Sébastien Lecornu : accès aux soins et décentralisation au menu de ses premières prises de parole

Le nouveau Premier ministre s'est exprimé ce weekend sur deux sujets intéressant de près les collectivités. Lors d'un déplacement samedi en Saône-et-Loire notamment consacré à l'accès aux soins, il a annoncé sa volonté de mettre sur pied d'ici 2027 un réseau de 5.000 maisons "France Santé" accessibles en 30 minutes. Le tout en s'appuyant sur les démarches des acteurs locaux. Dans la foulée, au fil d'un entretien accordé à la presse quotidienne régionale, il a dit vouloir ouvrir des consultations "dès la semaine prochaine" en vue d'"un grand acte de décentralisation, de clarification et de liberté locale".

Le Premier ministre Sébastien Lecornu va ouvrir des consultations "dès la semaine prochaine" en vue d'"un grand acte de décentralisation, de clarification et de liberté locale", a-t-il annoncé ce samedi 13 septembre dans un entretien publié dans la soirée par plusieurs journaux régionaux, dont Ouest-France, Sud-Ouest ou La Provence. "Il faut que l'on définisse ce qu'on attend de l'Etat, au moment où les attentes seront de plus en plus fortes notamment sur le régalien", a-t-il déclaré en ajoutant que ces changements auraient dû être engagés après le Grand débat qui avait suivi la crise des gilets jaunes (débat dont il avait été l'un deux co-animateurs, notamment pour les réunions en région avec les maires - voir notre article du 9 septembre lié à sa nomination). "Il faut se réorganiser pour être plus efficace", a-t-il ajouté, n'écartant pas en outre la fusion ou fermeture d'agences gouvernementales (déjà en partie mise sur les rails par son prédécesseur) : "Ce sera à étudier au cas par cas, sans jamais tomber dans la critique facile de nos fonctionnaires qui font un travail remarquable".

On relèvera au passage la publication ce même samedi de l'arrêté de nomination de Stanislas Bourron en tant que "chef du pôle intérieur et territoires" au cabinet de Sébastien Lecornu, sachant que l'ancien directeur de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) occupait déjà cette même fonction depuis juin dernier au cabinet de François Bayrou. Le signe d'une certaine continuité à prévoir sur ces sujets d'organisation territoriale ?

Trouver "d'autres sources de financement"

Parmi les autres points évidemment très vite repérés dans cette première interview à la PQR : l'annonce du retrait de la proposition très critiquée de suppression de deux jours fériés prévue par son prédécesseur. Il a assuré miser sur "le dialogue avec les partenaires sociaux" pour trouver "d'autres sources de financement" que cet abandon de deux jours fériés (qui, selon François Bayrou, devait rapporter 4,2 milliards d'euros dans le budget 2026). Sébastien Lecornu a également coupé court aux spéculations sur une réouverture du conclave entre syndicats et patronats sur les retraites.

Pour faire passer le budget à l'Assemblée nationale, c'est semble-t-il vers la gauche qu'il se tourne. "Je veux une discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau avec le PS, les Ecologistes et le Parti communiste", a-t-il souhaité. Tonalité différente lorsque le Premier ministre évoque le Rassemblement national : "Si vous me demandez s'il faut passer un accord politique avec le RN, la réponse est évidemment non. En revanche, refuser de discuter à l'Assemblée avec des députés élus par un tiers des Français, ça n'aurait aucun sens".

Il s'est par ailleurs dit prêt à travailler sur des "questions de justice fiscale", tout en appelant à faire "attention au patrimoine professionnel, car c'est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance".

Après France Services, France Santé

Également ce 13 septembre, à l'occasion d'un premier déplacement en région, à Mâcon (Saône-et-Loire), Sébastien Lecornu a fait part de sa volonté de bâtir un réseau de maisons "France Santé", qui permettra de proposer à tous les Français "une offre de soins de proximité par bassin de vie a minima, et donc probablement quelque chose autour de 30 minites de chez eux".

Il espère que 5.000 maisons "France Santé" seront sur pied en 2027, conçues sur le modèle des maisons "France Services".  Le nouveau chef de gouvernement, qui n'a pas chiffré le coût de cette mesure, veut piloter lui-même ce projet qu'il considère comme une "grande priorité nationale". Il n'a pas non plus précisé dans quelle mesure il s'agira de s'appuyer sur l'existant et donc en quelque sorte de labelliser et dupliquer des structures existantes que sont les centres de santé et les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), qui correspondent d'ailleurs à deux modèles différents. Il a en revanche déclaré que "opposer médecine salariée et médecine libérale n'aurait aucun sens".

S'exprimant en présence de la presse après un long échange avec des soignants d'un centre de santé départemental de Saône-et-Loire, il a insisté sur le fait que sur un sujet comme celui-ci, on ne peut "pas attendre 2027" et l'élection présidentielle. Certes, "on ne part pas de nulle part", a-t-il souligné, estimant que la suppression du numerus clausus et numerus apertus "va produire ses effets" et que le plan lancé par François Bayrou (voir notre article d'avril) "va commencer à se mettre en place". Mais il y a "un problème de vitesse".

"Faire confiance aux acteurs locaux"

L'ancien président de l'Eure a cité en exemple "le projet du président de la Saône-et-Loire", André Accary, qui a "créé un réseau de maisons de santé", "plutôt contre l'Etat" dans la mesure où "pendant des années, l'initiative était illégale, le département n'avait pas le droit de le faire". L'occasion pour le Premier ministre d'évoquer là aussi des enjeux de décentralisation : "Au fond on n'arrive pas à faire confiance au local. On est encore trop dans une logique où l'Etat s'en occupe, les collectivités territoriales prennent des initiatives... Il y a encore trop de cuisiniers dans la cuisine et on ne sait pas trop comment ça fonctionne". Aujourd'hui, "l'État sera au rendez-vous, en faisant confiance aux acteurs locaux et en accompagnant leurs démarches créatives, comme ici à Mâcon, en Saône-et-Loire", a-t-il ensuite redit sur X.

Il a rappelé qu'au fil du Grand débat post-gilets jaunes était apprau "un sentiment d'abandon du rural qui était absolument épouvantable". Du rural et des quartiers politique de la ville. Notamment du fait de l'éloignement des services au public. D'où à l'époque l'idée de France Services, pour "repartir de la proximité". "On nous avait dit que ça ne marcherait jamais, or on a réussi" s'est-t-il fécilité, tout en évoquant son intention de procéder à quelques réglages sur certains territoires.

Prônant une "approche pragmatique" pour ces maisons France Santé, Sébastien Lecornu compte "ouvrir des discussions avec les associations d'élus" et prévoit qu'il "faudra que les ARS et les CPAM travaillent un peu différemment".

Il a fait savoir qu'au-delà de cette question de l'accès aux soins, les ministres ou ex-ministres qui l'accompagnaient, à savoir Catherine Vautrin et Yannick Neuder, avaient profité de ce déplacement pour également aborder des questions liée à la "coordination entre offre de soins et médico-social", au handicap, à l'autonomie des personnes âgées, à l'ASE, à la PMI, au lien entre médecine de ville et hôpital.

 

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