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Un fonds d'urgence pour soutenir l'aide alimentaire, dispositif renforcé pour les sans-abri

Sur l'aide alimentaire, le plan d'urgence annoncé ce 23 avril comprend une aide de 25 millions d'euros destinés aux associations d'aide alimentaire et une enveloppe de 14 millions d'euros destinée à financer une aide directe d'urgence pour certains "territoires en souffrance", qui prendra la forme inédite de chèques alimentaires distribués par les CCAS.

Christelle Dubos et Julien Denormandie ont annoncé, à l'occasion d'une visioconférence de presse ce jeudi, la création d'un fonds d'urgence pour l'aide alimentaire. Ce fonds comprend un soutien aux associations, mais aussi, fait exceptionnel, une aide directe à certains territoires particulièrement fragilisés, sous la forme de chèques alimentaires. A l'occasion de cette visioconférence, Julien Denormandie a également fait le point sur les dispositifs en faveur des sans-abri, qui montent régulièrement en puissance.

La crise sanitaire complique le travail des associations d'aide alimentaire

Dans son intervention, la secrétaire d'État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé a insisté sur le "maintien impératif" de l'aide alimentaire. L'enjeu est effet vital, puisque 5,5 millions de personnes y ont recours, de manière ponctuelle ou plus régulière. Or la crise sanitaire complique considérablement le travail des associations : indisponibilité de certains bénévoles habituels, contraintes liées aux règles sanitaires (par exemple la distribution de paniers repas au lieu de repas communs sur site), difficultés logistiques et, surtout, hausse sensible de la demande de la part de familles fragilisées entre autres par la fermeture des cantines et la disparition de certains petits boulots.

L'appel à la mobilisation a toutefois permis de pallier le manque de bénévoles, puisque 240.000 volontaires se sont inscrits sur le site gouvernemental "Je veux aider" (dont la vocation est toutefois plus large que la seule aide alimentaire). Par ailleurs, dans le contexte de crise sanitaire, le gouvernement a chargé les préfets, il y a trois semaines, de coordonner l'aide alimentaire dans leur département (voir notre article ci-dessous du 2 avril 2020). Des actions ont également déjà été mises en œuvre pour récupérer des surplus alimentaires auprès des cantines et restaurants universitaires fermés ou même directement auprès des agriculteurs. Les deux ministres ont d'ailleurs souligné, de façon appuyée, le "travail fabuleux" des collectivités, des CCAS et des associations.

Près de 40 millions d'euros pour le plan d'urgence et le retour des chèques alimentaires

Le "plan d'urgence", présenté le 23 avril, va plus loin. Il est doté d'une enveloppe de 39 millions d'euros, un montant qui représente le tiers de dotation annuelle courante attribuée par l'État aux acteurs de l'aide alimentaire. Le plan d'urgence comprend deux composantes. La première, dotée de 25 millions d'euros, est destinée aux associations d'aide alimentaire. Elle doit les aider à financer des achats directs d'aliments – les collectes étant rendues plus difficile par le confinement – et à faire face aux dépenses supplémentaires engendrées par le contexte de crise sanitaire.

La seconde composante, dotée de 14 millions d'euros, témoigne de l'ampleur de la crise sanitaire et des défis sociaux qu'elle engendre. Elle est en effet destinée à financer une aide directe d'urgence pour certains "territoires en souffrance" en matière d'aide alimentaire : région parisienne, agglomérations de Lyon et de Marseille, départements d'outre-mer... Cette aide prendra la forme inédite de chèques alimentaires (jusqu'à 105 euros par foyer), qui seront distribués par les CCAS. Christelle Dubos a indiqué que ce dispositif s'inspire de celui des chèques services, mis en place par le ministère de la Ville et du Logement à destination des sans-abri (voir notre article ci-dessous du 1er avril 2020).

Environ 2,9 millions de chèques alimentaires devraient être ainsi distribués, dont les premiers devraient arriver dès le 24 avril. Une enveloppe spécifique de 4 millions d'euros est prévue pour les territoires particulièrement fragiles de Guyane, Mayotte et Saint-Martin. Elle s'ajoute aux dispositifs déjà mis en œuvre ou annoncés dans les DOM, comme le versement direct aux familles de la prestation d'aide à la restauration scolaire, normalement versée aux cantines (voir notre article ci-dessous du 22 avril 2020).

177.000 personnes mises à l'abri, soit l'équivalent de Saint-Etienne

Pour sa part, Julien Denormandie n'a pas annoncé de mesures nouvelles, mais a resitué le plan d'urgence pour l'aide alimentaire dans l'ensemble plus large des mesures en faveur des plus fragiles. Le ministre de la Ville et du Logement a également donné les derniers chiffres sur le dispositif de prise en charge des personnes sans abri. Il a insisté sur le fait que "la réponse à la crise du covid-19 est sanitaire, économique, mais aussi sociale". Bien que la France ait la chance de disposer d'un système de protection sociale très avancé, l'ampleur de la crise sanitaire a révélé l'existence de "certaines failles" ou de personne isolées qui restent en grande difficulté malgré les dispositifs de droit commun.

Face à ce constat, la réponse d'ensemble comporte trois volets. Le premier consiste à mettre à l'abri les plus fragiles. Sur ce point, Julien Denormandie a rappelé que l'action a été engagée dès la mise en place du confinement. A ce jour, plus de 17.000 places d'hébergement supplémentaires ont été ouvertes pour les personnes sans abri, dont 10.600 chambres d'hôtels réquisitionnées ou mises à disposition dans le cadre de partenariats avec des chaînes hôtelières. Au 22 avril au soir, 177.000 personnes étaient ainsi mises à l'abri, soit l'équivalent de la population d'une ville comme Saint-Etienne. Le ministre du Logement a également indiqué que 88 sites dédiés à l'accueil de personnes en très grande précarité atteintes du covid-19, mais ne nécessitant pas d'hospitalisation, étaient désormais opérationnels.

Le second volet consiste à "permettre à chacun de vivre dignement". Il s'appuie sur plusieurs dispositifs, dont le plus important est sans conteste l'aide exceptionnelle de solidarité, qui doit bénéficier aux allocataires du RSA, de l'ASS (allocation spécifique de solidarité) et des bénéficiaires de l'APL avec enfants (voir notre article ci-dessous du 15 avril 2020). D'autres dispositifs ont également été évoqués, comme le fonds de 10 millions d'euros pour favoriser la continuité éducative des publics fragiles en période de confinement. Les deux ministres sont restés en revanche assez évasifs sur l'aide aux étudiants en difficulté, tout en indiquant que "les travaux se poursuivent" pour répondre à la demande du chef de l'État dans son adresse aux Français du 13 avril. Christelle Dubos a d'ailleurs précisé que le gouvernement travaillait à une aide plus large visant, au-delà des seuls étudiants, l'ensemble des 18-25 ans en difficulté. Enfin, la troisième composante concerne l'aide alimentaire avec, donc, l'annonce du plan d'urgence.

 

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