"Fausse consigne" des bouteilles en plastique : le vrai retour ?
Alors que la France accueille à Nice le sommet de l'ONU sur l'Océan (Unoc), qui débat des mesures à prendre pour lutter contre la pollution plastique, Emmanuel Macron a jugé "absolument clé" de relancer le chantier de la consigne de la bouteille plastique. Un dispositif envisagé par le passé, reporté sine die en 2023 mais toujours vilipendé par les collectivités qui financent les centres de tri des déchets (lire notre article). Cette mesure "ne résout rien puisqu'en fait, la plupart des plastiques ne sont pas des bouteilles et les bouteilles sont les emballages plastiques les mieux recyclés", a estimé Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce, qui représente la "totalité des collectivités compétentes en matière de déchets", en marge d'un colloque sur ce thème organisé ce 11 juin à Paris par l'association. Estimant qu'il s'agit d'une "fausse consigne", car elle vise à recycler le plastique, contrairement à la consigne du verre qui vise à réemployer les contenants, Nicolas Garnier y voit une "opération de greenwashing" des vendeurs d'eaux et de boissons en bouteilles. "Ce lobby n'a pas pour objectif de vendre moins de bouteilles plastiques. S'ils ont développé ce concept, c'est pour en vendre plus", a-t-il déclaré.
Soulignant les "investissements colossaux" des collectivités "pour moderniser" leurs centres de tri et "simplifier le geste de tri, il a assuré que "les élus locaux sont capables aussi d'aller dans la rue quand on met en péril un service public de proximité comme la gestion des déchets". Les collectivités pourraient également "se poser la question de maintenir ou pas les collectes sélectives en France", mission dévolue selon lui aux éco-organismes, les collectivités n'étant "qu'une forme d'opérateur ou de partenaire".
Troisième option envisagée, "un recours juridique en responsabilité de l'État par rapport à cette situation", car Amorce considère que l'État "n'a pas su imposer le respect des objectifs environnementaux ces 20 dernières années aux éco-organismes". Si le chef de l'État soutient la démarche, "il n'y a pas de convergence de vues entre les différents ministères qu'on a vus sur cette question, puisque plusieurs nous ont clairement dit qu'ils n'étaient pas favorables", a indiqué Nicolas Garnier.