Vers un coup de pouce aux retraites des mères employées dans le public
Dans le cadre des débats sur le budget, le gouvernement présentera une mesure favorable aux retraites des femmes en activité dans le secteur public et ayant au moins un enfant. Il proposera aussi un allongement de la durée du congé pathologique lors des grossesses. Le ministre David Amiel en a fait l'annonce lors d'une réunion du conseil commun de la fonction publique qui s'est tenue le 6 novembre.
© Hugues Thibault/ Conseil commun de la fonction publique du 6 novembre 2025
Présidant pour la première fois une réunion de l'instance de dialogue social, David Amiel n'est pas venu les mains vides. Il a informé les représentants des syndicats et employeurs publics de son intention de soutenir deux propositions dans le cadre du débat parlementaire sur le budget. Des initiatives qui se placent dans la droite ligne des ouvertures pratiquées ces dernières semaines par le Premier ministre, dans l'optique d'obtenir le vote du projet de budget.
Une première mesure concerne les femmes mères d'un ou plusieurs enfants. Pour le calcul de leur pension, la naissance d'un enfant né avant 2004 leur permet de bénéficier de quatre trimestres "en durée d'assurance, mais aussi en durée de services", décrypte l'Unsa fonction publique dans un communiqué. Mais avec "la loi Fillon de 2003", la naissance d'un enfant ne donne plus droit qu'à "deux trimestres en durée d'assurance", depuis le 1er janvier 2004. L'amendement que le gouvernement déposera au projet de loi de financement de la sécurité sociale 2026, prévoira de prendre en compte l'un des deux trimestres de bonification en durée de services également. "Il y aurait ainsi un trimestre de majoration et un trimestre de majoration et de services", résume le syndicat. Ce geste conduirait à une "augmentation de 2% du montant des pensions en moyenne", selon le ministre cité par l'AFP.
Femmes enceintes : le congé pathologique allongé
Il s'agit d'une "réponse positive", s'est réjouie la secrétaire générale de la CFDT fonction publique, Mylène Jacquot, dont l'organisation a soutenu depuis 2023 des mesures pour "améliorer les montants des pensions des femmes, et particulièrement des mères qui étaient pénalisées". "Ça nous calque sur le secteur privé, c'est plutôt une avancée, mais ça reste insuffisant", a estimé Christian Grolier, secrétaire général de Force ouvrière fonction publique. De même, Luc Farré, secrétaire général de l'Unsa fonction publique, a considéré que le gouvernement ne répond qu'"en partie" aux revendications du syndicat.
Le ministre a aussi annoncé son intention d'étendre la durée du congé pathologique pour les femmes enceintes de la fonction publique. Actuellement de deux semaines, il passerait à trois semaines. Ce congé pathologique pourrait être pris à n'importe quel moment de la grossesse.
"C'est mieux que rien, mais se contenter d'ajouter une semaine ne règle pas la baisse de l'indemnisation, notamment pour les femmes qui ont des grossesses difficiles", a réagi Christian Grolier. Une allusion à la réforme qui, au 1er mars 2025, a fait passer l'indemnisation des congés maladie ordinaire des agents publics de 100% à 90% de la rémunération. L'amélioration envisagée par le gouvernement doit donner lieu au dépôt d'un amendement au projet de budget pour 2026.
Garanties pour les agents aidant un proche en fin de vie
Interrogé sur les deux mesures, le 6 novembre par France 2, David Amiel a déclaré : "Ma priorité, c'est d'améliorer la vie quotidienne des personnes qu'on a applaudies aux fenêtres il y a cinq ans. "
Au cours de la séance, le CCFP a par ailleurs examiné un projet de décret portant diverses dispositions relatives au congé de solidarité familiale et au congé d’adoption. Le texte "instaure une garantie de retour dans l’emploi d’origine" à l’issue d’un congé de solidarité familiale – un dispositif, qui, pour rappel, permet de réduire ou de cesser son activité professionnelle pour accompagner un proche en fin de vie - et "précise les conditions de réaffectation en cas de suppression ou de transformation de l’emploi d’origine", indique le ministère de la Fonction publique. Le texte ouvre également "de nouveaux droits pour les agents adoptants", notamment "un allongement des délais de prise du congé d’adoption et la possibilité de le fractionner", afin de "mieux adapter les congés aux réalités des familles".
En marge de la séance, sept organisations syndicales sur huit ont signé un accord de méthode fixant les modalités de négociation d’un futur accord en faveur de l’égalité professionnelle entre femmes et hommes dans les trois versants publics. FO Fonction publique a été le seul syndicat à refuser de le signer.