Retraite des sapeurs-pompiers volontaires : un cadeau en trompe-l’œil ?

Matignon a confirmé, ce vendredi 10 octobre, "la mise en œuvre, en 2026, de l’attribution de trimestres supplémentaires pour la retraite des sapeurs-pompiers volontaires", alors que s'achevait le 131e congrès des pompiers au Mans. Une annonce qui vise surtout à "calmer les esprits", estime le jeune Syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France pour qui le diable se niche dans les détails.

Après plus de deux ans d’attente, le décret portant sur la bonification retraite des sapeurs-pompiers volontaires n’a toujours pas été publié. Mais, alors que se tient le 131e congrès des sapeurs-pompiers au Mans, le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a voulu faire un geste. Dans un communiqué du vendredi 10 octobre, son cabinet "confirme la mise en œuvre, en 2026, de l’attribution de trimestres supplémentaires pour la retraite des sapeurs-pompiers volontaires". Il s’agit, rappelle-t-il, de répondre à l’engagement pris par le président de la République en 2021 (lors du 127e congrès des pompiers). Engagement qui s’était traduit à l’article 24 la loi n° 2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale, contenant la fameuse "réforme des retraites", objet des dernières tractations avec la gauche pour la constitution d’un nouveau gouvernement. C'est un "engagement fort envers celles et ceux qui se mobilisent, chaque jour, pour la sécurité des Français", se félicite Matignon, même si cette promesse demeure très hypothétique, tant que le décret d’application n’a pas été publié. Dans un courrier adressé fin septembre à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Jean-Paul Bosland, demandait instamment sa parution.  Seul texte de la réforme des retraites en attente, "son aboutissement ne saurait dès lors être différé au-delà du prochain Congrès national début octobre", exhortait-il. Bruno Ménard, secrétaire général du jeune Syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France, qui entretient des relations tendues avec la puissante FNSPF (Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France), relève que "Sébastien Lecornu engage la responsabilité d’un gouvernement dont il ne sera plus à la tête". Créé en mai 2024 pour répondre au "ras-le-bol" des volontaires, il revendique 10.000 adhérents.

Une durée de quinze ans de service qui ne correspond pas à la loi

Mais l’absence de publication de décret n’est pas le seul irritant aux yeux du syndicat. C'est le détail du communiqué qui pose problème. Concrètement, "les sapeurs-pompiers volontaires ayant accompli au moins 15 années de service bénéficieront ainsi d’un trimestre supplémentaire de retraite", y est-il exposé. "Au-delà, un trimestre additionnel sera accordé tous les cinq ans d’engagement supplémentaire, dans la limite de trois trimestres au total.  Ces trimestres viendront s’ajouter à ceux acquis dans le cadre de leur activité professionnelle". Et c’est là que le bât blesse. Car l’article 24 de la loi de 2023 évoque une durée de dix ans d'engagement et non de quinze. "Le premier ministre ne peut pas prendre un décret d’application différent de la loi, il s'expose à une plainte pour abus d’autorité", prévient le syndicat. A moins que la réforme des retraites ne soit abrogée, comme le demande la gauche.

"Ce communiqué vise à calmer les esprits, estime Bruno Ménard. On tire de plus en plus sur la corde, les sapeurs-pompiers volontaires effectuent de plus en plus de gardes et d'astreintes, on nous professionnalise alors que nous travaillons à côté." "Aujourd'hui, l'esprit du volontariat est totalement détourné", affirme-t-il.

 

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