Risques climatiques : l'Europe doit faire plus pour éviter des conséquences "catastrophiques"

L'Europe pourrait être confrontée à des situations "catastrophiques" si elle ne prend pas la mesure des risques climatiques qu'elle encourt et dont beaucoup sont déjà à un niveau critique, a prévenu ce 11 mars l'Agence européenne de l'environnement (AEE) dans une étude inédite.

"La chaleur extrême, la sécheresse, les incendies de forêt et les inondations que nous avons connus ces dernières années en Europe vont s'aggraver, y compris dans les scénarios optimistes du réchauffement climatique, et affecteront les conditions de vie sur tout le continent", a écrit l'Agence européenne de l'environnement (AEE) dans un communiqué présentant ce 11 mars son premier rapport sur l'évaluation des risques climatiques en Europe. "Ces événements représentent la nouvelle norme", a insisté la directrice de l'AEE, Leena Ylä-Mononen lors d'un point presse. "Ils doivent être aussi un coup de semonce." Si pour l'AEE, les zones les plus exposées sont le sud de l'Europe et les régions côtières à faible altitude, l'Europe du Nord n'est toutefois pas épargnée, a souligné l'institution, comme en témoignent les récentes inondations en Allemagne ou les feux de forêt en Suède.

36 risques majeurs répertoriés

L'étude répertorie 36 risques climatiques majeurs pour l'Europe dans cinq grands domaines (écosystèmes, alimentation, santé, infrastructures, économie et finance). Plus de la moitié de ces risques exigent selon elle une action "intensifiée et immédiate" et huit d’entre eux sont "particulièrement urgents", principalement "pour préserver les écosystèmes, protéger les personnes de la chaleur, protéger les personnes et les infrastructures des inondations et des incendies et garantir la viabilité des mécanismes de solidarité européens, tels que le fonds de solidarité de l’UE".
Les risques liés aux écosystèmes, principalement marins et côtiers, sont particulièrement préoccupants. Les effets combinés des vagues de chaleur marine, de l'acidification et de l'appauvrissement en oxygène des mers et d'autres facteurs anthropiques (pollution, pêche...) menacent ainsi le fonctionnement des écosystèmes marins, a relevé le rapport. "Il peut en résulter une perte substantielle de la biodiversité, y compris des événements de mortalité massive", ajoute-t-il.
Dans le domaine alimentaire, les risques liés à la chaleur et à la sécheresse qui pèsent sur la production végétale ont déjà atteint un niveau critique dans le sud de l’Europe, mais les pays d’Europe centrale sont eux aussi menacés, note l'étude. "Plus précisément, les sécheresses prolongées qui touchent de vastes zones constituent une menace importante pour la production végétale, la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau potable, poursuit-elle. Une solution consisterait à adopter une transition, même partielle, des protéines d’origine animale vers des protéines d’origine végétale cultivées de manière durable. Cela réduirait la consommation d’eau dans l’agriculture et la dépendance envers les importations d’aliments pour animaux."

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Risques pour la santé humaine et les infrastructures

La chaleur est considérée comme "le facteur de risque climatique le plus grave et le plus urgent pour la santé humaine", les groupes de population les plus à risque étant les personnes travaillant en extérieur qui sont exposées à une chaleur extrême, les personnes âgées et les celles vivant dans des logements mal conçus, "dans des zones à fort effet d’îlot thermique urbain ou avec un accès inadéquat à un dispositif de refroidissement", relève le rapport.
Les phénomènes météorologiques plus fréquents et extrêmes augmentent aussi les risques pour l’environnement bâti et les services essentiels en Europe, y compris l’énergie, l’eau et les transports. "Si les risques d’inondations côtières ont été relativement bien gérés en Europe, l’élévation du niveau de la mer et les variations dans les tempêtes peuvent avoir des effets dévastateurs sur les personnes, les infrastructures et les activités économiques", souligne-t-il. "Dans le sud de l’Europe, la chaleur et la sécheresse font peser des risques importants sur la production, la transmission et la demande d’énergie, poursuit-il. Les immeubles d’habitation doivent également être adaptés à la chaleur croissante."

Inquiétudes sur la viabilité du fonds de solidarité de l'UE

L'étude souligne aussi les nombreux risques liés au climat pesant sur l'économie et le système financier européens. "Par exemple, les phénomènes climatiques extrêmes peuvent augmenter les primes d’assurance, menacer les actifs et les prêts hypothécaires ainsi qu’accroître les dépenses publiques et le coût des crédits", développe-t-elle, alors que la viabilité du fonds de solidarité de l’UE se trouve déjà "gravement menacée à la suite des inondations et incendies coûteux survenus ces dernières années". "L’aggravation des effets climatiques peut également creuser les écarts entre les assurances privées et rendre les ménages à faibles revenus plus vulnérables", prévient-elle.
Pour l'AEE, la priorité est que les gouvernements et les populations européens reconnaissent unanimement les risques et acceptent de faire plus, plus vite. "Nous devons faire plus, avoir des politiques plus fortes", a insisté Leena Ylä-Mononen. L'agence a toutefois reconnu les "progrès considérables" réalisés "dans la compréhension des risques climatiques (...) et dans la préparation à ces risques".

 

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