Semaine bleue : lutter contre l’âgisme pour "franchir un cap" en matière d’accompagnement du vieillissement

Coordonnée par l’Uniopss avec 16 partenaires, la Semaine bleue, ou Semaine nationale des retraités et personnes âgées, donnera lieu à de nombreuses actions, du 6 au 12 octobre 2025, pour célébrer la place des personnes âgées dans notre société et l’entente entre les générations. Lors du lancement de la démarche, ce 1er octobre, le Conseil de l’âge a présenté ses propositions pour un plan de lutte contre l’âgisme, considérant que cet âgisme est l’explication de notre difficulté à "vraiment agir pour accompagner le vieillissement de la population".

"Vieillir : une force à partager !" est le slogan de la Semaine bleue 2025, qui se tiendra du 6 au 12 octobre partout en France. Lancée en 1951, déjà sous la coordination de l’Uniopss, la "journée nationale des vieillards" avait initialement pour but de "venir en aide aux vieillards nécessiteux" dans un contexte d’après-guerre où l’"on se souciait peu des conditions matérielles des personnes âgées", a raconté Alain Villez, président du comité national de la Semaine bleue, ce 1er octobre 2025 lors d’une conférence de presse au ministère des Solidarités. Avec la création du minimum vieillesse en 1956 puis le développement des retraites complémentaires et de différentes aides, la situation des personnes âgées s’est progressivement améliorée. La "journée des vieillards" a ainsi laissé la place dans les années 1970 à la "Semaine nationale des retraités et personnes âgées", davantage centrée sur la place des plus âgés dans la société.

1.200 actions recensées et six prix attribués 

Devenue "bleue" dans les années 1990, cette semaine est désormais "un temps fort de sensibilisation sur les enjeux du vieillissement de la population et les relations entre les générations", selon Alain Villez, qui relève que quatre générations et "bientôt cinq" sont amenées à cohabiter. "Ces vieillesses sont multiples", rappelle Daniel Goldberg, président de l’Uniopss, qui insiste sur "l’enjeu financier du secteur du grand âge", sur "l’urgence" pour les politiques publiques de "prendre la mesure" des enjeux du vieillissement et sur la nécessité de reconnaître pleinement le rôle social des personnes âgées.

La Semaine bleue est coordonnée par l’Uniopss, en lien avec un comité national qui regroupe 17 membres (dont le ministère en charge des personnes âgées, des associations, fondations, syndicats, organismes de protection sociale et de retraites, l’Union nationale des centres communaux d’action sociale ou encore le réseau Villes amies des aînés). Quelque 8.000 actions seraient organisées chaque année partout en France, dont plus de 1.200 sont recensées sur le site de la Semaine bleue. Attribués par le ministère des Solidarités, la Fondation de France, la Fédération Agirc-Arrco, l’Assurance retraite (Cnav) et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA), six prix sont en outre décernés à "des initiatives particulièrement remarquables ou novatrices pour valoriser le rôle des aînés ou permettre de créer des liens entre les générations". Parmi les lauréats de cette année : un atelier lecture, support d’échanges entre enfants et personnes âgées, organisé par la Maison des seniors de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). 

"Un or gris dans les territoires"

Le lancement de la Semaine bleue a été l’occasion pour le Conseil de l’âge du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) de dévoiler ses propositions pour un plan de lutte contre l’âgisme. Alors même que le Parlement a voté, dans la loi du 8 avril 2024 sur le bien vieillir, le principe d’une loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge, le "cap" n’est toujours pas franchi, on ne parvient pas à "vraiment agir pour accompagner ce vieillissement de la population", a souligné Jean-Philippe Vinquant, président du Conseil de l’âge. "L’explication de cette difficulté est liée à une forme d’âgisme de notre société. Elle a le vieillissement qui est décliniste et honteux. C’est un peu : ‘cacher ces rides et ces personnes âgées que l’on ne saurait trop voir dans la société ou dans les médias’", affirme-t-il. Or, "les tensions déjà existantes ne pourront que s’aviver si l’on ne fait rien", alerte le président de l’instance consultative, se référant à une étude d’opinion publiée en 2024. 

Les propositions du Conseil de l’âge s’articulent donc autour de quatre axes : mieux connaître et mesurer l’âgisme, transformer les représentations et les discours, renforcer la participation sociale, citoyenne et bénévole des seniors – notamment en multipliant les lieux et occasions d’interactions sociales entre générations, mais également par des politiques d’aller-vers et la levée de freins financiers à l’engagement – et adapter les politiques publiques à une société de la longévité. "Nous avons la conviction qu’il y a un or gris dans les territoires", affirme le président du Conseil de l’âge, soulignant le potentiel en termes d’emplois, d’innovations technologiques et numériques et d’aménagement de territoires délaissés par les jeunes actifs. 

Ces propositions de mesures "pas coûteuses" seraient d’ores et déjà intégrées dans la stratégie gouvernementale de lutte contre les maltraitances 2023-2027 – car "oui, l’âgisme produit des comportements inappropriés envers les personnes âgées", déplore Philippe Vinquant. Le Conseil de l’âge entend toutefois remettre officiellement au Premier ministre et aux ministres en charge ces recommandations, qui sont complétées par d’autres travaux sur la participation et la contribution des seniors (voir notre article) et sur des "éléments de guidance pour un lexique renouvelé de l’âge et des personnes âgées". Si "seniors", "personne âgée", "aîné" sont homologués, "retraité" et "vieux" sont "à utiliser avec attention" et "dépendant", "ancien" et "boomer" sont "à proscrire" car "stigmatisants"… sans parler de "vieillard" qui semble avoir disparu des radars. 

 

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