Plus de 350 collectivités ont rejoint la coalition des villes et régions côtières

Trois mois après son lancement à Nice, la coalition des villes et régions côtières face à l’augmentation du niveau des mers se met en place, avec un programme chargé pour les trois prochaines années. De nombreuses sources de financement sont créées pour les projets des collectitvités.

"C’est une étape décisive pour la mobilisation des territoires littoraux face à l’augmentation du niveau de la mer et l’érosion du trait de côte." À l’occasion d’un webinaire organisé le 25 septembre par la délégation pour les collectivités territoriales et la société civile du Quai d’Orsay, Agnès Rampal, adjointe au maire de Nice, déléguée à l’Euro-Méditerranée, a salué les avancées de la coalition internationale des villes et régions côtières lancée le 7 juin dans le cadre de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc 3), à Nice sous l'égide de la France et du Costa Rica (voir notre article). Un événement auquel plus de 200 maires du littoral ont participé, dont Latoya Cantrell de la Nouvelle-Orléans (États-Unis) qui, il y a vingt ans, était dévastée par l’ouragan Katrina (présence d'autant plus remarquée que l'Unoc 3 était boycottée par les autorités américaines), ou encore ceux du Cap (Afrique du Sud) et de Valparaiso (Chili). Cette coalition baptisée "Ocean Rise & Coastal Resilience" a vocation à réunir les villes et régions côtières, aujourd'hui en première ligne face à l'élévation du niveau des mers, l’érosion du trait de côte et autres impacts liés au changement climatique. Quelque 350 collectivités l'ont rejointe (Marseille vient de déposer sa candidature) et il va falloir "élargir rapidement le réseau", souligne Agnès Rampal. Sa gouvernance est "clairement établie", indique-t-elle : elle est hébergée par le Global Center for Climate Mobility (GCCM) de l’ONU, le secrétariat général est à New York et le secrétariat opérationnel à Nice. Son président n'est autre que Christian Estrosi, le maire de la ville, et Latoya Cantrell en est vice-présidente.

Feuille de route 2025-2028

Selon les projections du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), rappelées par l’élue niçoise, la montée des eaux pourrait atteindre 1 mètre à la fin du XXIe siècle. Plus d’un milliard d’habitants sur la planète sont concernés. "On est dans une situation d’urgence absolue (…), il est nécessaire d’avoir une meilleure coordination aux niveaux local, national et international", affirme l’élue qui appelle à présent à transformer les engagements pris au mois de juin "en actions tangibles".

Le programme 2025-2028 de la coalition repose sur cinq grands piliers : mobilisation des élus, coopération entre les institutions scientifiques et les gouvernements locaux, renforcement des compétences des gouvernements locaux grâce à des formations, des échanges, des programmes partenariaux, accès aux financements et plaidoyer pour porter la voix des collectivités littorales dans les négociations internationales.

De nombreux appels à projets

L'un des enjeux sera, selon Agnès Rampal, de "renforcer l'accès à des données fiables, localisées et traduites, car beaucoup de territoires manquent encore totalement d'outils pour mesurer, surveiller et anticiper le recul du trait de côte". De nombreuses initiatives sont déjà dans les tuyaux notamment pour développer des systèmes d’information, de cartographie ou d’alertes précoces. Un appel à projets a été lancé par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour renforcer la "résilience côtière face au changement climatique", avec des subventions allant de 50.000 euros à 3 millions d’euros. Et des cofinancements de l’ESA pouvant de 50 à 80% des coûts totaux.

Le Centre national d’études spatiales (Cnes) a lancé pour sa part l’"Alliance Space4Oceans" afin de proposer des outils stallitaires au service des territoires. La Commission européenne aussi se mobilise avec une enveloppe de 45 millions d’euros dans le cadre d'une nouvelle mission du programme Horizon Europe intitulée "Restore our Oceans and Water" : les villes, les régions et les petites îles recevront un tiers de l'enveloppe chacun. 

Le GCCM ouvre une ligne de 5 millions d’euros au sein du fonds d’adaptation au climat pour les collectivités (C-CAF), avec des subventions allant de 15.000 à 100.000 euros. Le gouvernement français va lancer un appel à projet sur l'Aménagement durable du littoral d’un million d’euros pour 2026. Enfin, une "université de la mer" va être créée.

Un prochain sommet au Maroc

"La coalition aura cette richesse de pouvoir se nourrir de ce que font beaucoup de territoires différents", des mégalopoles (comme Rio, Jakarta ou la Nouvelle-Orléans) à des îles de petite taille, se réjouit Théophile Bongarts Lebbe, responsable du pôle adaptation côtière au sein de la plateforme Océan & Climat (POC). Une instance qui réunit élus, ONG et scientifiques et porte un plaidoyer sur ces questions dans les instances internationales comme les COP climat. C’est elle qui avait posé les jalons de la coalition avec le programme Sea'ties lancé lors du One Ocean Summit organisé à Brest en 2022. Selon Théophile Bongarts Lebbe, certains sujets vont devoir être "approfondis" : le problème des assurances face à la multiplication des crises, la protection des infrastructures portuaires, les questions de gouvernance, de justice sociale ou les solutions techniques. 

Rendez-vous est déjà pris avec un second sommet prévu au Maroc en 2026.

 

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