750.000 personnes âgées en situation de "mort sociale"

Quelque 750.000 seniors, en situation de "mort sociale", ne rencontrent jamais ou quasiment jamais personne. La solitude extrême des personnes âgées a augmenté de 150% en huit ans, a alerté mardi 30 septembre l'association Les Petits Frères des pauvres.

Ces personnes - 4% des 18 millions de plus de 60 ans - n'ont aucun contact avec de la famille, des amis, le voisinage ou des associations, selon une étude CSA réalisée en avril 2025 par l'association qui, tous les quatre ans depuis 2017, mesure leur isolement en prenant en compte ces quatre cercles de sociabilité. Leur nombre a augmenté de 42% par rapport au précédent baromètre de 2021, année du Covid. En 2017, elles n'étaient "que" 300.000 dans cette situation.

Deux millions de seniors sont isolés des cercles familiaux et amicaux, un nombre qui a plus que doublé (+120%) depuis 2017, selon le baromètre. Le vieillissement de la population explique cette explosion, ainsi que la rupture des liens sociaux pendant la crise du Covid : les plus fragiles n'ont jamais retrouvé leurs habitudes d'avant, selon les Petits Frères des pauvres.

"Autour de 80 ans, avec le décès du conjoint, des amis et des voisins du même âge, les seniors sortent moins, car ils sont moins autonomes, ne conduisent plus", ajoute la responsable du pôle plaidoyer Isabelle Sénécal. 1,5 million de personnes âgées ne voient jamais ou quasiment jamais leurs enfants et petits-enfants, contre 470.000 en 2017, selon le baromètre. S'y ajoutent 3,2 millions de personnes sans enfants ou petits-enfants.

La baisse de la natalité pourrait aggraver cet isolement à l'avenir. "On a besoin de natalité pas seulement pour financer les retraites mais pour éviter l’isolement au grand âge, facteur de perte d'autonomie, de mal-être, voire de dépression. Car les premiers aidants sont la famille", plaide Isabelle Sénécal.

Le taux de suicide des 85-94 ans était de 35,2 pour 100.000 en 2022, deux fois plus élevé que la population générale.

1,1 million de personnes âgées n'ont quasiment pas de lien avec des amis et 2,7 avec leurs voisins au-delà d'un simple "bonjour-bonsoir", selon l'étude.

Être sans famille proche, ne pas utiliser internet, avoir des revenus faibles, être en perte d'autonomie sont des facteurs de risques menant à la "mort sociale", relève l'association.

"Une personne âgée sur deux ne sort pas de chez elle tous les jours. Surtout en milieu rural, où elles disposent moins de commerces, d'associations ou transports en commun", indique Isabelle Sénécal. "Aux déserts médicaux s'ajoutent de plus en plus des déserts commerciaux", note Yves Lasnier, président des Petits Frères des pauvres. Quant aux associations, elles réduisent leurs activités, faute de soutien financier, souligne-t-il.

 

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