a rappelé que l'architecture fait partie du monde de la culture : "Non la culture n'est pas à l'arrêt. Les architectes travaillent et ils en sont un pan essentiel, car ils façonnent notre patrimoine d'aujourd'hui et de demain, ils militent, imaginent et œuvrent pour un monde meilleur."
Cette précision posée, il s'est fait l'interprète d'un certain nombre de demandes de la profession, qui se situent davantage dans la perspective de la relance que dans celle de la crise sanitaire. Ainsi, Denis Dessus est revenu sur l'autorisation du dépôt numérique des autorisations d'urbanisme, qui "n'est toujours pas opérationnel, alors que cela permettrait d'accélérer les instructions".
Il a surtout demandé le lancement d'"une campagne de diagnostics architecturaux de tous nos bâtiments publics". Outre le fait de donner du travail à la maîtrise d'œuvre, cette campagne est, pour le CNOA, le "préalable indispensable pour programmer, établir des priorités vers les bâtiments les plus dégradés, concevoir puis mettre en œuvre les travaux nécessaires, avec le plus d'effet sur la transition écologique en adaptant nos services publics aux nouveaux outils et modes de travail du 'monde d'après'". Cette campagne constituerait ainsi "le socle d'une rénovation qualitative et durable". La demande se situe en effet dans le cadre du volet logement du plan de relance, qui prévoit une enveloppe de de 4 milliards d'euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics (voir notre article du 4 septembre 2020).

En finir avec la rénovation "énergétique"

De façon plus large, le président du Conseil national de l'ordre des architectes s'en est pris à l'approche étroitement énergétique de la rénovation : "Un plan de relance s'appuyant sur la rénovation, c'est bien, mais il faut en finir avec la rénovation dite 'énergétique'. Envelopper de polystyrène nos bâtiments n'est pas une panacée ni une bonne solution écologique." Denis Dessus a notamment pris pour exemple "le seul volet bâtiment du Ségur de la Santé [qui] est une dotation pour la rénovation énergétique des Ehpad. N'y a-t-il pas d'autre urgence sur ces établissements, dont nous réclamons depuis plus de neuf mois qu'ils soient adaptés aux risques épidémiques ?". Une remarque qui vaut aussi, selon lui, pour les lieux de culture et de spectacles. Considérant que "la rénovation d'un logement ne peut se limiter à l'intervention sur un élément constructif", le président du CNOA estime que "la logique d'aide financière par élément est contreproductive car elle induit des travaux parfois inefficaces, voire sources de sinistres". Il juge donc que "la maîtrise d'œuvre professionnelle doit avoir tout son rôle dans la rénovation et son coût doit être pleinement intégré dans les financements aidés".

Une année 2020 difficile, des perspectives 2021 très incertaines

Ces appels du pied sur les diagnostics et la rénovation s'expliquent aussi par la situation des cabinets d'architectes. Si la crise sanitaire ne les a pas mis à l'arrêt, contrairement à la quasi-totalité des autres acteurs de la culture, ils en ont néanmoins subi les effets. Le CNOA a ainsi rendu public, à la veille du webinaire, les résultats d'une enquête sur l'activité 2020 des agences d'architecture et sur le prévisionnel 2021, lancée en liaison avec le ministère de la Culture. S'appuyant sur 3.833 réponses à un questionnaire, celle-ci montre que "la crise a eu un impact significatif sur le chiffre d'affaires des agences", quelle que soit leur taille : 68% d'entre elles déclarent finir l'année en recul par rapport à 2019, cette baisse étant même supérieur à 50% pour 12% des agences. Le lancement de nouveaux chantiers est en baisse pour 66% des agences et celui de nouvelles études est en recul pour 61% des agences.
Malgré les investissements du plan de relance, les perspectives 2021 ne semblent guère meilleures aux yeux des architectes. Ainsi, 60% d'entre eux estiment que les perspectives d'activité s'annoncent à la baisse, 39% prévoient des démarrages de chantiers stables ou en hausse et seuls 49% estiment que le suivi des chantiers en cours ne va pas connaître de baisse. Après une année 2020 difficile, seules 12% des agences envisagent des rentrées d'honoraires 2021 à la hausse, tandis que 26% les anticipent stables.

 

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