AESH : près de 50.000 enfants sur 352.000 élèves notifiés sans solution à la rentrée 2025
Près de 50.000 élèves en situation de handicap n'avaient pas d'accompagnant à la rentrée 2025, selon une information exclusive de nos confrères de France Inter recueillie auprès de la commission d'enquête sur les défaillances de prises en charge du handicap et de la santé mentale et publiée mardi 28 octobre 2025. La commission d'enquête, créée le 1er juillet 2025, vise à établir les défaillances des politiques publiques dans la prise en charge de la santé mentale et du handicap et en déterminer les causes. Jusqu'ici, il n'y avait pas de données officielles sur le nombre d'enfants sans solution d'accompagnement à chaque rentrée et voici que les députés de cette commission ont réussi à obtenir des chiffres inédits de la Direction générale de l'enseignement scolaire.
À la rentrée 2025, ce sont donc précisément 48.726 élèves qui étaient sans solution, sur 352.000 élèves notifiés pour un accompagnement avec un Accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), soit 14,20%.
En 2024, ils étaient 36.186, ce qui montre que le phénomène s'est encore accentué. Selon le député socialiste de Gironde Sébastien Saint-Pasteur, rapporteur de la commission d'enquête, ce défaut de transparence et la prise en charge défaillante, liée au manque de moyens, "bafoue le droit à l'éducation de ces enfants et pèse lourdement sur les familles, dont certains membres doivent parfois arrêter de travailler pour s'occuper de l'enfant".
Ces chiffres font directement écho aux constats de terrain portés depuis des années par l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) et le Collectif Handicaps. Ces derniers estiment que ce "n’est que la partie émergée de l'iceberg. Derrière, il y a des parcours interrompus, des familles fragilisées, des vies empêchées. Un mauvais accompagnement ne se traduit pas seulement par une perte de chances éducatives : il accentue la précarisation des familles et finit par coûter encore plus cher à la société", a réagit la 1ère vice-présidente de l’Unapei, Sonia Ahehéhinnou dans un communiqué du 28 octobre. Selon elle, "réussir le pari d'une société inclusive ne consiste pas à uniformiser les réponses, mais à les diversifier". L'association dit désormais attendre "des actions concrètes, construites à partir des réalités vécues par les personnes concernées, et inscrites dans une approche globale des parcours — pas dans une logique de réparation après coup".
Au cours de leurs travaux, les députés ont aussi relevé des disparités selon les départements. France Inter révèle ainsi que dans l'Oise, plus de 1.000 enfants en situation de handicap sont en attente d'accompagnant scolaire, soit sept fois plus que dans les Pyrénées-Atlantiques.
Pour mémoire, le ministre de l'Education nationale avait accordé sa première interview à France Inter mercredi 22 octobre. Interpellé sur le ralentissement des postes d'AESH - 1.200 recrutements sont prévus dans le PLF 2026 contre 2.000 l'an dernier, malgré un manque dans les classes - Édouard Geffray a admis que le gouvernement "a évidemment des contraintes budgétaires" mais aussi "des contraintes de vivier" et d'"attractivité" pour cette profession peu rémunérée. "Des sujets sur lesquels je vais me pencher au cours des prochains mois", avait-il promis.
La ministre déléguée chargée de l'autonomie et des personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, a été auditionnée mardi 28 octobre par cette commission d'enquête et le ministre de l'Éducation le sera jeudi 30 octobre.