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Sports - A Nîmes, la nouvelle patinoire fait fondre les coûts

Le nouvel équipement sportif aux coûts maîtrisés fait figure de modèle pour les "patinoires d'animation territoriale" que la Fédération française de hockey sur glace et d'autres acteurs aimeraient voir se développer sur tout le territoire.

La ville de Nîmes a, comme chacun sait, un crocodile pour emblème. Mais elle pourrait tout aussi bien avoir un phénix. Treize ans après avoir vu disparaître sa patinoire dans un incendie, le chef-lieu du Gard s'apprête à inaugurer, samedi 23 décembre, un équipement flambant neuf, et innovant sur bien des points… qui pourrait donner des idées à d'autres collectivités.
Quand un maire et son équipe pensent patinoire, ils imaginent en général des coûts de construction exorbitants et des coûts fonctionnement non moins faramineux. A Nîmes, les coûts ont été maîtrisés à toutes les étapes. "Financièrement, on ne pouvait pas se permettre de construire une patinoire plus grande", explique Florence Texier, chef de service des installations et activités aquatiques, qui veille désormais sur la patinoire. La ville s'est donc orientée vers une piste de 56 mètres sur 26, ce qui a l'avantage de permettre une homologation pour les compétitions de patinage ou de hockey sur glace jusqu'au niveau régional. Résultat, un investissement maîtrisé de 4,266 millions d'euros HT et hors parking et terrassement, alors que le prix moyen d'une patinoire est d'environ 8 millions d'euros.

Patinoire d'animation territoriale

Les dimensions, les équipements et le coût de la patinoire de Nîmes ne sont pas sans évoquer les préconisations de la Fédération française de hockey sur glace (FFHG). Depuis une dizaine d'années, celle-ci prône en effet, en lien avec la Fédération française des sports de glace et (FFSG) et le Syndicat national des patinoires, la construction de ce qu'elle a baptisé des "patinoires d'animation territoriale". "Pour développer notre discipline, précise Philippe Lacarrière, président de la commission des équipements de la FFHG, il nous fallait plus de terrains. Or actuellement il n'existe qu'environ 115 patinoires où l'on peut faire du hockey en France. Par ailleurs, le parc construit surtout dans les années 1970 est vieillissant et gourmand en énergie."
En s'appuyant notamment sur des architectes, la FFHG a ainsi conçu un modèle de patinoire simple, susceptible d'intéresser un grand nombre de collectivités petites ou moyennes. "C'est une patinoire de base, commente Philippe Lacarrière. Elle fait 56 mètres sur 26, soit le minimum pour être homologué. Elle ne comprend qu'une seule piste, des vestiaires pour la pratique sportive et pour le patinage public, très peu de tribunes (300 personnes maximum) et pas de bar. Son coût d'investissement est estimé à 6 millions d'euros."
A travers son modèle, la FFHG se bat pour éviter la construction de patinoires ludiques, sans balustrade, dotée de formes originales qui empêchent toute pratique sportive, mais aussi pour intervenir le plus tôt possible dans le projet et éviter certains défauts. "Il y a quelques années, personne ne nous demandait rien. Si bien qu'ont été créées des patinoires avec des problèmes de pertes d'énergie considérables ou encore avec des vestiaires trop petits, faute de savoir ce qu'est une équipe de hockey qui se déplace", pointe Philippe Lacarrière.

Partie prenante

Nîmes tombait à pic pour valider la vision de la FFHG. A l'exception du bar, le projet nîmois ressemble beaucoup à ses préconisations… et la fédération a pu être entendue et écoutée. "La ville a pu bénéficier de conseils au niveau des normes. On a envoyé les plans à la fédération qui nous a fait des remarques et nous en avons tenu compte. La fédération a été partie prenante dans le projet. Ça a été vraiment très agréable de travailler avec eux", se réjouit Florence Texier.
Pour concevoir sa patinoire, la ville de Nîmes s'est également rapprochée des deux clubs locaux de hockey et de patinage, mais aussi des établissements scolaires. Si elle reconnaît qu'"il n'existe pas une véritable culture de la glace dans le sud de la France", Florence Texier estime qu'"il y avait un besoin au niveau associatif et que le projet correspond bien à un besoin territorial. L'intérêt était de faire une patinoire pour trois publics différents, que sont le public libre, les clubs et les scolaires".
Enfin, si les coûts d'investissement ont été maîtrisés – avec notamment une subvention du Centre national pour le développement du sport (CNDS) de 919.000 euros au titre de l'enveloppe réservée aux équipements innovants –, la gestion devrait l'être tout autant. L’exploitation et la maintenance de la patinoire seront en effet assurées jusqu'à la fin 2020 par un groupement titulaire d'un marché global de performance, la ville s’acquittant pour cette période d’un montant fixe de 170.000 euros.
"Si demain on pouvait construire cent patinoires d'animation territoriale en France, nous serions très contents… mais on n'en est pas là", conclut Philippe Lacarrière. En attendant, la FFHG se sert de la patinoire de Nîmes comme exemple, pour montrer à d'autres villes en quoi consiste son projet. Les prochaines patinoires d'animation territoriale pourraient voir le jour à Béthune, Beauvais, Montargis ou encore Dreux.
 

 

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