Une boîte à outils pour l'environnement en Alsace

Créé en 2000 par le conseil général du Haut-Rhin, le Gerplan (Plan de gestion de l’espace rural et périurbain) est destiné aux communautés de communes qui souhaitent concilier des enjeux environnementaux, paysagers et agricoles dans la gestion de leur territoire. L'objectif est que les élus des collectivités décident eux-mêmes des actions à mettre en œuvre en associant tous les acteurs de la gestion de l'espace. Dès le début, en plus des intercommunalités et leurs communes membres, la démarche a rassemblé les différents acteurs concernés : conseil général, conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement du Haut-Rhin (CAUE 68), chambre d’agriculture, et partenaires locaux (associations, pêcheurs, agriculteurs, maisons de la nature). Le département finance les projets en moyenne à 40%.

Le Gerplan, trois étapes suivies d’un partenariat de trois ans

La démarche se décompose en trois étapes. En premier lieu, un diagnostic fait la synthèse de trois études distinctes : une étude écologique et paysagère réalisée par un bureau d'étude, une étude agricole réalisée par la chambre d’agriculture recensant les exploitations agricoles et vérifiant leur viabilité, enfin une étude hydraulique menée par le département sur les risques d’érosion et d’inondation sur le territoire. La seconde étape consiste en l’élaboration d’un programme d'actions avec les échéances et les acteurs impliqués tant au niveau technique que financier, ainsi que les secteurs concernés présentés sous forme d’une cartographie au 1/5000e, également diffusée sur le site www.infogeo68.fr du département du Haut-Rhin. Enfin, la mise en œuvre de ce plan d’actions est actée sur la base d’un partenariat de trois ans passé entre le conseil général et les différentes collectivités concernées. Entre 2000 et 2010, 27 structures intercommunales se sont engagées dans la démarche Gerplan, et à travers elles près de 347 communes. Ces actions de gestion de l'espace ont pris des formes très diverses : maintien et plantation de vergers périurbains, enfouissement de câbles électriques dans les villages, requalification paysagère et écologique de zones industrielles, mise en place de mesures agroenvironnementales, développement des circuits courts, restauration de murets de pierre sèche, etc.

L’exemple de la communauté de communes de la Vallée de Kaysersberg

Entre 2006 et 2009, la communauté de communes de la Vallée de Kaysersberg (10 communes, 18.000 habitants) a réalisé quarante actions financées dans le cadre du Gerplan pour un montant d’investissement de 2 millions d’euros. Ces projets ont été subventionnés par le conseil général à hauteur de 40 à 50%. Sur le total, 1 million a été consacré à la réalisation d’une plate-forme bois-énergie utilisant la biomasse, les autres projets portaient sur des domaines d’activité très divers intéressant les particuliers et/ou les élus communaux. Parmi ces réalisations, peuvent être cités à titre d’exemples : la réalisation d’un guide conseil pour bien habiter, construire ou rénover dans la vallée de Kaysersberg (www.cc-kaysersberg.fr/vivre/conseils-construction-renovation-habitat.htm), la construction d’une centrale solaire, la création d’un marché paysan pour un soutien aux circuits courts agricoles, la réhabilitation de cours d’eau et renaturation de sites dégradés, la définition et la mise en œuvre de pratiques écologiques sur le golf public d’Ammerschwihr, la diffusion de variétés locales anciennes de fruitiers, la mise en place expérimentale d’un système de covoiturage.

Le secret de la réussite : connaitre son territoire et mobiliser ses habitants

Pour Yannick Gérig, chargé de mission environnement et animateur Gerplan à la communauté de communes de la Vallée de Kaysersberg, il est essentiel d’abord de bien comprendre au préalable le fonctionnement et l’évolution du territoire. "Par ailleurs, l’enjeu est de réussir à maintenir une dynamique constante afin de mobiliser au mieux les acteurs concernés. C’est pourquoi, le maître-mot de la réussite d’une telle démarche, c’est la mobilisation de tous à tout moment. Pour cela, il faut mettre en place un réel processus de concertation. Durant les phases d’étude d’un projet, le fait par exemple de réaliser des actions de préfiguration permet de maintenir l’envie de participer."

Xavier Toutain / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info