Services d'incendie et de secours : les syndicats tirent la sonnette d'alarme

Dans un communiqué commun, les organisations syndicales représentatives des personnels des services d'incendie et de secours dénoncent "une sécurité civile à l'abandon" alors qu'ils jugent "la réalité sur le terrain alarmante". Il y a peu, une enquête réalisée par Relyens mettait en exergue "une hausse des arrêts de longue durée" dans les Sdis.

Rien de moins qu'une "sécurité civile à l'abandon". C'est ce que décrivent, dans un communiqué commun au vitriol publié ce 28 octobre, les organisations syndicales représentatives des personnels des services d'incendie et de secours. "Depuis la formation du nouveau gouvernement, la sécurité civile semble tout simplement rayée de la carte", jugent-ils. Ils arguent que "lors de la présentation de la feuille de route du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez devant la commission des Lois [de l'Assemblée nationale, le 21 octobre dernier], la sécurité civile n'a été évoquée que par deux parlementaires. Deux questions auxquelles le ministre de l'Intérieur n'a pas été en mesure de répondre".

En attendant le Beauvau

"Le Beauvau de la sécurité devait marquer un tournant. À ce jour, il n'a été qu'un inventaire d'intentions sans lendemain", dénoncent-ils encore, réclamant "un calendrier précis et contraignant pour la mise en œuvre des mesures annoncées". Clos début septembre par François-Noël Buffet, ce "Beauvau" devait effectivement déboucher sur la présentation d'un projet de loi alors annoncé "à l'automne" (lire notre article du 5 septembre). Un calendrier qui semble toutefois plus que jamais compromis compte tenu de l'évolution du contexte politique. Et ce, bien que l'on sache le modèle de la sécurité civile "à bout de souffle" tant l'expression a été reprise par différents rapports et ministres ces dernières années.

"Réalité alarmante"

"Sur le terrain, la réalité est alarmante : les effectifs s'épuisent, les matériels sont vieillissants, les casernes manquent de moyens et les collectivités locales sont à bout de souffle", insistent les syndicats, sans crainte d'être contredits. Il y a peu, le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises, Julien Marion, dans l'avant-propos d'une étude réalisée par le groupe mutualiste Relyens*, mettait lui-même en exergue "un contexte marqué par la hausse des arrêts de longue durée" dans les Sdis (mais une baisse de leur fréquence). Et d'indiquer que "ces absences prolongées trouvent souvent leurs origines dans des facteurs bien identifiés : l'avancée en âge des effectifs [en 2023, l'âge moyen d'un sapeur-pompier professionnel était de 43 ans], les contraintes physiques et psychologiques des métiers du secours, mais aussi le climat social et les dynamiques de renouvellement générationnel".

Maintien et retour à l'emploi, un "enjeu majeur"

Dans le détail, l'étude relève que la durée moyenne des arrêts s'établit à 45 jours chez les sapeurs-pompiers (70% des accidents donnant lieu à un arrêt inférieur à 30 jours, et 50% à un arrêt inférieur à 15 jours), en hausse "de 5% sur 5 ans". Une tendance qui fait du maintien et du retour à l'emploi "un enjeu majeur pour les services", soulignent les auteurs de l'étude.

Cette dernière enseigne que la majorité (64%) des accidents surviennent en caserne (l'activité physique étant alors en cause dans deux tiers des cas), les accidents sur site d'intervention représentant 30% des cas et les accidents de trajet et de circulation 5% des cas. 

 

* élaborée à partir des accidents déclarés en 2024 par 49 Sdis, représentant plus de 55.000 sapeurs-pompiers et personnels administratifs.

 

 

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