Agriculture : Sébastien Lecornu défend une "concurrence équitable" en pleine finalisation de l'accord avec le Mercosur
Le Premier ministre a demandé mardi, lors de sa rencontre avec le commissaire Christophe Hansen, "une concurrence équitable entre les produits européens et les produits importés". Le même jour, un collectif d'une quarantaine d'organisations a appelé le président de la République à "bloquer la ratification de l'accord" de libre-échange avec le Mercosur.
© @SebLecornu/ Sébastien Lecornu et Christophe Hansen
"Les agriculteurs ne peuvent devenir la variable d’ajustement d’une concurrence accrue" : c’est le message que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a fait passer lors de son entretien, mardi 28 octobre, avec le commissaire à l’Agriculture et à l’Alimentation, Christophe Hansen. "La France demande donc à la Commission de présenter rapidement des propositions pour garantir que tout produit agricole, qu’il vienne d’Europe ou de l’extérieur, soit soumis aux mêmes règles", précise Matignon, dans un communiqué publié au lendemain de cette rencontre. "Il faut des règles justes et de bon sens pour garantir une concurrence équitable entre les produits européens et les produits importés", fait encore valoir le communiqué, listant les "nombreuses difficultés" auxquelles les agriculteurs sont confrontés : droits de douanes américains, inquiétudes sur les revenus, renouvellement des générations, concurrence déloyale... Une mise au point qui intervient au moment de la finalisation de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, même si ce dernier n’est pas cité nommément.
"Bloquer la ratification"
Le jour même de cette rencontre, un collectif d’une quarantaine d'organisations de la société civile a appelé, dans une lettre ouverte, le président de la République à revoir sa position et à "bloquer la ratification de l'accord". Le 23 octobre à Bruxelles, Emmanuel Macron avait estimé que l'amendement du texte proposé par la Commission européenne allait "dans le bon sens", tout en attendant encore "la finalisation de tout cela". Le 8 octobre, la Commission avait présenté le règlement du mécanisme de sauvegarde qu’elle entend mettre en place pour protéger les agriculteurs en cas de distorsion du marché (lire notre article), ralliant ainsi à sa cause Paris qui pendant des mois avait menacé de constituer une minorité de blocage (lire notre article). Pour ce collectif, "l’accord n’est toujours pas acceptable". "Rien ne saurait justifier ce brusque changement de position", insistent les signataires, parmi lesquels parmi lesquels les Amis de la Terre, la Ligue des droits de l'homme, France Nature Environnement, le Réseau Action Climat ou encore Terres de liens. Selon eux, "ni la clause de sauvegarde ni l’annexe sur le développement durable ne permettent de satisfaire les lignes rouges que la France avait fixées en 2020", à savoir la lutte contre la déforestation importée, le respect des normes sanitaires et environnementales, le respect des engagements de l’Accord de Paris.
Délibérations de collectivités
Au printemps 2025, le collectif Stop Ceta-Mercosur, qui soutient cette initiative, avait appelé les Français à interpeller leurs collectivités pour qu’elles votent des vœux contre cet accord. De l’Isère au Nord en passant par les Landes, plusieurs d’entre elles ont ainsi délibéré. C’est le cas de Vatilieu (Isère) qui, le 4 septembre, a voté une résolution demandant à l’exécutif de "s’opposer avec force à la ratification de cet accord" et de "tout mettre en œuvre, sur le plan diplomatique, pour constituer une minorité de blocage".
Après sa rencontre avec Christophe Hansen, le Premier ministre a adressé une lettre à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, "pour lui rappeler les exigences françaises". La position de Sébastien Lecornu porte aussi sur l'avenir de la politique agricole commune (PAC) mise à mal dans la proposition de cadre financier pluriannuel.