Aides sociales aux personnes âgées et handicapées : une dépense de 19 milliards d’euros pour les départements en 2023

Si les dépenses liées à l’aide à domicile ont davantage augmenté, les dépenses de soutien à l’accueil en établissement restent majoritaires pour les personnes handicapées, selon les dernières données publiées par la Drees. La dépense d’allocation personnalisée d’autonomie (APA) est à l’inverse plus élevée pour les personnes âgées vivant à domicile : 61% du total. Mais à l’APA en établissement, s’ajoute l’aide sociale à l’hébergement pour les plus modestes – une dépense qui diminue depuis 2011. 

Les départements ont dépensé 19,1 milliards d’euros en 2023 pour les aides aux personnes âgées et handicapées, c’est 5,8% de plus qu’en 2022 (et +0,9% en euros constants). La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux) a publié son panorama 2025 sur ces aides, qui compile les données disponibles sur les ressources des personnes, les dispositifs et aides ou encore les établissements et services.

Handicap : 3 milliards d’euros pour le soutien à domicile, 6 milliards pour l’accueil 

Les dépenses brutes départementales bénéficiant aux personnes handicapées se sont élevées à 10,3 milliards d’euros en 2023, en hausse de 6,1% en un an. En tout, 633.000 prestations ont été accordées en 2023, un nombre qui a été multiplié par 2,4 depuis 2005 du fait de la mise en place de la prestation de compensation du handicap (PCH) en 2006 mais aussi du développement des aides à l’accueil (concomitante au développement d’établissements et services médico-sociaux). 

Plus nombreuses (75% du total), les prestations d’aide à domicile ont davantage augmenté en 2023 que les aides à l’accueil. Le nombre de bénéficiaires de la PCH a augmenté de 6,5% en 2023 pour atteindre 407.000 personnes, ce qui correspond à une dépense de 3 milliards d’euros en hausse de 10,4%. Plusieurs explications sont mises en avant : l’amélioration de la prise en charge des handicaps psychiques ou cognitifs, la montée en charge de la PCH parentalité, la revalorisation du tarif plancher pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et l’impact en année pleine des revalorisations salariales des professionnels du domicile. 

Quant aux aides sociales à l’accueil en établissement ou chez un particulier, elles ont bénéficié à 161.000 personnes (+1,9% en un an) et représenté 5,8 milliards d’euros en 2023 (+3,8%). Ces aides à l’accueil représentent 63% des dépenses départementales d’aides sociales aux personnes handicapées. En effet, la dépense brute par bénéficiaire est en moyenne "cinq fois plus importante pour les aides à l’accueil que pour celles à domicile", 3.045 euros par mois contre 610 euros, relève la Drees. La tendance est toutefois à la baisse de la dépense d’accueil par bénéficiaire depuis 2010. 

Cette dépense varie par ailleurs "du simple au triple d’un département à l’autre" - un rapport de un à trois que l’on retrouve également concernant la dépense par bénéficiaire de la PCH. Les deux cartes représentant ces disparités illustrent les choix des départements – qui dépendent de l’offre territoriale d’établissements et services -, même si certains départements affichent une dépense faible ou au contraire importante dans les deux secteurs.   

Personnes âgées : un reste à charge faible à domicile, élevé en établissement 

Quant aux aides départementales aux personnes âgées, elles ont représenté une dépense de 8,9 milliards d’euros en 2023, en hausse de 5,4% en un an. Cela correspond à 1,5 million de prestations, dont 56% d’aides à domicile et 44% d’aides à l’accueil. L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) "représente plus de 91% des aides sociales aux personnes âgées", indique la Drees qui ajoute que les départements ont dépensé 7,1 milliards d’euros en 2023 pour l’APA. Fin 2023, six bénéficiaires sur dix de l’APA vivent à domicile, soit 816.000 personnes, un chiffre en hausse de 2,7% en un an. En établissement, 549.000 personnes âgées ont perçu l’APA (+1,2% par rapport à 2022). La dépense s’est élevée à 4,3 milliards d’euros pour l’APA à domicile et 2,7 milliards d’euros pour l’APA en établissement. La Drees ajoute que, parmi les bénéficiaires de l’APA, 57% sont "en perte d’autonomie sévère" (GIR 1 ou 2) parmi ceux qui sont accueillis en établissement, contre 20% de ceux qui vivent à domicile. 

"Le coût de la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées est largement couvert par des aides publiques", selon la Drees, qui estime que le reste à charge pour les bénéficiaires de l’APA à domicile était de 47 euros par mois en 2019 – un chiffre qui mériterait d’être actualisé. En établissement, à l’inverse, "les personnes âgées doivent s’acquitter de frais de séjour, qui représentent une part élevée de leurs revenus courants, voire les dépassent largement, même en tenant compte des différentes aides possibles". Fin 2023, 116.000 personnes âgées aux revenus modestes avaient ainsi bénéficié, en plus de l’APA, de l’aide sociale à l’hébergement (ASH) pour une dépense "nette des récupérations associées" de 1,2 milliard d’euros pour les départements. La Drees note que ces dépenses d’ASH "baissent tendanciellement" depuis 2011.

 

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