Plastique : le gouvernement veut pousser l'industrie du réemploi et du recyclage

Le gouvernement français a présenté ce 12 juin son nouveau plan contre la pollution plastique qui vise à redonner de l'élan à l'industrie du réemploi et du recyclage alors que le retard de la France sur les objectifs européens lui coûte 1,6 milliard d'euros par an.

L'Europe a fixé un objectif de recyclage du plastique de 50% en 2025 et 55% en 2030, mais "la France n'est actuellement qu'à 26% et ce taux progresse trop lentement"(+1% en moyenne chaque année), a expliqué le ministère de la Transition écologique ce 12 juin en présentant son "plan plastique 2025-2030"en marge du sommet de l'ONU sur les océans à Nice. Résultat, "la France doit chaque année verser à l'Europe plus de 1,6 milliard d'euros pour les 1,9 million de tonnes d'emballages plastiques non recyclés", souligne le ministère.

Pour y remédier, l'Etat entend montrer l'exemple : il "mettra fin à l'achat de bouteilles et d'emballage pour boisson contenant du plastique d'ici 2026". Quant à la stratégie engagée en 2022 pour réduire, réemployer et recycler les emballages à usage unique, elle est en cours de révision et "ses ambitions seront renforcées" dans un décret fin 2025, écrit le ministère.

Ce décret devrait définir le lancement d'une consigne des bouteilles plastique, réclamée par le président Emmanuel Macron et encore ce 11 juin par Citeo, l'éco-organisme qui gère la collecte et le tri des ordures ménagères en France, mais vivement contestée par les collectivités locales qui financent les centres de tri (lire notre article).

Le nouveau plan prévoit notamment "un dispositif de réemploi mutualisé pour les emballages alimentaires en grandes surfaces "à partir de 2026, sur la base d'expérimentations en cours dans l'Ouest et le Nord de la France, et "un soutien financier", non chiffré, pour "l'innovation et le développement d'emballages réemployables".

Il vise aussi à "l'instauration d'une prime à l'incorporation de plastiques recyclés dans les produits", un "mécanisme de bonus/malus" pour réduire le coût des emballages recyclables, et d'autres aides pour "développer l'industrie du recyclage et créer des emplois".

Ces aides seront financées "à partir de l'éco-contribution prélevée" sur les produits mis sur le marché, a précisé le ministère. Cette éco-contribution, qui représente 1,6 milliard d'euros par an, a financé en priorité jusqu'ici la collecte et le tri mais, depuis la loi Agec sur l'économie circulaire, "on renforce l'attribution des moyens au réemploi et au recyclage" et "c'est l'objet du plan que de poursuivre ce mouvement", a-t-il ajouté.

Enfin, la France demandera à Bruxelles une "évolution du droit européen" pour soumettre les produits importés" aux mêmes exigences environnementales".

Ces mesures laissent les ONG sur leur faim. "Derrière un discours qui se veut ambitieux", Zero Waste France "regrette" un plan manquant d'ambition et d'opérationnalité, puisqu'il ne comprend ni objectifs concrets, ni calendrier, ni budget". De son côté, la Surfrider Foundation critique un plan "trop centré sur le recyclage", et qui "passe à côté de l’essentiel : la réduction à la source". "Les leviers d’action sont largement centrés sur le citoyen — information, tri, nettoyage — quand les producteurs et metteurs en marché de plastique, véritables responsables de la production massive de déchets, restent peu contraints", déplore l'association.

 

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