Tourisme - Tourisme international : la France se fait rattraper par ses concurrents

Les chiffres font l'effet d'une douche froide. Alors que le gouvernement - et plus particulièrement le ministre des Affaires étrangères - fait du tourisme international une priorité économique stratégique, l'Alliance 46-2 publie une note qui montre, au contraire, que la situation de la France ne cesse de se dégrader.
L'Alliance 46-2 regroupe 21 grandes entreprises leaders dans le secteur du tourisme et les activités connexes (Accor, Aéroports de Paris, Club Méditerranée, Euro Disney, Groupe Pierre & Vacances, SNCF, Viparis, Galeries Lafayette, mais aussi la Caisse des Dépôts).

La croissance la plus faible parmi les dix premières destinations

La conclusion de la note est très simple : "Sur les dix dernières années, la croissance des arrivées de touristes étrangers en France a été la plus faible parmi les dix premières destinations touristiques mondiales." Les chiffres sont sans appel. Entre 2005 et 2014, le nombre d'arrivées de touristes internationaux en France est passé de 75 à 84,7 millions, soit une progression de 13%. Dans le même temps, les arrivées de touristes internationaux aux Etats-Unis - seconde destination touristique mondiale - ont progressé de 52%, passant de 49,2 à 74,8 millions. En Espagne - troisième destination mondiale - la progression est de 17%. Viennent ensuite, par ordre décroissant de fréquentation internationale, la Chine (+55%), l'Italie (+32%), la Turquie (+67%), le Royaume-Uni (+18%), l'Allemagne (+53%), la Russie (+49%) et la Thaïlande (+109%). Traduction : la France s'est endormie sur ses lauriers de première destination touristique mondiale et se fait tailler des croupières par ses concurrents.
La note de l'Alliance 46-2 enfonce le clou en observant que "cette faible performance ne peut s'expliquer par un 'effet de base'". Avec ses +13% en dix ans, la performance de la France est en effet nettement inférieure à tous les agrégats. La progression des arrivées internationales entre 2005 et 2014 a en effet été de 34% dans l'ensemble du monde, de 25% en Europe, de 18% dans l'Europe à 28, de 28% sur les dix premières destinations mondiales (France comprise) et de 29% sur les vingt premières destinations mondiales (idem).

La dégradation s'accélère

Pire : cette sous-performance de la France en matière de tourisme international a tendance à s'accentuer. La différence de performance entre la France et ses concurrents s'est ainsi accentuée en 2013. Entre 2012 et 2013, la nombre d'arrivées internationales en France a progressé de 1,9%, contre +4,8% dans le monde, +4,9% en Europe, +4,2% dans l'Europe à 28, +4,2% sur les dix premières destinations et +4,3% sur les vingt premières.
La note s'achève sur un chiffre encore plus pessimiste : celui des arrivées internationales de touristes au premier semestre 2014. La "progression" de la France est de... 0%. Dans le même temps, les autres agrégats poursuivent leur croissance : +4,7% sur le monde, +4% en Europe, +5,1% dans l'Europe à 28...
Il y aurait donc péril en la demeure. Si les tendances ne s'inversent pas, la France pourrait perdre rapidement sa place de première destination touristique mondiale. Non pas au profit de la Chine, comme on l'a longtemps cru, mais au profit des Etats-Unis, qui progressent encore de 7,1% au premier semestre 2014, même si la hausse du dollar pourrait ralentir la cadence.
Seul bémol : article 49-3 ou pas, la note de l'Alliance 46-2 confirme l'urgence des mesures prévues par le projet de loi Macron sur les ouvertures le dimanche et en soirée dans les zones touristiques internationales...

 

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